Zéro déchet, Do It Yourself, NOwners,… Autant de nouvelles tendances de consommation qui contribuent à une économie plus circulaire, sobre en ressources et créatrice de valeur sur le plan économique, environnemental et social. La région de Bruxelles-Capitale n’échappe pas à ces nouvelles tendances. Petit tour d’horizon des entreprises et initiatives qui offrent la possibilité de consommer autrement.
Ces nouvelles tendances sont le reflet d’un changement de paradigme technico-économique : les besoins des consommateurs s’orientent de plus en plus vers l’économie immatérielle que matérielle. Dans une étude francophone sur les évolutions du comportement des français face au développement de l’économie circulaire, l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) a mis en évidence que la part des services dans la consommation est passée de 47% à 63% entre 1970 et 2014.
On assiste également à une numérisation de la consommation : de nombreuses activités quotidiennes se dématérialisent (loisirs, informations, pratiques culturelles, démarches administratives, etc.). Ce phénomène est corrélé avec l’augmentation du taux d’équipement en ordinateur, tablette tactile et Internet à domicile. La numérisation de la consommation a facilité et boosté le marché de l’occasion mais aussi le développement des services entre particuliers (plateforme de location de logements, prêt d’objets, covoiturage, autopartage, etc.). Ces initiatives contribuent à prolonger la durée de vie des objets.
Le zéro déchet
En parallèle, une attention plus grande est portée aux emballages et à la gestion des déchets. Rendue populaire par Béa Johnson, le mouvement « zéro déchet » est une démarche holistique de réduction de la quantité des déchets produits ; le meilleur déchet étant celui que l’on ne produit pas.
Depuis l’ouverture du premier magasin en vrac en Belgique en 2014, ce mouvement ne cesse de faire de nouveaux adeptes.
Bruxelles Environnement consacre d’ailleurs l’année 2018 au thème du « zéro déchet ». Le « zéro déchets » se fonde sur 5 principes : refuser, réduire, réutiliser, recycler et composter, qui sont décrits dans le schéma ci-contre réalisé par le mouvement français Zéro Waste.
Le Do It Yourself
Outre l’achat de produits en vrac, locaux, de seconde main et les pratiques de réparation, don, échange, prêt, etc., le zéro déchet incite également à faire un maximum de choses par soi-même : cuisiner, fabriquer ses produits cosmétiques, ses produits d’entretien, ses meubles, coudre ses vêtements,… C’est une autre tendance qui se développe : le « DIY, Do It Yourself », traduit par le « Faire soi-même ».
Le DIY consiste à créer soi-même des objets de la vie courante, technologiques ou artistiques : il couvre donc le bricolage, la décoration, la cuisine, la couture, la menuiserie, la robotique, l’informatique, etc. Cette activité favorise « l’upcycling », un concept qui consiste à réutiliser, transformer, détourner des objets et/ou des matériaux pour créer un nouvel objet (par exemple, créer une table à partir de palettes usagées).
Là aussi, la numérisation de la consommation a joué un rôle : l’économie collaborative et l’essor des blogs et tutoriels sur internet ont permis de créer de véritables communautés et de partager les savoir-faire. Le DIY révèle un changement progressif dans la façon de consommer. Ce changement a été mis en évidence par une étude réalisée, en France, par l’Observatoire Société et Consommation (Obsoco) et la Maif dont les résultats ont été dévoilés en février 2017. 93% des 5.000 Français interrogés ont pratiqué, au moins une fois en 2016, une activité qui les a amenés à créer quelque chose et le marché du « faire » est estimé à 95 milliards d’euros par an, d’après les déclarations des personnes interrogées. Même si ces données ne sont qu’une approximation, elles montrent clairement une intensification de ces pratiques.
Les circuits courts
Les consommateurs sont de plus en plus engagés et tendent à devenir des « consom’acteurs », grâce entre autres à la vente directe et aux circuits courts. La Région wallonne définit la notion de circuit court comme « mode de commercialisation de produits agricoles et horticoles, qu'ils soient bruts ou transformés, dans lequel au maximum un intermédiaire intervient entre le producteur et le consommateur ». Il y a donc cette notion de proximité, qui est à la fois géographique et sociale.
Aujourd’hui, près de 7 consommateurs belges sur 10 démontrent un intérêt pour ce mode d’achat. En consommant local et de saison, ils diminuent l’impact environnemental de leur alimentation. Notons toutefois que les circuits courts ne s’appliquent pas exclusivement à la filière des produits alimentaires…
L’agriculture urbaine
Certains citoyens sont tellement attirés par les produits locaux qu’ils ont décidé de cultiver eux-mêmes des produits alimentaires : il s’agit de l’agriculture urbaine. En effet, de nombreux espaces en ville sont exploitables : jardins, toits, friches, et même ronds-points.
L’agriculture urbaine utilise les ressources de la ville pour produire des aliments destinés à ses habitants. Il y a une forte dimension sociale dans ce concept, qui se caractérise entre autres par l’apparition de potagers urbains collectifs, où les citoyens recherchent, en plus de la production alimentaire, la réappropriation d’espaces publics ainsi que les liens sociaux locaux.
Les NOwners
Enfin, l’essor de l’économie collaborative conduit à l’émergence de nouveaux consommateurs, les « NOwners », contraction de no et owner (propriétaire, en anglais). Ces consommateurs privilégient les expériences aux biens matériels. Pour ce faire, ils recourent aux services de location, de prêt, de partage (voitures/vélos partagés, bibliothèques d’objets, de vêtements, etc.). Ces services relèvent de l’économie de la fonctionnalité, qui consiste à remplacer la notion de vente de la propriété du bien par celle de la vente de l’usage du bien, et s’appuient largement sur la numérisation de la consommation.
Ce mode de vie procure aux consommateurs une plus grande liberté: ils bénéficient de l’usage d’un objet sans les inconvénients de la propriété (dévalorisation, stockage, entretien, usure, etc.). Ils disposent également d’une plus grande flexibilité : la location permet d’essayer sans s’engager, et de changer à volonté en fonction de l’expérience vécue.
Et à Bruxelles ?
De plus en plus d’entreprises offrent la possibilité aux bruxellois de consommer différemment. Découvrez notre sélection non exhaustive d’initiatives qui vont vous donner envie de consommer autrement ! Il s’agit d’une sélection variée des acteurs des nouveaux modes de consommation à Bruxelles, avec entre autres des lauréats de l’appel à projets Be Circular ou encore des projets issus de l’accélérateur pour start ups durables greenlab.brussels.
Exemples pour le zéro déchet
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Belgomarkt : Supermarché de proximité qui commercialise des produits belges en vrac.
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Boentje Café : Premier café bruxellois zéro déchet.
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Lili Bulk : Epicerie en ligne de produits en vrac, livrés dans des bocaux consignés.
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Roots : Magasin de producteurs offrant des produits bio, locaux et 100% circulaires.
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Epicerie « day by day : épicerie en vrac proposant les produits du quotidien en quantité à la demande et sans emballage superflu.
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Happinest : Boutique d'articles de seconde main pour enfants.
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Boutiques de seconde main (textile, mobilier, etc.) : Les Petits Riens, Oxfam, Terre Factory Shopping… Découvrez d’autres boutiques de seconde main, à Bruxelles et plus largement en Belgique, ici ainsi que des magasins zéro déchet et vrac, ici.
Exemples pour le Do It Yourself
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Alma Sana : Ateliers publics ou à domicile pour transmettre des recettes de produits ménagers et cosmétiques naturels, locaux et zéro déchet.
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Demain en main : Organisation (entre autres) d’ateliers pour réapprendre à faire soi-même, redécouvrir des techniques manuelles.
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Fais-le toi-même : Espace proposant des cours collectifs de savoir-faire manuels (artisanat, débrouille, écolo-récup, numérique), un atelier outillé et une ressourcerie en matériaux de réemploi.
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Les cartons d’Anaïs : Meubles, objets de déco et jeux en carton pour les enfants, pliables et personnalisables.
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Orybany : Boutique de mode durable, ateliers DIY et lieu de rencontres et de partages.
Exemples pour les circuits courts
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La Ruche qui dit oui : service de vente de produits locaux et saisonniers à récupérer en magasin.
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eFarmz : service de livraison à domicile ou en point dépôt de produits alimentaires locaux et bio.
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Les GASAP : groupements d’achats solidaires de l’agriculture paysanne.
Exemples pour l’agriculture urbaine
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Skyfarms : service de location de jardins potagers sur les toits des entreprises.
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URBI Leaf : production de micro-pousses dans le centre-ville de Bruxelles.
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Life Is Wonderpoule : service de mise en place de poulaillers dans les jardins urbains.
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Potage-toit : mise en place et mise en réseau de jardins collectifs sur les toits bruxellois.
Exemples pour les NOwners
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Again again : service de location de jouets de qualité et durables.
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Coucou : service de location de tenues pour diverses occasions (mariage, cocktail, etc.).
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Cycad : solution de mobilité qui met à disposition, au kilomètre parcouru, des vélos électriques ou non, en bamboo et fabriqués en Belgique.
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Mon cafetier : service de livraison mensuelle de café en grains fraîchement torréfiés et de location d’une machine à café personnalisable à moulin intégré.
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Un vélo pour 10 ans : mise à disposition de vélos adaptés à la taille et aux besoins de l’enfant, jusqu’à ses 10 ans.
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Usitoo : bibliothèque d’objets qui apporte une solution d’emprunt d’objets simple, économique, durable et sans caution.
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Tale Me : service de location de vêtements de créateurs pour enfants et futures mamans.
Auteures / Organisation : hub.brussels – greentech.brussels – Aude Grillot et Virginie Smans