Découverte d’un service de hub.brussels encore trop peu connu en dépit de son efficacité et rencontre avec un ancien banquier qui met son expérience au service des entrepreneurs bruxellois.
Qui n’a jamais ressenti un peu de stress en se rendant à un rendez-vous bancaire ? L’institution reste impressionnante, et les enjeux souvent cruciaux, qu’il s’agisse de sortir son entreprise d’un mauvais pas ou de lui donner les moyens de prendre une nouvelle envergure. Le vocabulaire est souvent compliqué et les résultats parfois décevants, voire angoissants.
Confidentialité, gratuité et neutralité
Pourtant, tout n’est pas perdu, loin de là ! Depuis bientôt quatre ans, hub.brussels propose aux entrepreneurs bruxellois les services d’un Médiateur de crédit, un spécialiste de la matière, un tiers neutre et impartial dont l’intervention est gratuite et surtout confidentielle. « Il est déjà assez difficile pour un entrepreneur en position délicate de venir déballer ses problèmes à un inconnu, explique Fabrice Dury, le médiateur. Il doit être certain que sa démarche restera confidentielle. » Un interlocuteur aussi qui porte un regard rigoureux mais bienveillant sur les dossiers qui lui sont soumis et est déterminé à aider les entrepreneurs à trouver une solution à leur problème.
La médiation de crédit de hub.brussels expliqué en deux minutes.
Médiation libre
Fabrice Dury possède un profil parfait pour cette mission. Certes atypique au sein de l’administration, mais idéal pour jouer ce rôle encore trop peu connu. Après avoir ébauché une carrière d’enseignant en géographie-histoire-sciences sociales par goût du social, il se réoriente rapidement vers le monde bancaire. Pendant une vingtaine d’années, il y exerce différentes fonctions commerciales auprès des indépendants et PME, de grandes entreprises et finalement des hôpitaux, des hautes écoles et autres structures importantes à Bruxelles et dans toute la Wallonie par intérêt pour le monde de l’entreprise. Parallèlement, il décroche un master en gestion à l’UCL et boucle une formation de deux ans à Saint-Louis pour obtenir le titre de médiateur agréé en matière civile, commerciale et sociale. « Bien que chez hub, j’intervienne dans le cadre de la médiation libre, insiste-t-il. Cela signifie que les banques n’ont aucune obligation de répondre à mes sollicitations et qu’elles restent libres de leurs décisions. Je joue donc clairement un rôle de facilitateur. » Un facilitateur dont l’utilité et l‘efficacité ne sont plus à démontrer.
Rigueur et bienveillance
Il martèle : « Aux trop nombreux entrepreneurs qui s’avouent rebutés par cette matière, je dis que s’ils ne s’intéressent pas à la finance, la finance s’intéressera à eux, et qu’alors ils seront morts ! » Et il détaille à propos de son rôle : « J’aide toutes les entreprises bruxelloises qui ont essuyé un refus, une modification de position ou toute autre décision défavorable de leur banque à redresser la situation. Je travaille à 90% en ‘off’. C’est-à-dire que j’essaie de rendre l’entrepreneur indépendant, capable de se débrouiller seul face à son banquier. Je le reçois et je discute avec lui, je l’écoute exposer le projet qu’il veut financer ou le problème qu’il a rencontré avec sa banque, j’examine les chiffres qu’il m’a amenés et je fais une analyse financière de la situation. Souvent, les banques n’expliquent pas clairement les raisons de leur refus alors qu’elles sont censées le faire. Je montre donc à mon interlocuteur pourquoi sa démarche a échoué, ce qui ne tenait pas la route ou ce qu’il faut changer dans la présentation, pourquoi et comment il faut négocier avec sa banque, argumenter, présenter des contrepropositions. En plus, j’élabore des ‘plans B’ en incluant des produits que le public ne connaît pas ou mal. Beaucoup d’entrepreneurs ont toutes les cartes en main, mais ne savent pas comment les présenter. »
Accompagnateur de crédit
Il s’agit donc ici plutôt de restructuration de la demande et d’une sorte de coaching de l’entrepreneur dans lesquels Fabrice Dury utilise toutes les ressources de ses expériences professionnelles précédentes : « Je me définis plutôt comme un accompagnateur de crédit, confie-t-il. Mon rôle est d’accompagner l’entrepreneur pour l’aider à comprendre ses dossiers, à comprendre ce qu’il peut demander et comment négocier. J’inclus une approche pédagogique dans mon intervention mais je fais aussi appel aux connaissances acquises durant ma carrière dans la banque pour structurer les demandes des entrepreneurs qui se confient à moi. » Une expérience bien utile aussi dans 10% des cas qui lui sont soumis, pour lui permettre d’intervenir directement auprès des banques quand celles-ci ont pris des décisions manifestement disproportionnées avec la situation de l’entreprise.
Fabrice Dury prend en tout cas son rôle à cœur, lui qui confie dans un sourire : « Quand un dossier dont je me suis occupé se conclut positivement, quand le discours que j’ai tenu, la stratégie que j’ai mise en place avec l’entrepreneur a fait mouche, je suis ravi ! »
Et si rien ne va plus
Malheureusement, malgré toute la bienveillance, la compétence et le professionnalisme de Fabrice Dury, il peut arriver qu’un dossier se révèle sans espoir. Le médiateur insiste : il ne laisse jamais tomber personne, rappelle systématiquement tout le monde et consacre à chaque dossier le temps nécessaire. Parfois un simple coup de fil suffit, parfois une analyse détaillée du dossier, une longue réflexion et plusieurs réunions sont nécessaires, qu’importe. « Au fil de ma carrière, je me suis constitué un réseau professionnel très diversifié, indique-t-il. Je ne manque donc pas de réorienter ces entrepreneurs vers des structures mieux à même de les aider et les protéger : le CED (Centre pour Entreprises en Difficulté), l’aide mise en place par la région dans le cadre de la PRJ/médiation bien sûr, le tribunal d’entreprises de Bruxelles avec ses médiateurs d’entreprises, etc. »
Pourquoi pas vous ?
Depuis la fin de la crise sanitaire, Fabrice Dury prend en charge environ un dossier par semaine, pour des entreprises de une à une bonne cinquantaine de personnes, tous secteurs confondus, avec huit à dix gros dossiers par an. Mais il pourrait en traiter plus.
« Heureusement, mes collègues de hub.brussels connaissent de mieux en mieux la nature de mes interventions, constate-t-il. Cependant, l’initiative doit venir de l’entrepreneur. Je ne contacte jamais personne spontanément ou sur recommandation. C’est l’un des principes de la théorie de l’engagement. Quoi qu’il en soit, tout le monde est bienvenu dès qu’il en ressent le besoin et chacun peut me contacter sans crainte dès qu’un malaise avec la banque se dessine! »
Malheureusement, trop d’entrepreneurs sont dans le déni, comprennent difficilement leurs propres chiffres, évaluent mal l’ampleur des enjeux et s’adressent au médiateur lorsque la situation est déjà fortement dégradée. C’est pourquoi Fabrice Dury a un conseil simple à leur transmettre : « Transparence, transparence et anticipation ! Lorsqu’on sent que la situation est en train de se tendre, il faut directement en parler à sa banque ou chercher de l’aide. » Pour aider l’entrepreneur à cette introspection, le médiateur lui propose de répondre à trois questions simples :
- Qui (suis-je) ?
- Quoi (qu’ai-je envie de faire ou besoin de résoudre) ?
- Comment (fonds propres, crédits d’investissement, leasings,…)
Et il attend bien sûr l’appel de ceux qui éprouveraient des doutes ou sentiraient poindre des difficultés. Ils seront en de bonnes mains.
Interview: Catherine Aerts
« Transparence, transparence et anticipation ! Lorsqu’on sent que la situation est en train de se tendre, il faut directement en parler à sa banque ou chercher de l’aide. »
Fabrice Dury, médiateur de crédit au sein de hub.brussels