Au-delà d’un fantasme devenu réalité pour les particuliers, la réalité virtuelle se conçoit désormais comme un outil professionnel à part entière, transformant les habitudes et modes de travail dans de nombreux secteurs. Tour d’horizon des applications et possibilités dans le monde professionnel.
Cela fait déjà quelques années que l’on observe, dans les salons high-tech (CES, Mobile World Congress, IFA, etc), dans la publicité (Club Med 360, Coca Cola et son packaging VR, lancement de la nouvelle Peugeot 3008, etc) et dans la presse, un engouement croissant pour la réalité virtuelle. Pour rappel, cette technologie permet, grâce à un casque et ses accessoires sensoriels, d’avoir le sentiment d’être immerger dans un nouvel univers.
A l’heure actuelle, cette industrie, qui devrait peser plus de 80 milliards de dollars en 2025 (selon Goldman Sachs), se focalise essentiellement sur les besoins de ses précurseurs du secteur « Business to Consumer » (destiné au particulier) à savoir le jeu, le cinéma et le divertissement (parc d’attraction, concert de musique, voyage, télévision, etc). Mais on observe également un intérêt grandissant dans d’autres secteurs plus « Business to Business » (destiné aux entreprises) qui vont influencer notre manière de communiquer, d’observer, d’apprendre, de concevoir ou encore d’acheter.
Commençons par la récente annonce de Marc Zuckerberg, CEO de Facebook et propriétaire du fabricant de casque Oculus Rift. Lors de l’événement « Oculus Connect », il a annoncé l’arrivée prochaine d’une nouvelle plate-forme de communication qui permet à différents utilisateurs de discuter entre eux, via Facebook Messenger (grâce à des avatars aux expressions et aux mouvements réalistes), avec la possibilité d’ajouter des écrans à l’écran. Même si cela n’est pas encore lancé, en l’associant à Workplace, le nouveau réseau social pour les entreprises de Facebook, on peut imaginer le début d’une véritable révolution dans la communication professionnelle.
En tout cas, grâce à la société Altspace VR, on peut déjà de réaliser des « conférences call » à travers sa propre plateforme et des casques de réalité virtuelle (Oculus Rift, Samsung Gear ou HTC Vive).
A côté de la communication, la réalité virtuelle va aussi avoir des conséquences dans le marketing. Dans ce domaine, on peut envisager de nombreux cas de figures qui vont venir enrichir les études de marchés ou en optimiser ses coûts. Un exemple concret, qui vient de remporter l’or dans les trophées du marketing (compétition annuelle entre les décideurs marketing français), provient du cabinet d’étude Strategir pour la société Samsung Electronics France. Leur projet concernait le réaménagement de Samsung Experience Store de la Madeleine à Paris. Dans cette étude, 23 testeurs étaient invités, à l’aide d’un casque VR, à effectuer l'achat d'un smartphone dans 3 magasins différents. Les objectifs étaient d’identifier les forces et les faiblesses de la configuration actuelle de la boutique, de la présentation des produits et des vidéos de démonstration. Si on pense aux coûts gigantesques que certaines marques dépensent dans des magasins reconstitués (parfois en millions d’euros), la réalité virtuelle avec ses milliers d’euros de coût de développement est sans doute une solide alternative.
Autre exemple : Ford utilise l’immersion 3D en réalité virtuelle pour simuler ses modèles et visualiser l’habitacle par ordinateur, avant de passer à la fabrication du prototype. De quoi améliorer le produit si besoin et à moindre coût.
Un autre département où l’on va retrouver la réalité virtuelle est celui des ressources humaines. Dans ce domaine, ce sont les formations des professionnels qui vont être impactées. Même si les « Mooc » (formation en ligne ouverte à tous) et le « Blended learning » (enseignement mixte associant apprentissage en ligne et en classe) bousculent déjà fortement ce secteur, la réalité virtuelle va y ajouter de nouvelles perspectives. Les entreprises vont pouvoir former leurs équipes à l’apprentissage des procédures de sécurité/entrainement, à l’utilisation de machine, à la préparation d’exercices d’évacuation, ou encore réaliser des entretiens d’embauches. Et ce n’est plus de la fiction, de nombreux projets de VR learning existent déjà dans les universités ou dans le secteur professionnel. L’exemple le plus frappant est celui du géant français du transport gazier GRTgaz qui, à l’aide la société MiddleVR, a conçu une station de distribution de gaz virtuelle dans le but de former ses propres opérateurs. Son grand avantage est de pouvoir créer des scénarios de formation dans des environnements encore inexistants.
Passons à la vente, ou plutôt à l’aide à la décision, Ikea a lancé en avril 2016 une expérience pilote avec le casque HTC Valve qui aide les acheteurs à configurer leur future cuisine. La jeune startup bruxelloise Superlinks Labs propose même d’aller plus loin, en la concevant de A à Z : dimension de la cuisine, choix des couleurs, types des placards et même la luminosité de la pièce, etc. Bref, un outil idéal pour la co-création.
A travers ces quelques échantillons bien réels, on constate que la réalité virtuelle est en train d’inspirer certaines activités professionnelles et en bouleverser d’autres. Certes, la qualité du matériel (image, son, autonomie) doit encore être améliorée, les contenus enrichis et le prix abaissé. Mais vu les investissements gigantesques de cette industrie, d’ici 5 ans, ces quelques obstacles seront sans doute partiellement surmontés, ce qui permettrait de séduire encore plus d’utilisateurs professionnels.
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