Des secteurs économiques aussi variés que la construction, la grande distribution ou l’habillement montrent de plus en plus d’intérêt pour l’économie circulaire. A Bruxelles, les initiatives se multiplient et quelques entreprises pionnières montrent la voie.
L’économie circulaire, késako ?
L’économie circulaire prend le contre-pied de l’économie linéaire actuelle, trop consommatrice de ressources (matières premières, énergie, eau, foncier) et productrice de déchets.
L’économie circulaire repose sur 6 grands principes :
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L’éco-conception : réflexion sur l’impact environnemental du produit en prenant en compte toutes les étapes de sa vie : extraction, fabrication, conditionnement, distribution, utilisation, durée de vie, réparation, recyclage et fin de vie ;
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L’écologie industrielle et territoriale: optimisation de la circulation et des besoins en énergie et en ressources naturelles;
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L’économie de la fonctionnalité : l’achat du service lié à la fonction se substitue à l’achat du produit;
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Le réemploi ou réutilisation : opération par laquelle des produits ou des composants qui ne sont pas des déchets sont utilisés à nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus;
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La réparation : donner une deuxième vie à un objet en panne ou abîmé après réparation ;
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Le recyclage : opération de valorisation par laquelle les déchets sont retraités en produits, matières ou substances aux fins de leur fonction initiale ou à d'autres fins..
Dans un tel «écosystème», les produits n’auront plus à proprement parler de fin de vie puisqu’ils auront vocation, une fois leur consommation terminée, à être réinjectés dans l’économie. Cette circularité permettra en retour d’éviter de procéder à l’extraction de nouveaux matériaux.
D’après une étude de la fondation Ellen McArthur, l’application des principes de l’économie circulaire pourrait générer une économie nette de matières premières de près de 700 milliards de dollars. De plus, l’économie circulaire est génératrice d’emplois de qualité et favorise le développement local.
Quels sont les business modèles de l’économie circulaire ?
Lors de la conférence « Quels sont les business modèles de l’économie circulaire ? », organisée par le cluster greentech.brussels en mars dernier, la société Accenture présentait les résultats de son étude "Circular advantage" (2014). L'étude met en évidence les limites de nos systèmes économiques actuels en définissant 4 types de gaspillage principaux :
- un gaspillage de matières premières et de ressources primaires,
- un gaspillage de la valeur et de l’énergie des matériaux contenus dans les produits lorsqu’ils sont jetés,
- un gaspillage de taux d’utilisation
- un gaspillage de produits jetés ou détruits prématurément.
L’entreprise, en capitalisant sur ces points faibles, peut développer de nouvelles opportunités.
Accenture identifie 5 modèles économiques permettant d’y répondre et amplifiant la valeur créée :
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Le modèle "Circular supplies" qui privilégie l'utilisation d'énergies renouvelables, de matériaux bio-sourcés et de matériaux recyclés en tant que matières premières ;
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Le modèle "Resource recovery" qui cherche à valoriser des produits en fin de vie ;
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Le modèle "Product life extension" qui vise à étendre la durée de vie d'un produit par la réparation, l'amélioration et la revente ;
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Le modèle "Sharing platform" dont l'objectif est de maximiser le taux d'utilisation d'un produit;
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Enfin, le modèle "Product as a service" privilégie l'accès à la fonction d’un produit plutôt qu'à son appropriation.
Pour chacun d’entre eux, les avantages et facteurs de succès à leur implémentation ont été identifiés.
Quelques exemples d’entreprises pionnières bruxelloises
Le Champignon de Bruxelles, jeune start-up bruxelloise illustre à la fois les modèles « circular supplies » et « resource recovery ». Hadrien Velge et Sevan Holemans produisent des shiitakes, champignons japonais. Leur modèle prévoit d’utiliser comme substrat du marc de café, remplaçant ainsi le bois utilisé traditionnellement (une des causes de la déforestation en Chine). La production se fera donc sur ce qui était avant considéré comme un déchet et leurs sous-produits sont réutilisés par d’autres entreprises.
Citons aussi comme exemple du modèle « Resource recovery », la société Derbigum, spécialisée dans les matériaux de roofing, et notamment les membranes. La société base une partie de son approvisionnement sur le recyclage. Une fois les membranes usées, celles-ci étaient mises en décharge ou partaient à l’incinération. Derbigum a mis en place une collecte et parvient à récupérer 2.500 T par an de roofing issus des toits. Ces tonnages viennent s’ajouter aux chutes de production et de découpage qu’ils récupèrent également. La mise en place de ce système de collecte n’a pas été évidente. Le premier modèle, se basant sur une rémunération auprès des collecteurs de déchets en place n’a pas tenu. Derbigum a dès lors dû développer sa propre collecte.
Atelier 4/5 s’est lancé dans la restauration architecturale et de mobilier, illustrant parfaitement le modèle « Product Life Extension ». Récupérant du vieux mobilier, les deux architectes-fondateurs le retravaillent pour en faire des objets uniques, de qualité et esthétiques. Ils ont également rénové un appartement en utilisant uniquement le matériel disponible sur place issu des travaux de démolition (briques, planchers, vitres…).
Wibee est un réseau de partage de voitures centré sur les communautés et inspiré du modèle "Sharing platform". L'objectif est ici d'amener les entreprises à créer des réseaux de partage de voitures avec les habitants du quartier, afin de réconcilier les projets d'entreprises et l'esprit de communauté. Une application pour smartphones a également été mise sur pied pour faciliter cette rencontre.
Le dernier modèle, « Product as a Service », a été le choix de la société Tale me. Cette start-up propose la location de vêtements, de grande qualité et conçus en Europe pour les enfants de 0 à 3 ans. Anna Balez, fondatrice de Tale me expliquait que ce système permet à la fois d’utiliser les biens produits un maximum de fois et de minimiser les ressources naturelles extraites. Le fait que l’entreprise possède son produit l’oblige à choisir la meilleure qualité et la location lui permet d’être rentable.
Et vous ?
Un basculement vers plus de circularité constitue ainsi un véritable challenge pour les entreprises en raison des nombreux changements fonctionnels mais aussi des types d’investissements que ces modèles peuvent impliquer.
Mais l’économie circulaire a aussi l’avantage de pouvoir s’implémenter par incrémentation, ce qui la rend accessible à tous, grandes comme très jeunes organisations et à tout moment.
Vous pouvez par exemple commencer à repenser votre business modèle de façon circulaire via le « business game de l’économie circulaire » qui se trouve en ligne. Le projet Resilientweb présente aussi des outils intéressants pour durabiliser son business modèle.
Sachez également qu’il existe un service auprès de l’UCM qui peut vous proposer des services en matière d’éco-conception. Ces services sont gratuits pour les entreprises bruxelloises.
Ensuite, pour vous aider dans le développement de projet, il existe des opportunités au niveau de l’Europe avec notamment le programme Horizon 2020 de la Commission Européenne qui offre des possibilités de financements pour la mise en place d’initiatives en économie circulaire. De multiples aides existent aussi sur Bruxelles qui dépendent du type de projet. N’hésitez pas à contacter NCP brussels pour avoir plus d’information.
Au niveau du gouvernement régional se prépare entretemps une véritable stratégie en économie circulaire qui devrait être adoptée vers la fin mai. Par ailleurs, greentech.brussels prépare la mise en place d’un futur Cluster « Economie Circulaire » dont l’objectif sera de rassembler les initiatives actuelles, de sensibiliser les acteurs et de stimuler la mise en place de projets communs.
Contact « Economie Circulaire »
Bruxelles-Environnement : Marion Courtois – mcourtois@environnement.irisnet.be
greentech.brussels : Anthony Naralingom – ana@impulse.brussels
National Contact Point for Horizon 2020: Elena Angiolini – ean@impulse.brussels