Sophie Hofman, une jeune femme lumineuse, parle avec passion et détermination de Lilicast, son idée, son troisième bébé devenu un projet familial qui projette la radio de Papa dans le IIIe millénaire et en fait une actrice des réseaux sociaux.
Décrivez-nous votre parcours
Sophie Hofman: «Après une licence en sciences commerciales à l’ICHEC, je me suis orientée vers les ressources humaines en entreprise. Pendant une douzaine d’années, J’y ai occupé différents postes allant du recrutement au développement de carrière en passant par tout ce qui est ‘employer branding’, développement d’une marque sur le marché de l’emploi. Le poste de responsable du recrutement Benelux chez Nespresso a constitué la consécration de toutes mes expériences précédentes et m’a aussi permis de développer d’autres compétences en marketing ou en gestion de communauté pour le recrutement.
En fait, je suis issue d’une famille d’entrepreneurs et Arik Azoulay, mon mari, est lui aussi entrepreneur, à la tête d’une société spécialisée dans l’accompagnement de startups et des scale-ups. Chez nous, le dialogue est permanent et après la naissance de notre deuxième enfant, une évidence s’est imposée à moi: le moment était venu pour moi de me lancer en tant qu’entrepreneuse.
Parlez-nous de la gestation de votre concept
S.H.: Mon mari était déjà familier du monde de la radio, comme animateur puis administrateur, position idéale pour déceler les lacunes et les besoins de ce secteur. Un jour j’ai réalisé que les gens qui s’expriment à la radio, chroniqueurs réguliers comme invités, ne disposaient pas d’outils leur permettant de faire la promotion de leur passage sur antenne. D’autre part, le mode de consommation des media a énormément évolué ces dernières années. Aujourd’hui tout se passe sur les réseaux sociaux. Il est donc vraiment primordial pour les radios d’y être présentes, ce qui est coûteux notamment en termes de personnel. Or elles manquent souvent de moyens. L’idée de Lilicast était née!
Mon mari et moi avons décidé d’allier nos forces pour nous lancer car nous sommes très complémentaires, lui sur la gestion d’entreprise et le développement informatique, et moi pour tout le côté marketing, humain, gestion de communauté avec une grosse partie commerciale.
Concrètement ?
S.H.: Nous nous adressons à différents types de publics. Les radios d’abord que nous aidons à se positionner convenablement sur les réseaux sociaux et dont nous dopons le référencement sur le web.
Notre offre est très large et comprend par exemple une fonctionnalité collaborative permettant à différents animateurs de préparer simultanément une même émission au départ d’une plateforme commune, ou la génération instantanée sur un site mis à jour automatiquement de podcasts, éventuellement agrémentés d’informations fournies par les animateurs. Voilà qui est très utile à toutes ces radios ne publiant pas de podcasts sur leur site et ce qui améliore leur référencement. Elles jouissent ainsi d’un site Internet à jour avec du référencement ainsi que d’une présence sur les réseaux sociaux susceptible d’y développer leur audience.
Notre radio test, Radio Judaïca, après un peu plus d’un an d’utilisation de nos outils, a augmenté de 300% son nombre de followers sur Facebook, enregistre un taux d’écoute de ses podcasts très élevé et une augmentation appréciable du trafic sur son site sans devoir recruter de Community Manager.
Les chroniqueurs ensuite, qu’ils soient employés ou indépendants et qu’ils travaillent pour une ou plusieurs radios différentes. Tous ont besoin de développer leur notoriété, d’être utilement présents sur les réseaux sociaux. Nous leur fournissons les outils grâce auxquels ils peuvent conserver leurs passages sur antenne pour se réécouter et surtout pour teaser leurs chroniques sur les réseaux sociaux dans le cadre d’un cercle vertueux leur permettant de faire en même temps leur pub et celle de la radio. Pas question en effet de court-circuiter les radios, mais plutôt de les aider.
Quant aux invités conviés ponctuellement sur les ondes, leur passage sur antenne ne leur sert pas à grand-chose s’ils ne sont pas visibles là où il le faut. Aujourd’hui la tendance est à privilégier les réseaux sociaux plutôt que la radio. Grâce à Lilicast, il est possible de se faire entendre même par ceux qui n’étaient pas à l’écoute au moment de l’émission. Par rapport au podcast, nous offrons à l’utilisateur l’avantage de pouvoir extraire le meilleur moment de son intervention et de l’illustrer avec du texte ou des images afin de générer automatiquement une petite capsule vidéo prête à être mise sur les réseaux sociaux car la meilleure manière d’y communiquer ou en tout cas d’y partager de l’audio, c’est de le faire en vidéo !
Enfin, nous touchons aussi le monde des podcasters, ce qui nous permet de faire la promotion de nos podcasts sur les réseaux sociaux. Au final aujourd’hui beaucoup de marques utilisent le podcast comme un outil de communication. C’est très complémentaire aux newsletters conventionnelles.
Nous proposons différents plans avec différentes fonctionnalités selon l’usage: la gratuité pour les utilisations sporadiques, et différents tarifs d’abonnement pour les usages professionnels.
Comment s’est déroulé le processus de création de Lilicast ?
S.H.: Si la société n’a qu’une bonne année d’existence, cela fait deux ans déjà que le processus de recherche et développement sur différents outils qui nous ont amenés à Lilicast est enclenché. Certes, nous ne sommes ni l’un ni l’autre informaticiens mais nous fourmillons d’idées et nous sommes très complémentaires. Mon mari possède en effet de grandes connaissances en matière de technologies et est très curieux de ce monde. Il perçoit très vite ce qui est possible ou pas. Nous nous sommes en outre adjoints une équipe de plusieurs développeurs.
Avez-vous eu recours aux aides disponibles pour les nouveaux entrepreneurs ?
S.H.: Lorsque l’idée a germé, nous avons cherché à savoir si elle était potentiellement intéressante. Certains nous ont fait confiance rapidement, d’autres n’ont pas d’emblée compris le concept, un petit peu trop avant-gardiste pour eux. De notre côté, il nous a fallu faire maturer les choses. Nous avons mûri et le projet a mûri lui aussi. Nous n’avons pas encore fait appel aux aides de la Région, mais nous y songeons sur des sujets technologiques, d’exportation et de marketing. Nous avons tout de même été finaliste du concours RISE organisé par Innoviris. Il y a un an, j’ai eu la chance de pouvoir pitcher Lilicast lors de l’inauguration de Women in Tech. C’était une expérience vraiment intéressante qui m’a permis de faire de nombreuses rencontres, de susciter l’intérêt de la presse. Ce sont des moments encourageants !
Comment voyez-vous l’avenir de Lilicast ?
S.H.: Notre objectif est d’aller encore plus loin et nous avons des idées plein la tête pour l’évolution du produit. Notre leitmotiv est l’évolution continue, la recherche dans le but de faciliter la vie des gens, de les aider à développer leur notoriété.
Notre idée est totalement originale. Nulle part dans le monde nous n’avons de concurrent direct capable de proposer et l’enregistrement de la radio, et l’outil d’édition et la génération de vidéo. Nous, nous maîtrisons vraiment toute la chaîne au départ de la radio. Techniquement, nous pourrions nous attaquer à la télévision, mais ce n’est pas notre ambition. Nous voulons développer ce monde de la radio tellement riche, au contenu si authentique, si varié mais qui est malheureusement sous-représenté sur les réseaux sociaux.
Nous considérons comme notre mission de partager, diversifier l’information. Nous visons l’international le plus rapidement possible. On sait en effet que le premier à proposer un produit possède une longueur d’avance. Mais pour cela, il faut être vraiment prêt et on a encore quelques petits éléments à développer avant de se lancer.
Quels conseils donneriez-vous à un aspirant entrepreneur ?
S.H.: Culturellement, je trouve les Belges un peu trop frileux par rapport à leur notoriété. Ce n’est pas dans notre culture de nous mettre en avant alors qu’aux Etats-Unis, il est normal de se montrer, de d’afficher ses succès mais aussi ses échecs.
Il faut se faire confiance ! Quand on a une bonne idée, il faut y aller, il faut oser ! Et puis surtout, il faut vraiment très bien s’entourer de gens de confiance, bienveillants. Je pense que c’est le plus important. C’est le secret de la réussite ! Il faut aussi bien se connaître, savoir quelles sont ses vraies compétences, ses qualités et ses points faibles que l’on palliera grâce à ce bon entourage.
Interview rédigé par Catherine Aerts