Niché au creux de l’ancien bassin industriel de Bruxelles, dans le bas de Saint-Gilles, le Village Partenaire affiche pratiquement complet : une centaine d’emplois dans une quarantaine de sociétés hébergés, actives dans les services. Retour sur un succès avec Christophe Grasser, coach en création d'entreprise.
En quoi consiste le Village Partenaire ?
Christophe Grasser : « C'est un programme de revitalisation économique. Il est né en 2005 avec l’ambition de coupler deux grands aspects du développement économique: un guichet d’économie locale et un centre d’entreprises.
Le guichet d'économie locale est une structure qui accompagne toute personne porteuse d'un projet économique en région bruxelloise. Avec l'aide d'un coach, ces porteurs de projets vont monter un business plan, tester leur plan financier, solliciter les aides appropriées de la Région de Bruxelles-Capitale.
Quant au centre d’entreprises, il héberge une quarantaine de startups qui, au total, emploient une centaine de personnes. Nous mettons à leur disposition des bureaux littéralement « plug and play », qui leur permettent de démarrer immédiatement leur activité économique dans un véritable cocon. Le fait que tout soit prêt à les accueillir (bureaux meublés, accès réseau, etc.) est un élément important dans l'attraction qu'exerce le Village Partenaire, mais il y en a d'autres, comme le fait de croiser tous les jours d'autres créateurs de startup, de partager les expériences avec eux, de créer éventuellement des synergies. »
Le Village se trouve dans le bas de Saint-Gilles. Y a-t-il une raison particulière quant au choix de cet emplacement ?
Christophe Grasser : « Il y a 8 centres d'entreprises à Bruxelles. Ils sont nés dans la foulée des programmes européens (FEDER) et, à l'époque, on avait désigné des zones d'intervention prioritaires calquées sur l'ancien bassin industriel bruxellois. C'est ce qui explique notre localisation ici à Saint-Gilles, sachant qu’en plus, nous bénéficions d'un soutien important de la part des autorités communales : notre président – Patrick Debouverie – est échevin du développement économique de Saint-Gilles, mais ce n’est pas tout. Nous nous appuyons également sur leur cellule développement durable, le CPAS pour certaines formations, la cellule emploi. Et chaque année, nous organisons la Journée de l'indépendant en synergie avec la commune. »
Pour les entreprises hébergées, qui sont-elles ?
Christophe Grasser : « Nous accueillons exclusivement des entreprises de services axées sur le développement durable, dans toute une série de secteurs, des entreprises de transport, graphisme, communication, BtoB, etc. Mais donc, pas d'entreprises de production ici, même si nous mettons beaucoup l’accent sur le développement durable, en particulier même l’alimentation durable.
On travaille par exemple pour permettre à de jeunes entreprises actives dans la culture d'insectes à venir chez nous pour faire de la transformation, on se rapprocherait donc des activités de production mais dans un spectre très spécifique et limité.
Pour le reste, notre rôle est de favoriser l'émergence des starters – des entreprises de 0 à 3 ans d'existence – mais, c'est vrai, certaines se sentent tellement bien chez nous qu'elles restent parfois un peu plus longtemps qu'elles ne le devraient. Bien que, dans ce cas, les sociétés de plus de 3 ans paient un tarif plus élevé que les starters pour occuper des bureaux ici : on leur montre doucement le chemin vers la sortie… Pas parce que qu’on ne veut plus les voir, mais tout simplement parce que cet outil de développement économique doit servir à un maximum de jeunes entreprises. Notre priorité, c'est eux. En tout cas, ça marche, puisque nous sommes quasi au complet ! Le succès est tel que nous avons dû constituer une liste d'attente. Heureusement, il y a un certain roulement, ce qui fait que des bureaux se libèrent régulièrement. »
Une fois que ces entreprises sont installées ici, dans ce cocon, quel est votre travail à vous?
Christophe Grasser : « C'est tout d'abord animer un réseau de ces entreprises, s'assurer de leur bien-être, les accompagner dans la recherche d'investissements, d'opportunités d'affaires, il s'agit aussi de les aider à valoriser leur travail. Avec les 7 autres centres d'affaires de la Région, nous sommes réunis au sein d’une coupole qui, par son existence même, favorise le partage des expériences, des idées, des services au bénéfice de nos entreprises. »
L’autre métier du Village partenaire, c’est la formation. Mais quelle(s) formation(s) ?
Christophe Grasser : « Nous proposons essentiellement du coaching individuel avec une plus value environnementale pour des porteurs de projet. Mais pour faire un peu le tri, on commence toujours par une séance collective qui réunit entre 10 et 20 personnes souhaitant créer leur petite entreprise. On leur explique quelles étapes il faut franchir pour créer son entreprise, ce que signifie et implique le fait de devenir indépendant, etc. Puis on leur demande de remplir un questionnaire pour décrire leur projet.
Ce n’est qu’après ces étapes préliminaires que l’accompagnement individuel peut commencer. Et là, on est évidemment tributaire du porteur de projet, on l'accompagne à son rythme parce qu'en définitive, c'est lui qui prend le risque. Au fond, il s’agit pour nous de vérifier qu’il y a adéquation entre le projet et la personne qui veut le porter. C’est essentiel ! Parfois, on se rend compte qu'un projet est très sympa mais qu'en fait, il ne correspond pas à la personnalité de celui qui l'envisage : pas le bon diplôme, pas l'entourage nécessaire, pas l'expérience appropriée, par non plus les financements et alors, oui, on essaie de faire comprendre que ce n'est peut-être pas une bonne idée. On fait alors ce que j'appelle de la « démotivation positive. »
L'inadéquation entre la personnalité d'un porteur de projet et le projet, c'est par exemple de quelqu'un qui souhaite lancer une boîte de nuit alors qu'il a besoin de 10 heures de sommeil par nuit ?
Christophe Grasser : « C'est un peu l'idée mais ça peut aussi être l'envie de lancer une boîte de nuit dans un quartier résidentiel. Aucune chance d'obtenir les autorisations nécessaires. On se rend compte qu'il y a parfois des freins dès le début, notre rôle consiste à les mettre en évidence, à les faire comprendre au porteur de projet. Autre exemple, on constate que le porteur de projet n’a pas le contact commercial facile, on va lui déconseiller d’être en première ligne dans son propre projet. Là, ce n’est pas de la démotivation positive, mais de l’encadrement…»
Le conseil fondamental, ce serait quoi ? Analyser le projet, l'idée en fonction de sa propre personnalité, sans concession ?
Christophe Grasser : « Oui, bien sûr, mais aussi et surtout se renseigner un maximum. En Région bruxelloise, on a la chance d'avoir un grand nombre d'organisations qui facilitent la création d'entreprises, il faut les solliciter, parler un maximum de son projet autour de soi, assister à des séances d'informations, voir quels partenaires potentiels il faut solliciter, bénéficier d'un maximum de conseils. Si vous savez que la société X a tel ou tel fournisseurs, c'est bien d'avoir un retour d'expérience, il y aura peut-être un fournisseur pour votre projet d'entreprise. »
Interview : Adrien Mintiens
Plus d’info :
Village Partenaire
rue Fernand Bernier, 15
1060 Bruxelles
Tél : 02 537 44 44
Site Internet : http://www.villagepartenaire.be
Email pour le Centre d’Entreprise : info@villagepartenaire.be
Email pour le Guichet d’Economie Locale : gel@villagepartenaire.be