Les médias parlent de plus en plus souvent de ces solutions d'eSanté qui vont révolutionner nos vies et notre approche de la santé mais de quoi s'agit-il exactement, est-ce sûr et enfin qu'en est-il à Bruxelles? Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre dans cet article.
Le marché de l'eSanté, estimé à 2,4 milliards d'euros et qui devrait progresser de 4 à 7% par an d'ici à 2017, est un véritable enjeu à la fois sociétal et économique. En effet, la santé se numérise grâce à des capteurs fiables, moins onéreux et plus rapides mais surtout à l'utilisation largement répandue des TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) et à la démocratisation de l'internet et des technologies mobiles. Il y aurait par exemple près de 100.000 applications eSanté dans le monde et presque autant d'objets connectés (du pèse-personne connecté à l'implant monitoré à distance). Il ne faut néanmoins pas perdre de vue que la plupart de ces applications touchent plus à l'univers du bien-être que du domaine médical.
Les médias parlent de plus en plus souvent de ces solutions d'eSanté qui vont révolutionner nos vies et notre approche de la santé mais de quoi s'agit-il exactement, est-ce sûr et enfin qu'en est-il à Bruxelles? Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre dans cet article.
L'eSanté, c'est quoi?
L'origine de l'eSanté est le besoin de rapprocher le patient de son médecin par exemple sur le champ de bataille, dans l'espace, dans les prisons, dans des régions difficilement accessibles mais l'eSanté, en particulier le télémonitoring, doit réellement son essor au besoin d'amélioration de la prise en charge des maladies chroniques.
L'eSanté a ainsi débuté son développement dans les années 60 grâce à l'électronique puis à l'informatique, les premiers logiciels destinés à la santé ont été créés par des professionnels de la santé au sein d'hôpitaux ou de laboratoires afin de faciliter ou d'améliorer leur pratiques. Elle s'est ensuite répandue grâce au développement d'internet dans les années 90 et connaît une réelle explosion depuis quelques années grâce à la démocratisation et à l'accessibilité de l'internet mobile, des objets connectés et des tablettes et autres smartphones.
L'eSanté se compose de nombreuses catégories comme la télémédecine, la surveillance électronique, le dossier médical électronique, les systèmes informatiques hospitaliers, l'e-learning, le serious gaming, … . Toutes ces technologies visent à améliorer et faciliter la pratique médicale, à favoriser l'adhérence au traitement, à éduquer et former mais également à renforcer la recherche.
La télémédecine par exemple peut se traduire par la pratique médicale, par des professionnels de soin de santé, à distance en utilisant les TIC. Ses applications sont multiples comme assurer la permanence des soins en imagerie puisque l'interprétation des images médicales est praticable à distance (Radiomatix; plusieurs projets bruxellois ont également développé des solutions eSanté innovantes dédiées au secteur de l'imagerie médicale: Intuitim, pour la standardisation de l'annotation des images médicales ; Imagilys, logiciels d'analyse en neuroimagerie ; Kisano, pour améliorer le stockage et le des images médicales), améliorer la prise en charge de l'AVC en réduisant le délai de prise en charge (Zebra Academy)), faciliter la prise en charge des maladies chroniques et des soins à domicile.
Le mobile health ou mHealth se caractérise par l'utilisation mobile des TIC appliquées à la santé et au bien-être grâce aux smartphones et tablettes mais aussi aux dispositifs médicaux intégrant une connexion internet mobile. Les applications pour smartphones explosent depuis quelques années tant pour donner des conseils de bien-être (qualité du sommeil, activité physique, régime alimentaire) que pour un réel suivi médical (ECG, spiromètre, …), sans oublier les réseaux sociaux dédiés comme la plateforme proposée par Esperity pour les malades atteints du cancer.
Une branche importante est celle que nous appellerons du "wellness" qui facilite le bien-être et le suivi de ses données de santé. La technologie permet aujourd'hui à chacun de mesurer ses paramètres personnels (température, poids, rythme cardiaque), d'analyser et de transmettre ces paramètres. Les champs d'applications sont très larges: activité physique, qualité du sommeil, habitudes alimentaires grâce à des applications pour smartphones et aux objets connectés comme des bracelets ou encore des balances connectées. Attention toutefois de ne pas considérer tout gadget comme un réel dispositif médical. En effet, la plupart de ces applications et objets connectés ont plutôt une finalité sportive et ludique.
L'eSanté, un domaine réglementé?
Si la plupart des objets connectés et applications à but ludique ou sportif ne nécessite pas de suivre des réglementations très strictes, les produits ayant une finalité médicale doivent respecter des réglementations, des obligations, des validations et des certifications comme pour tout dispositif médical. Pour certains il faut en outre tenir compte des réglementations propres à la sécurisation des données et au respect de la vie privée.
Ces exigences, qui peuvent engendrer un processus long et cher, visent avant tout à garantir la sécurité de l'utilisateur, la fiabilité du produit et son efficacité clinique. Tout dispositif utilisé à des fins médicales doit pouvoir prouver la sécurité grâce à des tests en laboratoires, démontrer les performances cliniques par une évaluation clinique (comme c'est le cas pour les produits pharmaceutiques), garantir ses performances techniques, attester de processus validés et répétables (assurance qualité, normes ISO), assurer un suivi du produit après sa mise sur le marché (avertir des événements adverses ou de défaillances éventuelles), être classifié en fonction de sa dangerosité et dans certains cas nécessiter l'intervention d'un organisme notifié pour approuver de sa qualité. De plus, les exigences en matière de données (personnelles et de santé) visent à garantir le respect de la vie privée, de l'intégrité et de l'accès aux données, d'une utilisation après consentement éclairé et d'information de l'utilisateur quant à l'utilisation de ses données.
L'eSanté, de nombreux enjeux pour les soins de santé de demain
Les principales craintes sont d'une part l'accès aux données personnelles et d'autre part, la qualité et la fiabilité des outils utilisés. Il est donc essentiel de différencier les applications et outils utilisés à des fins ludiques et sportives des réels dispositifs médicaux mais surtout de se prémunir des gadgets utilisés à des fins médicales. Le défi est donc de créer la confiance tant pour les prestataires de soins que pour le patient en les rassurant quant à la finalité et la sécurité des données et de la fiabilité des dispositifs proposés.
De plus, les attentes liées aux solutions d'eSanté sont nombreuses et touchent à la fois le patient, les prestataires de soins, la recherche et les systèmes de santé.
Pour le patient, l'eSanté devra permettre de faciliter l'hospitalisation à domicile ou le suivi des maladies chroniques; d'améliorer son confort et l'observance des traitements (Yagram qui utilise par exemple des jeux intelligents pour motiver les adolescents à suivre leur traitement); de réduire les coûts médicaux; de le prévenir, de le motiver (comme FeasyMotion qui utilise des jeux pour motiver et améliorer l'adhérence aux sessions de rééducation) mais aussi de l'informer et de le responsabiliser (empowerment du patient).
Pour les prestataires de soins, l'eSanté devra par exemple faciliter et améliorer la pratique actuelle (comme Progenda qui permet aux médecins généralistes de gérer leurs agendas de manière électronique et centralisée) mais aussi faciliter l'accès, le transfert et le stockage des données ou encore renforcer la communication avec le patient.
L'eSanté aura également un impact sur la recherche tant pour la réalisation des essais cliniques (mesure, transmission et traitement des données cliniques) que pour la compréhension des maladies (les big datas, où l'analyse à grande échelle de données anonymisées liées aux maladies permettront de mieux comprendre la maladie, son évolution et les facteurs de risques).
Enfin imaginons également que l'eSanté permettra de pallier le manque de professionnel de la santé ou encore de réduire les coûts grâce à une médecine plus préventive que curative, à la réduction des durées d'hospitalisation ou des risques de ré-hospitalisation ou encore à un meilleur suivi des maladies chroniques à distance.
Bruxelles, un environnement propice à l'émergence de projets innovants
La région présente une forte concentration géographique d'hôpitaux, de laboratoires académiques et d'intermédiaires (incubateurs, fonds d'investissement, associations professionnelles, mandataires brevets, …), offrant un environnement favorable au développement d'entreprises dans le domaine de la santé. Cette concentration géographique facilite les échanges et offre un environnement propice au développement et à la concrétisation de projets innovants. Lifetech.brussels, le cluster santé de la région, joue le rôle de facilitateur et de liant entre tous ces intervenants, il a d'ailleurs pu constater une croissance du nombre de nouveaux projets liés aux technologies de la santé.
Dans sa mission de soutien à l'entreprenariat et à l'innovation dans le secteur de la santé, le cluster propose du coaching et le suivi régulier des porteurs de projet. Pour favoriser l'émergence de nouveaux projets, le cluster a notamment participé au dernier Boostcamp du MIC Brussels, en apportant une orientation eSanté. Les membres du cluster ont particulièrement été mis à l'honneur lors de cette édition (FeasyMotion, prix de la Région de l'acceleration program ; Matrix Requirements, grand prix du Boostcamp ; OUAT!, grand prix de l'acceleration program). Vu ces premiers succès, un programme d'accélération dédié aux projets eSanté innovants sera initié en 2016 en collaboration avec le MIC Bruxelles.
L'accompagnement collectif est également un axe important de l'offre de services du cluster. Plus de 20 séminaires, événements de networking et sessions d'information sont organisés chaque année pour répondre aux besoins des membres du cluster, notamment en matière de propriété intellectuelle, de réglementation, de normes ou encore de sources de financements appropriées.
Le cluster vise en outre à promouvoir la visibilité du secteur et de ses acteurs. Pour ce faire, il a notamment initié le lancement du Health 2.0 Belgium en juin 2014, qui vise à développer la communauté eSanté et à lui offrir la visibilité dont elle a besoin.
Envie d'en savoir plus sur le cluster, ses services, ses membres ou une idée innovante à proposer?
Consultez le site de lifetech.brussels: www.lifetech.brussels