Vous envisagez de monter votre propre entreprise ou vous l’avez fait récemment ? Ou vous êtes dirigeant d’une entreprise existante à la découverte de nouvelles idées, d’expertises ou de marchés ? Dans chaque cas, participer au programme « Erasmus for Young Entrepreneurs (EYE) » peut s’avérer un choix judicieux. Entretien avec Pierre Herfurth, coordinateur de EYE pour la Région de Bruxelles-Capitale, et témoignage à la clé…
Erasmus for Young Entrepreneurs a fêté ses 10 ans d’existence cette année. Pouvez-vous nous rappeler le fonctionnement de ce programme ?
Pierre Herfurth : « Il s’agit d’un programme d’échange entrepreneurial international. La Commission Européenne a lancé cette initiative en 2009 afin de promouvoir l’esprit d’entreprise en Europe et d’augmenter la mobilité des entrepreneurs. Elle a donc mis sur pied ce programme d’échanges transfrontaliers, dénommé Erasmus for Young Entrepreneurs (EYE en abrégé). L’objectif est simple : permettre à de nouveaux entrepreneurs de plonger dans le quotidien d’un entrepreneur expérimenté pour une durée de 1 à 6 mois, quel que soit leur secteur d’activité. Il y a actuellement 39 Etats participants.
L’échange doit être gagnant-gagnant : le jeune entrepreneur teste ses aptitudes à l’entrepreneuriat, se crée un réseau, développe des compétences professionnelles ou techniques de production spécifiques, … De son côté, l’entrepreneur expérimenté bénéficie d’un nouveau point de vue sur son business, d’un soutien pour développer de nouveaux marchés, éventuellement à l’international, ou encore de connaissances et compétences externes pour le développement de nouveaux produits/services,…
Pouvez-vous nous rappeler votre rôle en tant qu’organisation intermédiaire ?
Pierre Herfurth : « hub.brussels est en effet l’une des nombreuses organisations intermédiaires, officiellement désignées par la Commission Européenne pour gérer ce programme. En plus de la promotion et de l’information sur le programme, nous apportons principalement un soutien aux entrepreneurs, veillons à la qualité des échanges et évaluons les résultats.
Concrètement, j’accompagne les jeunes entrepreneurs bruxellois dans leurs démarches. Ils me transmettent leur candidature avec un CV et un business plan. Je vérifie la qualité de leur profil, je les aide à améliorer les points faibles et une fois que le projet est suffisamment solide pour être retenu, nous recherchons ensemble via la base de données du site Erasmus un entrepreneur d’accueil à l’étranger qui serait prêts à les accueillir pendant quelques mois. Une fois que les contacts sont noués, les deux entrepreneurs conviennent ensemble des dates, objectifs et activités qui devront être prestés pendant l’échange.
D’autre part, je recherche des entrepreneurs bruxellois prêts à accueillir des jeunes entrepreneurs étrangers. J’analyse leur profil et s’ils rentrent dans les critères du programme, je leur propose de l’aide pour trouver le jeune entrepreneur qui correspondra à leurs attentes.
Les profils de tous les entrepreneurs (jeunes et expérimentés) sont placés dans une base de données qui permet à chacun de rechercher et contacter le profil qui l’intéresse, dans le secteur souhaité. Lorsqu’un échange est possible, je mets les deux parties en relation, je valide la candidature et une convention est ensuite signée entre toutes les parties dans laquelle on détermine les objectifs, le plan d’activité, y compris les tâches et responsabilités, les conditions financières, etc.
Bien entendu, j’accompagne le jeune entrepreneur pendant toute la durée de son séjour. Je l’aide dans ses démarches, le logement et transports et je collecte le rapport final d’activités, exigé par la Commission. Une fois de retour, je peux également le guider dans le développement de son activité ».
Quel bilan pouvons-nous tirer après 10 ans d’existence ? Et quels sont les défis des prochaines années ?
Pierre Herfurth : « Comme tout nouveau projet, EYE a pris du temps à décoller, mais ce programme a suivi une belle courbe ascendante. En 10 ans, environ 7000 échanges ont été réalisés, dont 1224 en 2018. Actuellement, un peu moins de 200 organismes intermédiaires encadrent la réalisation de ces échanges, parmi lesquels 6 sont localisés en Belgique. La Belgique fait également partie du top 5 des pays accueillant le plus de nouveaux entrepreneurs.
La Commission Européenne a également lancé un projet pilote l’année dernière qui élargit le nombre de destination : il s’agit d’EYE Global, qui permet aux jeunes entrepreneurs des pays participant de partir dans 4 nouvelles destinations : New York, la Pennsylvanie, Israël et Singapour.
En ce qui concerne hub.brussels, nous servons actuellement d’intermédiaires à une vingtaine d’échanges annuels. Encore trop peu d’entrepreneurs connaissent ce programme. Un de nos défis est d’augmenter la notoriété d’EYE auprès de ses bénéficiaires potentiels. La grande majorité des participants sont enchantés par le programme. Je pense sincèrement qu’il y a de la place pour réaliser plus d’échanges. Beaucoup d’entrepreneurs hôtes décident d’ailleurs de continuer après un premier échange fructueux. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’une réelle collaboration s’installe une fois l’échange terminé.
Mais vous feriez mieux de demander cela à l’un de nos jeunes entrepreneurs, Alain qui vient de passer 4 mois à Mannheim, en Allemagne chez un torréfacteur de café local.
Pourquoi avoir participé à ce programme ? Qu’avez-vous appris ?
Alain Diouly-Osso : « Après avoir fait des études d’ingénieur et une carrière au sein de grandes entreprises, j’avais envie de changer de direction et créer ma propre activité dans un secteur radicalement différent : je voulais ouvrir un espace de torréfaction/dégustation de café à Bruxelles. J’avais déjà de bons contacts pour l’achat de grains haut de gamme, principalement des arabicas d’Afrique de l’Est et des robustas du Golfe de Guinée. Mais je n’avais aucune compétence en torréfaction et gestion d’un espace Horeca. J’ai donc postposé le démarrage de mon activité et profité du programme Erasmus for Young Entrepreneurs pour découvrir et me former à ces métiers.
Et j’ai vraiment appris à gérer un business de torréfaction de A à Z : sélection, planning et achat des grains ; packaging et positionnement de marque par rapport à la clientèle ; bonnes pratiques pour le stockage des grains ; torréfaction et apprentissage de la création de saveurs, …
Aujourd’hui, je continue à travailler avec mon entrepreneur d’accueil. Je continue à lui rendre certains services en échange d’un accès à son matériel pour torréfier mes grains avant d’acheter mon propre matériel. Cela me permet de commencer mon activité à moindre frais, tout en gardant de bonnes relations avec un torréfacteur expérimenté.
Vous avez bientôt deux ans d’expérience au sein de ce programme. Quels seraient vos conseils aux futurs entrepreneurs participants ?
Pierre Herfurth : « Je pense que vivre une expérience professionnelle à l’étranger est toujours bénéfique. Erasmus for Young Entrepreneurs permet à un entrepreneur en herbe d'acquérir cette expérience. Il bénéficie de mentorat, de conseils et apprend sur le terrain les méthodes de gestion. On est loin de la théorie, c’est du concret à 100%. On ne peut pas faire mieux comme préparation avant de monter sa propre société, non ? Je leur dirais donc : N’ayez pas peur ! Vous n’avez rien à perdre. Lancez-vous.. Saisissez les opportunités qu’un entrepreneur d’accueil peut vous apporter !
Aux entrepreneurs d’accueil, je dirais qu’il faut bien se rendre compte de l’investissement personnel que le jeune entrepreneur étranger est prêt à réaliser. Ce n’est pas un job d’étudiant, ce n’est pas un stage. L’entrepreneur étranger veut apprendre, réaliser des choses et il faut lui laisser s'approprier des projets et le laisser prendre des responsabilités. Il faut être prêt à lui consacrer quelques heures par semaines pour le guider et lui apprendre les bases, mais aussi lui laisser l’occasion de s’exprimer. Tout le monde y sera gagnant. »
Cette aventure vous tente ? Découvrez…
- Qui peut participer ?
- Comment s’inscrire ?
- La success story de Quentin Ariès, journaliste et président du média Café Babel, et Katerina Zekopoulos
Votre point de contact local à Bruxelles :
Depuis 2018, le coordinateur pour ce programme est Pierre Herfurth :
pherfurth@hub.brussels – 02 422 51 26