Condamné à une mort prématurée par certains, encensé par ses partisans, le phénomène de réalité virtuelle semble n’être qu’à ses débuts. Quels bouleversements la réalité virtuelle (VR), la Réalité Augmentée (AR) ainsi que les techniques immersives engendrent-elles sur les acteurs de la filière « hospitality » ? Quels sont les bénéfices de cette technologie pour le touriste et pour le secteur ?
La réalité virtuelle, permet de plonger une personne dans un univers artificiel créé numériquement et offre d’innombrables possibilités au secteur de l’hospitality. Comment – grâce à la réalité virtuelle – enrichir l’expérience du visiteur quand il est à Bruxelles ? Comment lui faire partager des expériences, ré-enchanter sa visite et comment lui faire vivre une expérience en totale immersion, dont il se souviendra longtemps ?
Inspirer et séduire avec les techniques immersives
Dans l’industrie du Tourisme, la réalité virtuelle permet désormais d’améliorer la lisibilité d’un lieu et de visualiser une destination, une chambre d’hôtel ou un siège d’avion avant la réservation. Les chercheurs soulignent que la relation d’interaction entre le lieu touristique/culturel et son visiteur contribue à rendre l’expérience plus riche. Ainsi la réalité virtuelle et augmentée donnent l’occasion au visiteur d’expérimenter un site ou de se laisser séduire par une destination avant de s’y rendre.
Les agences de voyages se munissent de plus en plus souvent de dispositifs digitaux pour inspirer leurs clients et déclencher une réservation plus rapidement. Ainsi, les agences Thomas Cook en Belgique sont équipés de casques Oculus Rift avec lesquels les clients peuvent visiter virtuellement les facilités des hôtels comme si ils s’y trouvaient. Depuis 2016, les boutiques de Club Med offrent à leur clientèle une visite virtuelle à 360° des villages. Les agences Neckermann et Connections recourent aux lunettes VR pour transporter leurs clients dans des expériences qu’ils vont pouvoir vivre sur place.
On pourrait penser que la réalité virtuelle va concurrencer le Tourisme puisqu’elle permet d’expérimenter une destination en restant confortablement assis dans son sofa. Pourtant des études récentes démontrent que la VR permet d’explorer en avant-première une destination pour visionner un produit avant l’achat et se rendre compte si une visite y vaut vraiment la peine ! Par ailleurs, il est prouvé qu’un surplus d’informations sur une destination conduit à des attentes plus réalistes de la part du touriste et souvent une expérience touristique plus réussie.
Se divertir ou s’instruire en version 2.0
Le potentiel de la réalité virtuelle a largement dépassé les aspects de l’inspiration et de la promotion. Au niveau culturel, la VR peut améliorer l’accessibilité en permettant d’accéder à un endroit difficilement accessible d’une façon palpitante et d’interagir avec ce lieu. Elle donne accès aux personnes à mobilité réduite à des lieux culturels et touristiques et rend meilleure leur qualité de vie.
Par ailleurs, les musées doivent innover et évoluer pour ne pas perdre les jeunes générations (les « digital native ») et pour attirer un nouveau public.
La Bourse de Bruxelles accueille jusqu’au 6 janvier 2019 une exposition événement intitulée “Van Gogh, the immersive experience” où des projections en 3D donnent vie aux tableaux de l’artiste. L’objectif principal est de sensibiliser un public familial qui ne se rend habituellement pas aux musées. Le projet se veut comme une attraction dans laquelle l’expérience détient une place centrale. Ce type de projets hybrides, consistant à mélanger œuvre artistique et technologique, commence à affluer en Europe.
Dans l’Atelier des Lumières (Paris) l’exposition immersive sur les œuvres de Gustav Klimt ne présente aucun tableau ! Dans ce premier « centre d’art numérique », 140 projecteurs laser font éclater les chefs-d’œuvre du peintre dans toutes les directions, tel un ballet d’images. Contrairement à la vidéo où il est observateur, le visiteur peut ici interagir, se déplacer, manipuler des objets ou parler à des personnages. Les techniques immersives sont sources d’innovation pour co-créer une expérience culturelle améliorée. L’expérience immersive vécue ne remplace pas une visite au musée mais au contraire elle (re)donne envie d’apprécier les œuvres originales !
Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique MRBAB) ont été des pionniers pour briser les codes de la visite muséale classique et rendre l’expérience plus interactive et plus ludique, en incorporant la technologie ainsi que des initiatives virtuelles et digitales. L’innovation n’est finalement pas seulement dans la technologie, mais dans les nouvelles manières de l’utiliser.
La VR peut avoir un rôle éducationnel en facilitant la compréhension des faits. Ainsi depuis octobre, les musées de la ville de Bruxelles ont utilisé la réalité virtuelle pour immerger le visiteur dans la Grand-Place avant le bombardement de 1695. Comme dans une machine à remonter le temps, l’utilisateur peut observer les différentes maisons, vivre véritablement le bombardement et assister à la reconstruction des bâtiments pour enfin retrouver la réalité actuelle de la Grand-Place.
La réalité virtuelle va-t-elle supplanter les techniques traditionnelles d’apprentissage ? Il semble qu’au contraire, elle va les renforcer. Comme l’internet l’a fait. En restituant des lieux historiques à 360 degrés, elle aide le visiteur à mieux comprendre l’histoire et à découvrir ce qui s’y passait des siècles plus tôt. Et l’on retient mieux les choses quand on les a vécues virtuellement et qu’on a éprouvé des émotions.
« Effet gadget » ou véritable apport pour le secteur ?
Beaucoup de musées aujourd’hui s’orientent vers les technologies immersives pour se différencier et offrir à leur public une ‘ véritable expérience’. Le plus important pour éviter l’effet gadget est de permettre de créer un lien entre le visiteur et le contenu de l’exposition (médiation). Le visiteur doit jouer un rôle actif : il décide lui-même ce qu’il veut visualiser et où aller. C’est un des atouts les plus significatifs de la VR car on sait que la demande touristique s’oriente de plus en plus vers des expériences culturelles uniques, authentiques et mémorables. La technologie n’est pas là pour prendre la place de l’art, mais pour affûter le regard du visiteur.
Bruxelles , troisième communauté virtuelle en Europe
Le 20 septembre 2018, hospitality.brussels, le réseau bruxellois regroupant les acteurs du Tourisme, de l’Evénementiel et de la Culture a organisé un événement pour mettre en lumière différentes réalisations de VR afin de montrer comment la réalité virtuelle peut fleurir le tourisme dans la capitale.
Plusieurs entreprises bruxelloises dont Poolpio, One bonsai, Never Touch The Red button, Magic street… ont démontré leur expertise dans des domaines comme la VR, les hologrammes, les techniques immersives, les représentations sonores et ont proposé des démos très attrayantes au secteur bruxellois du Tourisme.
La VR peut donc constituer un soutien réel pour la filière Hospitality : il y a fort à penser que les acteurs du Tourisme et de la Culture verront cette technologie de plus en plus comme un outil d’engagement et de conversion pour leur produit ou service, une façon d’enrichir leur offre, avec un outil expressif et séduisant. Une véritable opportunité de se différencier de la concurrence, d’offrir à la clientèle le niveau de service qu’elle recherche et d’accroître leur avantage compétitif. Soyons donc curieux pour son futur !