Les incubateurs d’entreprises offrent de nombreuses et précieuses possibilités d’accompagnement aux startups en phase de développement. La Région met à la disposition des startuppers bruxellois quatre incubateurs publics avec un point commun : la priorité à l’innovation.
Quelles sont les particularités de ces incubateurs ? A qui s’adressent-ils ? Comment les rejoindre ? Qu’en attendre ? Combien de temps y rester ?
Réponse à ces quelques questions et à bien d’autres avec Ludivine Rattin, membre de l’équipe de coordination de l’accompagnement et des partenariats chez hub.brussels. Depuis trois ans, elle assure auprès des incubateurs publics bruxellois une triple mission : la coordination des projets communs aux quatre incubateurs; l’entretien des liens entre les incubateurs et le niveau politique; la représentation de l’écosystème auprès des partenaires de la Région susceptibles de soutenir les entreprises incubées.
Quatre incubateurs au service de l’entrepreneuriat innovant
Qu’est-ce qu’un incubateur ? « Les incubateurs publics de la Région Bruxelloise ont pour mission de contribuer au développement de l’entrepreneuriat innovant » indique-t-elle. « Initialement, ils ont été co-fondés avec les universités. Récemment, le concept du partenaire universitaire s’est élargi à l’écosystème entrepreneurial, les spinoffs universitaires représentant environ 5% des entreprises incubées. Cependant, la proximité facultaire et académique est très importante pour les startups incubées qui y trouvent une opportunité formidable et unique d'accéder à des personnes et à des savoir-faire de pointe. »
Aujourd’hui la Région Bruxelloise compte quatre incubateurs, chacun avec une vocation particulière mais tous tournés vers l’innovation :
- EEBIC (Erasmus European Business and Innovation Center) - le premier incubateur public de la Région et l'incubateur multisectoriel à Bruxelles Ouest a été créé en 1992 en collaboration avec l’ULB. Il est situé sur le campus d’Erasme à Anderlecht dans un bâtiment passif qui a obtenu le label d’Entreprise éco-dynamique). Avec plus de trois décennies d'expérience, EEBIC a accompagné de nombreuses startups prometteuses, aujourd'hui devenues des succès.
Bien que multisectoriel, le caractère des projets doit cependant rester innovant;
- ICAB (Incubatiecentrum Arsenaal Brussel) créé début 2000 en collaboration avec la VUB et localisé à l’Arsenal à Etterbeek est spécialisé dans le secteur du digital, du numérique, de l’ICT et l’ingénierie. Il propose également un espace de co-working au sein de l’incubateur, via Beta Cowork ;
- BLSI (Brussels Life Science Incubator) créé en 2006 en collaboration avec l’UCLouvain et installé sur le campus de l’université à Woluwe est spécialisé dans les sciences de la vie et de la santé. L’incubateur propose des laboratoires, en plus des bureaux ;
- Greenbizz, le dernier né, en 2016, a été co-fondé avec Buildwise (anciennement la CSTC - Centre d’innovation du secteur de la construction) et se situe près de Tour & Taxis à Laeken. Spécialisé dans les projets durables, il met à disposition des bureaux ainsi que des ateliers de production. Il héberge également un fablab (Cityfab1).
Greenbizz est un bâtiment passif qui a obtenu 4 éco-labels (Entreprise éco-dynamique ; Green key ; bâtiment exemplaire ; Brussels health and safety)
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Une équipe de gestion d’incubateur public à Bruxelles se compose de 2 ou 3 personnes. Les 4 incubateurs comptaient en 2023 un total de 143 entreprises incubées pour 612 emplois.
Un large éventail de services
Concrètement, chacun de ces incubateurs offre aux startups incubées un large éventail de services.
En premier lieu, l’accès à un programme de coaching (Excelerate, initialement financé par innoviris) commun aux 4 incubateurs publics et exclusif aux startups incubées qui doivent cependant répondre à certains critères.
Ensuite, l’accès facilité pour toutes leurs startups incubées, à une palette d’acteurs régionaux, académiques et/ou de soutien à l’entrepreneuriat, privés ou publics. En effet, les responsables des incubateurs représentent le premier maillon de ce soutien régional auprès de leurs startups incubées, et peuvent les écouter, les conseiller, les rediriger.
Enfin, un hébergement physique moderne dans des bureaux équipés des dernières innovations technologiques et des locaux dédiés aux activités privilégiées par la structure.
Par ailleurs, les équipes de gestion des incubateurs s’efforcent de donner aux startups l’opportunité de profiter de contacts stimulants avec des consœurs confrontées aux mêmes problématiques. Elles entretiennent et animent, en effet, l’écosystème au sein même de l’incubateur. En 2023, les quatre incubateurs ont organisé 58 événements à l’intention de leurs entreprises incubées, qu’il s’agisse de séances d’information et de sensibilisation, de la présentation d’un nouveau partenaire ou d’un nouveau produit, ou de soirées de networking propices aux contacts et aux discussions. Chaque incubateur prévoit un espace commun favorable aux rencontres informelles des entrepreneur.e.s. Les événements organisés permettent de formaliser ces moments d’échange. L’international n’est pas oublié : chaque fois qu’un événement s’organise à l’extérieur, les startups incubées concernées sont informées par hub.brussels.
Si chaque incubateur public est une structure indépendante, la collaboration entre les 4 incubateurs n’en est pas moins excellente, et s’est concrétisée par la création d’une marque commune : incubators.brussels.
Les incubateurs publics uniques en leur genre
Les incubateurs publics bruxellois s’inscrivent dans un contexte assez diversifié. En effet, entre les espaces de co-working, les centres d’entreprises et les incubateurs privés, comment se positionnent les incubateurs publics ?
A la différence d’un coworking, les incubateurs ont l’innovation au cœur de leurs missions, et ont un lien fort avec le milieu académique ou de R&D. Or qui dit innovation, dit risque. Généralement, un incubateur privé investit dans les projets qu’il incube, impliquant un certain retour sur investissement à court/moyen terme de la part de ces projets. Les incubateurs publics viennent compléter cette offre privée. Ils jouent leur rôle de service public en permettant de soutenir des projets à plus hauts risques.
Autres acteurs présents sur le terrain bruxellois : les centres d’entreprises dont la mission est différente de celle des incubateurs publics : « Un centre d’entreprises a pour mission de revitaliser le quartier dans lequel il est implanté », précise Ludivine Rattin. « Son positionnement géographique est donc stratégique. Les centres d’entreprises travaillent en étroite collaboration avec les guichets d’économie locale pour accompagner les entreprises qu’ils hébergent. Leur mission diffère donc de celle des incubateurs publics même si certains présentent aussi des spécificités sectorielles, et s’ils travaillent en étroite collaboration avec tout l’écosystème entrepreneurial . »
Enfin, il existe aussi des incubateurs ‘jeunes’ ou ‘pré-incubateurs’ privés ou publics tels que startLab.brussels, Start Lab ICHEC, EPHEC Entreprendre ou start it@KBC. Tous ont pour vocation d’accompagner des porteur.ses de projets désireux.ses de devenir entrepreneur.es et qui ne disposent pas encore de numéro d’entreprise. Ludivine Rattin : « Ce sont des partenaires avec qui nous travaillons étroitement. Nous mettons les outils en place pour aider ceux et celles qui ont abouti une première expérience entrepreneuriale innovante dans ce cadre à explorer les possibilités de rejoindre l’un des incubateurs publics.»
Une sélection éclairée
Pour intégrer l’un des quatre incubateurs publics bruxellois, il y a effectivement quelques conditions à remplir.
Tout d’abord en matière de sélection : le projet candidat doit être innovant, au niveau technologique, environnemental et/ou social. Il doit également répondre aux spécificités sectorielles de l’incubateur sollicité (voir les spécificités de chaque incubateur citées plus haut).
En matière de statut et d’autonomie financière également : les entreprise susceptibles de rejoindre l’un des incubateurs publics bruxellois sont en phase de démarrage, certes, mais doivent pouvoir démontrer un peu d’activité, posséder leur n° d’entreprise, « et déjà générer quelques revenus est nécessaire pour faire face au coût de l’hébergement », avertit Ludivine Rattin, « même si le tarif des incubateurs est concurrentiel, sous forme de forfait all inclusive. Il faut compter entre 25 et 30€/m²environ. A partir de 400€/mois, il est possible de disposer d’un bureau privatif de 2 ou 3 personnes (tout inclus). »
« Les voies d’entrée sont multiples », détaille Ludivine Rattin. « Les conseiller.es de hub.info sont habilité.es à déceler le potentiel de certaines startups, mais les entrepreneur.ses intéressé.es peuvent aussi consulter les sites Internet et les réseaux sociaux puis contacter directement les responsables des incubateurs pour poser toutes les questions nécessaires et introduire leur candidature. Quant aux incubateurs eux-mêmes, ils font en sorte de se faire mieux connaître pour attirer des prospects»
Souplesse et continuité
Les startups incubées ne signent pas de bail avec l’incubateur mais plutôt une convention à durée indéterminée. « Cette formule a été choisie pour des raisons de flexibilité », signale Ludivine Rattin. « La politique des incubateurs est d’instaurer un modèle easy in-easy out. Les bureaux sont modulables et les surfaces peuvent s’adapter à l’évolution de l’entreprise. En général, la convention prévoit un délais de deux à trois mois de préavis en cas de départ. »
L’idée à garder en tête est qu’on ne s’installe pas indéfiniment dans un incubateur public régional. On ne vient pas pour y rester. C’est un lieu de passage, au début du projet, pour permettre de limiter les risques inhérents à l’innovation, et pour mettre tous les partenaires nécessaires autour de la table pour soutenir ce projet. C’est une discussion continue entre responsable de l’incubateur et projets incubés.
Et une fois la décision de départ prise, l’entreprise n’est pas livrée à elle-même. « Citydev, partenaire de la région, est alors impliqué et intervient pour accompagner l’entreprise sortante. Elle l’aide à trouver un nouvel hébergement pérenne et qui permette à l’activité de continuer », insiste Ludivine Rattin qui conclut : « Il est évident que tout l’écosystème entrepreneurial bruxellois reste présent pour les entreprises après leur départ. Les opportunités offertes par la Région leur demeurent accessibles. »