Les premiers pas d’une démarche durable

Vous êtes convaincu·e·s qu’entreprendre durablement est fait pour vous, mais vous ne savez pas par où commencer ? Voici une série d’étapes qui vous permettront de mettre la machine en marche. Ouvrez l’œil pour nos conseils distillés tout le long du processus et laissez-vous guider. 

Etape 1 : Mobilisez-vous  

Pour se lancer sur la voie de la durabilité ou opérer votre transition, il est recommandé de former une équipe.  

Si vous êtes seul dans votre entreprise (ou en très petit nombre), pas de panique! De nombreux accompagnements existent, qui vous permettront d’avancer tout en étant guidé et soutenu.  

Si votre entreprise est de plus grande taille, vous pourrez mettre en place une task force durabilité interne (aussi appelée comité de la durabilité, EcoTeam) qui sera idéalement constituée de membres issus des diverses unités opérationnelles et niveaux hiérarchiques que composent votre entreprise, afin de bénéficier de points de vue multiples sur les thématiques que vous aborderez. Une plus grande diversité dans les profils (origine, âge, situation de handicap, ...) favorisera l’émergence de solutions innovantes et acceptées par tout·e·s.  

Il n’est pas nécessaire que cet organe soit constitué d’experts sur la question de la durabilité, mais bien par des membres motivés et impliqués.  

Commencez par vous assurer que tou·te·s comprennent la raison d’être de cette équipe. Pour cela, aidez-vous de la section “Qu’est-ce qu’une entreprise en transition” de ce guide. 

Il est important que chacun·e puisse s’exprimer librement lors des réunions de cette task force et que la manière dont les décisions seront prises soit explicitée clairement, de même que les décisions elles-mêmes justifiées.  

Enfin, en-dehors de l’entreprise même, prendre contact avec des concurrents ou des entreprises voisines ou complémentaires peut s’avérer utile  : des solutions communes ou des synergies peuvent émerger de vos discussions (par exemple des achats groupés, du partage de matériel, etc) et être source d’opportunités de business.

Etape 2 : Réalisez un état des lieux 

La conception de votre modèle commercial durable ou l’intégration de la durabilité dans votre stratégie passera par la réalisation d’un état des lieux de votre projet. Dans cette optique, vous trouverez certainement utile de vous faire accompagner par des organismes extérieurs pour mettre en place votre démarche ou détecter des initiatives inspirantes. 

De nombreux acteurs sont là pour vous aider, notamment en Région Bruxelles-Capitale. Référez-vous à la setion "Etre accompagné·e" pour découvrir l’offre. 

Le scan de vos activités va vous permettre d’analyser votre impact sur différents plans :

• Le premier plan, celui auquel on pense directement, est celui de l’empreinte carbone. Pour la mesurer, il faut vous intéresser aux émissions de co², directes ou indirectes : énergie (chauffage, fabrication de produits et emballages …), bâtiment (urbanisation, matériaux, …), transport (acheminement des marchandises, personnel), numérique (stockage des données, fabrication des appareils, marketing, …), nourriture, traitement des eaux et des déchets, … 
• Concernant l’empreinte indirecte, les choix que vous opérez quant aux prestaires avec lesquels vous décidez de travailler doivent passer sous la loupe du scan : sur base de quels critères reposent vos procédures d’achats ? ces entreprises ont-elles une politique de développement durable ? sont-elles labelisées ? 
• La durabilité englobe d’autres aspects qu’uniquement l’environnement : l’impact social et la bonne gouvernance sont d’autres critères importants. 
  • Certaines entreprises vont se constituer dès le départ comme entreprises à finalité sociale, mais tout business peut avoir un impact social positif, en prêtant attention au sein de son entreprise à l’égalité des genres, la diversité et l’inclusion, la qualité de vie au travail, la formation continue des employés, la (re)mise à l’emploi de personnes en difficulté, l’accessibilité (prix adaptés au public, disponibilité de l’information) de l’offre de produits ou services, ou les retombées locales. 
  • Une gouvernance forte, c’est à dire tenant compte de toutes les parties prenantes, transparente, représentative et indépendante ne fera que renforcer votre impact positif sur la société en général. Les procédures et les pratiques en place dans le cadre de la politique sociale et de la gouvernance de l’entreprise devront être analysées. 

Encore une fois, pas de panique, vous n’êtes pas seul face à cette tâche !

Vous pouvez faire appel à un accompagnement, mais aussi utiliser les outils en ligne, qui vous aideront à faire l’exercice.

Les questionnaires de certains labels (Ecodyn, B Corp) peuvent aussi vraiment vous aider à faire une première analyse.

Etape 3 : (Re)Pensez votre stratégie de manière durable 

Vous (et votre équipe) avez maintenant une vue plus claire sur la situation dans laquelle se trouve votre entreprise d’un point de vue environnemental, social et gouvernance.  

Il est désormais temps de réfléchir à vos objectifs, à l’influence que vous souhaitez avoir au niveau sociétal et à votre stratégie pour y parvenir.  

• Commencez par votre vision d’entreprise : où souhaitez-vous être à moyen (5 ans) & long terme (10 ans) si vos objectifs sont atteints ? N’hésitez pas à rêver grand ! Votre vision doit être ambitieuse. Elle peut vous différentier de vos compétiteurs et vous aider à retenir vos talents au sein de votre entreprise. 
  Que vont obtenir vos clients s’ils optent pour vos solutions ? Soyez cohérent·e par rapport aux produits, services que vous allez proposer.  
  Cette vision peut être amenée à évoluer au cours du temps : nous ne savons pas de quoi sera fait l’avenir, quelles avancées technologiques viendront nous aider.
  Pour exemple, les autorités publiques fédérales se sont dotées d’une vision stratégique en matière de développement durable d’ici à 2050, consultable ici. 
• Pensez maintenant à votre mission : que faites-vous, pourquoi et pour qui ? Votre mission doit avoir un ancrage dans le présent. Elle vous permet de rendre votre vision réalisable et définira un standard auquel vous serez tenu·e de répondre. 
  Aidez-vous des Objectifs de Développement Durable pour rédiger votre vision et votre mission. Ils pourront vous permettre d’élargir votre champ de réflexion, de vous inscrire dans une démarche commune globale et plus tard de définir des indicateurs alignés avec les attentes des autorités publiques. 
  Ne vous limitez pas à votre produit ou votre service : songez aux parties prenantes de votre projet, à la communauté dans laquelle vous évoluez et comment améliorer leur qualité de vie. 
  A partir de là, établissez votre propre liste d’objectifs selon le principe SMART (spécifiques, mesurables, acceptables, réalistes, inscrits dans le temps). 
  Inspirez-vous de ce qui existe : consultez le site de la Shifting Economy pour connaître les objectifs et mesures de transition économique de la Région de Bruxelles-Capitale concernant votre secteur d’activité. Découvrez les nouveaux modèles économiques et tirez parti d’outils existants pour concevoir votre modèle économique de manière durable et circulaire. 

N'hésitez pas à faire appel à de l’accompagnement et, surtout, souvenez-vous que Rome ne s’est pas faite en un jour ! Mieux vaut un petit pas que pas de pas du tout. Ne restez pas bloqué face à l’ampleur de la tâche, identifiez les choses qui peuvent être mises en place rapidement et à moindre coût et commencez par cela ! C’est bon pour le moral, pour la planète et pour votre portefeuille !

Etape 4 : Balisez vos objectifs 

Il est temps de mettre en place des balises pour vous assurer que vous atteindrez les objectifs que vous vous êtes fixés.  

Pour cela, vous allez déterminer des indicateurs clés de performance (en anglais KPI). En plus des indicateurs financiers et économiques, définissez des indicateurs portant sur l’environnement, le social et la gouvernance. 

Faites-le en pensant à la manière dont vous allez pouvoir utiliser les données récoltées ; prendre du temps pour réaliser un rapport qui ne sera pas exploité peut être décourageant pour l’équipe.  De même, ne versez pas dans la sur-analyse au risque de finir avec un rapport indigeste et d’avoir occupé vos équipes au rapportage davantage qu’à la réalisation des actions. 

Utilisez des indicateurs qui permettent une comparaison dans le temps. 

Concevez votre système d’évaluation pour que votre rapportage soit analysé régulièrement. 

L’obtention d’un label, en plus d’être bientôt source de financement supplémentaire, est une occasion pour comparer les résultats de son entreprise vis-à-vis de la compétition et déceler d’’éventuelles menaces ou opportunités pour votre projet. Les labels B Corp (cité précédemment) ou Entreprise Ecodynamique sont deux labels étiquetés « exemplaires » par la Région.  Référez-vous à la partie “labélisation” du guide pour en apprendre plus à ce sujet. 

Enfin et surtout, gardez à l’esprit que le rapportage est un outil pour vous améliorer, pas un objectif en soi. Au moment de l’analyse, soyez transparent·e et critique envers vos résultats.  

Etape 5 : Passez à l’action 

N’attendez pas d’être un·e expert·e pour passer à l’action, lancez-vous ! 

Communiquez sur votre stratégie au sein de votre organisation et avec vos partenaires. 

Si cela est pertinent à la taille de votre organisation, pensez à organiser un évènement de lancement pour présenter votre plan stratégique. N’oubliez pas qu’il est important que l’information percole à tous les niveaux hiérarchiques : les décisionnaires (top manager) ne doivent pas être les seuls impliqués. Utilisez différents canaux de communication pour vous assurer d’atteindre un maximum votre public cible ainsi que permettre les retours de terrains (par exemple via une boîte à idée).

Et bien sûr n’hésitez pas à faire usage des différentes aides financières pour vous aider à implémenter vos actions ! 

Etape 6 : Célébrez et communiquez 

Après analyse de vos KPI, vous vous rendez compte que vous avez obtenu des résultats tangibles. Eh bien, il est grand temps d’en profiter ! Les efforts que vous et vos équipes avez fournis doivent être célébrés, à la fois en interne à votre organisation, mais aussi avec le monde extérieur. 

Vous l’avez surement deviné, cette communication autour de vos résultats devra être elle aussi durable.  Faire part de vos réussites à vos employés nourrit une culture d’entreprise durable. Toutefois, il ne s’agit pas uniquement d’informer, mais également de trouver la voie pour montrer aux individus que leur apport est essentiel et qu’ils ont raison de s’investir dans ce projet commun.  

La communication externe de vos résultats est tout autant nécessaire car le sujet de la durabilité doit être davantage mis en débat dans l’espace public et soutenu afin d’atteindre les objectifs sociétaux de durabilité. En tant qu’entreprise, vous avez le pouvoir d’inspirer vos utilisateurs.  
Les méthodes de communication peuvent elles aussi être analysées avec des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.  L’impact environnemental des canaux de diffusion choisis, que ce soit via du présentiel, des impressions, du digital ou de l’audiovisuel, doit être mesuré.  

Du côté social, il faudra porter particulièrement attention à l’inclusion par le choix des mots ou des illustrations, du support apporté à la compréhension (par exemple : sous-titres, audiodescription, taille de police adaptée) ou encore aux compétences numériques du public ciblé. 

En ce qui concerne la bonne gouvernance, soyez notamment attentif·ve au greenwashing : un cadre juridique régit les déclarations des entreprises pour s’assurer que leur communication sur leurs actes en faveur de l’environnement soit claire, spécifique, exacte, et soutenue par des preuves.  

Etape 7 : Et après… 

Être durable est un processus continu, un objectif à poursuivre chaque jour. Comme nous l’avons dit précédemment, le monde évolue et il est nécessaire de pouvoir s’adapter. 

A cette fin, il est recommandé de procéder à une veille informationnelle pour connaitre les dernières avancées, règles ou aides liées à la durabilité et de continuer à vous former ainsi que votre personnel pour monter en compétences et encrer profondément la durabilité dans votre culture d’entreprise. 

Si cela n’a pas déjà été réalisé, l’obtention d’un label qui prouvera votre caractère exemplaire est une démarche encouragée par la Région de Bruxelles-Capitale.