Vous voulez démarrer une activité indépendante, mais vous n’êtes pas prêt à tout plaquer pour sauter dans l’inconnu ? Lancer son entreprise peut s’avérer risqué et le statut d’indépendant s’accompagne de certaines obligations qui demandent à l’entrepreneur d’avoir une rentabilité à court terme ou des économies pour laisser le temps à son activité de décoller. Mais différentes possibilités existent pour réduire les risques et maximiser les chances de succès de votre projet entrepreneurial. Cet article tente de brosser un aperçu des aides et mécanismes de soutien existants.
Bien sûr, une bonne préparation de votre projet sera l’un des éléments importants pour démarrer votre projet en limitant les risques, mais ce ne sera pas l’objet de cet article. Nous verrons ici comment adoucir la phase qui suit la préparation, c’est-à-dire le démarrage de vos activités. Certaines aides présentées dans cet article font déjà l’objet d’un article sur notre site. Nous verrons donc ici quels sont les avantages et inconvénients de chaque mécanisme, ainsi que les conditions d’accès et la possibilité de cumuler certains d’entre eux.
La prime pour indépendants
La prime pour indépendants est une prime dégressive de 4000€ versée en 6 tranches mensuelles successives après le début de votre activité. Cette prime s’adresse aux demandeurs d’emploi inoccupés (au moins 1 jour) résidant en région bruxelloise qui veulent se lancer en prenant un statut d’indépendant à titre principal. Pour en bénéficier, il faut prendre contact avec un organisme d’accompagnement agréé par la région qui s’assurera de la viabilité technique, financière et commerciale du projet. Il est donc important de s’y prendre à temps pour introduire une demande de prime.
Avantages
- Vous pouvez utiliser cet argent comme vous le souhaitez. De plus, vous ne devez pas rembourser la prime en cas d’arrêt de l’activité. En cas d’arrêt au cours des 6 premiers mois, vous ne toucherez pas les tranches restantes encore non délivrées.
- Cette prime est individuelle. Dans le cadre de la création de société, chacun des associés pourra donc prétendre à la prime s’il rentre dans les conditions. De même, si l’un des associés n’est pas éligible, cela n’a aucun impact sur la situation des autres associés.
- Vous bénéficiez d’un accompagnement gratuit auprès d’un organisme de soutien à l’entrepreneuriat agréé par la région. Cet accompagnement se poursuit jusqu’à ce que la prime soit entièrement versée.
Points d’attention et inconvénients
- La prime est considérée comme un revenu, c’est-à-dire qu’elle sera prise en compte dans le calcul de vos cotisations sociales et de l’impôt des personnes physiques.
- Il est important de respecter scrupuleusement les étapes administratives. Il faut entamer les démarches AVANT de prendre le statut d’indépendant, sous peine de ne rien toucher du tout.
- Lorsque vous passez sous statut d’indépendant à titre principal, vous perdez directement votre statut de demandeur d’emploi, et donc vos allocations de chômage si vous en touchiez. La demande de prime étant introduite après avoir pris le statut d’indépendant, vous aurez donc une courte période entre l’arrêt de vos allocations et la première tranche de la prime
- La prime est incompatible avec le plan tremplin (cf. point 2) et les coopératives d’activités (cf. point 3).
Pourquoi choisir la prime pour indépendants ?
La prime pour indépendants est intéressante pour les entrepreneurs qui ont bien préparé leur projet, connaissent leur marché et leur clientèle, savent qu’ils devraient générer un certain revenu rapidement et qui n’ont pas besoin d’un statut intermédiaire permettant de garder ses allocations de chômage. Dans certains cas, elle peut également être une option pour ceux qui ne rentrent pas dans les conditions tremplin ou coopératives d’activités.
C’est un bon coup de pouce pour quelqu’un qui démarre, sans être pour autant un argument de poids dans la création d’une entreprise. Cette solution permet à l’entrepreneur qui se lance une liberté qu’il n’aura pas en optant pour le tremplin (par exemple).
Le plan tremplin
Le plan tremplin permet aux chômeurs complets indemnisés de démarrer une activité indépendante tout en conservant leurs allocations de chômage pendant une période de 12 mois. Vous prenez donc un statut d’indépendant complémentaire à votre statut principal de demandeur d’emploi indemnisé. Le fait d’avoir deux statuts implique que vous devez vous conformer aux droits et obligations relatifs à ces deux statuts.
Avantages
- Vous conservez vos allocations de chômage (jusqu’à un certain point – voir détails dans la section suivante) tout en démarrant votre activité. Cela vous permet de tester votre marché en gardant les allocations de chômage comme filet de sécurité.
- Si votre activité ne fonctionne pas à la hauteur de vos espérances, vous pouvez lâcher votre statut d’indépendant complémentaire à tout moment (avant la fin de la période de 12 mois) et continuer à percevoir vos allocations de chômage comme prévu initialement.
Points d’attention et inconvénients
- Votre statut principal reste celui de chercheur d’emploi, vous êtes donc encore soumis aux obligations liées à ce statut, comme la recherche d’emploi.
- Certains secteurs d’activités sont exclus: les activités artistiques et celles qui devraient être exercées en tant que salarié (avoir un seul client avec qui il y aurait un lien de subordination – problématique du faux indépendant). Une activité qui ne vous laisse pas le temps de répondre aux obligations des chercheurs d’emploi sera aussi exclue par l’Onem.
- Un revenu net journalier de 16,70€ (au 01/12/2022) à ne pas dépasser a été fixé. Le montant journalier de votre allocation de chômage sera raboté du montant qui excède ces 16,70€. Ce revenu net journalier correspond à un peu plus de 5200€/an ou 430€/mois. Néanmoins, vos allocations de chômage seront versées durant toute l’année et le revenu net journalier sera calculé sur base de votre déclaration d’impôts. Tout dépassement devra alors être remboursé à ce moment. Il est donc important de tenir vos comptes à jour et de mettre de côté tout ce qui devra éventuellement être remboursé afin d’éviter les mauvaises surprises.
- Vous n’avez aucune obligation de vous faire suivre par un organisme d’accompagnement agréé. Mais vous pouvez vous faire accompagner. Si vous en sentez le besoin, n’hésitez pas à aller vers l’un de ces organismes, ils vous aideront à limiter les risques et vous aideront dans la préparation de votre projet.
- Seuls les chercheurs d’emploi touchant des allocations de chômage sont éligibles. Les bénéficiaires du CPAS, de la mutuelle ou d’autres allocations équivalentes sont exclus.
- Ce plan est incompatible avec la prime pour indépendants.
- Il est possible de cumuler plan tremplin et coopératives d’activités, mais pas simultanément. Ces deux opportunités doivent être prises à la suite l’une de l’autre.
Pourquoi choisir le plan tremplin ?
Le plan tremplin ne permet pas à l’entrepreneur d’avoir un revenu important. Il est donc intéressant pour quelqu’un qui se lance en sachant que cela prendra un peu de temps pour se trouver une clientèle/patientèle. Par exemple, quelqu’un qui travaille dans le paramédical et qui fait grandir sa patientèle via le bouche-à-oreille. Ce plan est également utile pour quelqu’un qui n’a aucune idée de son marché ou de sa clientèle. Néanmoins, dans ce cas, une étude de marché et une préparation de projet approfondie peuvent également jouer un rôle. Enfin, ce plan peut également servir l’entrepreneur qui a des frais professionnels élevés, ce qui lui permettra de faire baisser son revenu net.
Un coup de pouce pour lancer votre projet durable : la bourse Village Finance
Village Finance est un fonds de développement bruxellois qui soutient le développement économique urbain durable et équitable. Deux types de bourses sont proposés pour soutenir les projets : une bourse en économie circulaire et une bourse mobilité durable. Découvrez les infos pratiques et inspirez-vous des lauréats.
Les coopératives d’activités
Les coopératives d’activités permettent à un porteur de projet de tester la rentabilité économique de son projet sur le marché sans prendre statut d’indépendant. Après une première phase d’accompagnement individuel et collectif, il est possible d’entrer dans la phase de test qui s’étale sur une période de maximum 18 mois. Durant cette phase, l’entrepreneur facture via le numéro de TVA de la coopérative d’activités et reste accompagné durant tout le processus. Une fois son test terminé, le candidat-entrepreneur a le recul nécessaire pour choisir de prendre un statut d’indépendant ou non.
Si l’entrepreneur touche une allocation de remplacement via son statut principal (chômage, cpas,…), il peut conserver cette allocation durant toute la durée de son test.
Job Yourself est l’unique coopérative d’activités à Bruxelles. Elle s’adresse à un grand nombre de secteurs d’activités, et a une section spécifique dédiée aux métiers manuels (Baticrea). . Pour les métiers des secteurs du bien-être, de la coiffure et de l’esthétique, Job Yourself propose également un espace partagé pour tester son activité : Rcoop.
Avantages
- Le candidat-entrepreneur au chômage continue de percevoir ses allocations pendant tout le test avec un gel de la dégressivité au deuxième palier ;
- La gestion administrative et la comptabilité sont gérées par la coopérative d’activités.
- Le candidat-entrepreneur est accompagné par la structure tout au long du processus.
- Il est possible d’entrer dans la période de test sans avoir les compétences de gestion de base. Il faut alors s’engager à passer l’examen du jury central durant la période de test.
- Rcoop peut vous prêter l’accès à la profession si vous ne l’avez pas. Il est également possible de louer leur salon de beauté à la journée ou au mois pour y travailler.
- Cette mesure est compatible avec le plan tremplin, mais pas simultanément (si vous entrez dans les conditions de ce plan).
Points d’attention et inconvénients
- Certains projets ou secteurs d’activités sont exclus.
- Les coopératives d’activités prennent un pourcentage de votre marge brute pour l’encadrement qu’elles réalisent.
- Pour entrer dans la phase de test, il faut au minimum 2 clients et 500€ de marge brute confirmée par mois, pour les 6 premiers mois de l’activité.
- En fonction de l’état d’avancement du projet, il est probable que vous passiez par une phase de préparation avant d’entrer en phase de test et de pouvoir facturer. Il est néanmoins possible de rentrer directement en phase de test si votre projet est suffisamment mature.
- Cette mesure est incompatible avec la prime pour indépendants, mais compatible avec le plan tremplin.
Pourquoi choisir les coopératives d’activités ?
La coopérative d’activités est idéale pour un candidat-entrepreneur qui ne veut pas prendre tout de suite un statut d’indépendant et les obligations qui en découlent (cotisations sociales, comptabilité à tenir, …). Le candidat peut se focaliser sur son métier de base, sans devoir se préoccuper des aspects administratifs. Elle permet également au porteur de projet de prendre le temps de préparer son projet et lui offre un encadrement tout au long du processus.
Enfin, cette solution permet aux bénéficiaires d’allocations (chômage, CPAS, mutuelle, …) de conserver celles-ci pendant toute la durée du processus sans qu’il n’y ait de revenu net journalier maximum.
Les structures de payrolling
Les structures de payrolling telles que Smart, Tentoo, Amplo ou encore Paypro Services vous permettent de développer une activité professionnelle dans le cadre du statut salarié. Les structures de payrolling servent d’intermédiaires entre vos clients et vous. Pour cela, elles vous proposent un contrat (CDD ou CDI sous certaines conditions) grâce auquel vous pourrez effectuer une prestation de service ou la vente de vos produits dans un cadre légal et sécurisant.
Avantages
- C’est une bonne solution pour des prestations ponctuelles et irrégulières
- Vous ne vous souciez pas de la gestion administrative et recevez un revenu net, ce qui évite les mauvaises surprises.
- Vous pouvez passer par ces organismes quel que soit votre statut.
- Vous n’avez besoin ni d’accès à la profession, ni des compétences de gestion de base.
- Si vous touchez le chômage, il suffira de noircir la case du jour où vous travaillez. Vous conservez donc vos allocations pour tous les jours durant lesquels vous n’exercez pas votre activité.
- Une fois la prestation effectuée, votre salaire est garanti à 7 jours, et si le client ne paye pas, c’est la structure qui se charge de le relancer.
Points d’attention et inconvénients
- Ces structures prennent un certain pourcentage sur vos prestations
- Cette solution n’est pas financièrement avantageuse pour une activité régulière et récurrente.
- Si vous touchez des allocations de chômages, vous ne les percevrez pas les jours où vous serez actifs dans le cadre du payrolling.
Pourquoi choisir les structures de payrolling ?
Les structures de payrolling sont utiles pour les prestations occasionnelles et non récurrentes. Elles vous permettent de vendre produits et services dans un cadre légal sans devoir recourir au statut d’indépendant. Elles vous permettront d’éviter les démarches administratives et comptables liées au statut d’indépendant. De plus, il s’agit d’une solution flexible que vous pourrez mettre sur pieds rapidement.
Erasmus for Young Entrepreneurs
Erasmus for Young Entrepreneurs (EYE) est relativement différent des autres alternatives proposées dans cet article car il ne vous permet pas directement d’exercer votre activité. Il s’agit plutôt d’une aide pour vous préparer au métier d’entrepreneur et approfondir la préparation de votre projet.
C’est un programme d’échanges transfrontaliers qui offre aux jeunes et aux futurs entrepreneurs la possibilité de se former, pendant 1 à 6 mois, auprès d’entrepreneur.e.s chevronné.e.s dirigeant de petites entreprises dans différents pays participants.
EYE vous permet dès lors de vivre le quotidien d’un.e entrepreneur.e tout en élargissant votre réseau et en testant vos propres aptitudes à l’entrepreneuriat. Il vous permet en outre de découvrir un nouveau pays et un nouveau marché, de créer des contacts internationaux, tout en bénéficiant d’un soutien financier octroyé par la Commission européenne.
Pour y participer, il faut avoir moins de 3 ans d’expérience en tant qu’entrepreneur et résider dans l’un des pays participants. Il faut en outre avoir un business plan incluant une projection financière sur 2 ans.
Avantages
- Vous vous familiarisez avec le métier d’entrepreneur.
- Vous développez de nouvelles compétences et attitudes entrepreneuriales.
- Il n’y a ni limite d’âge, ni limite de statut. Les conditions d’accès sont larges.
- Vous touchez un soutien financier mensuel entre 550€ et 1100€ (en fonction de la destination choisie)
- Vous avez accès à une base de données d’entrepreneurs inspirants dans tous les pays participants.
- Tous les secteurs d’activités sont admis.
Points d’attention et inconvénients
- C’est important de s’y prendre à temps pour les démarches (business plan, recherche d’entrepreneur)
- Ce n’est pas un programme pour se lancer, mais plutôt pour se préparer. Vous pouvez néanmoins partir tout en ayant une entreprise (si vous avez moins de 3 ans d’expérience)
Pourquoi choisir Erasmus for Young Entrepreneurs ?
Ce programme s’adresse à vous si vous voulez voir concrètement ce qu’est le métier d’entrepreneur. Il vous permettra de suivre un entrepreneur expérimenté et passionné, qui sera prêt à jouer un rôle de mentor dans le développement de votre projet. De plus, vous développerez de nouvelles compétences spécifiques à votre métier, un réseau à l’étranger, votre connaissance des langues, etc. Cette expérience vous aidera à développer la vision de votre projet.
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