Crise Covid, crise énergétique, inflation, difficultés à trouver du personnel… de nombreux obstacles se sont dressés ces dernières années sur le chemin des restaurants et des cafés de notre capitale. Cependant, ces problématiques n’ont pas éteint la flamme de nombreux entrepreneurs et entrepreneuses en herbe, qui font fi des risques en se lançant malgré tout dans le secteur. Sur base de leur expérience, voici les 7 choses essentielles à avoir en tête quand on a l’intention d’ouvrir un établissement HoReCa à Bruxelles.
1. Travailler dans l’HoReCa avant de se lancer
Nul n’ignore qu’exploitant d’une activité HoReCa est un métier exigeant par de multiples aspects : horaires (très) soutenus, règles AFSCA, stress, clients (parfois) mécontents… Pour se lancer dans le secteur, il est donc vivement conseillé d’avoir une expérience d’au moins quelques mois, que ce soit comme étudiant.e, salarié.e… Vivre le métier de l’intérieur est nécessaire pour avoir une bonne vision des différentes tâches à exécuter au quotidien, et se rendre compte des difficultés que les exploitants rencontrent dans la gestion de leur établissement.
J’ai cru qu’avec 25 ans de carrière derrière moi j’avais bien assimilé le métier, mais on doit sans cesse se réinventer. — Sébastien, Brasserie Le Central
Au vu des difficultés actuelles auxquelles les HoReCa doivent faire face pour engager du personnel qualifié, vous n’aurez pas trop de mal à trouver un restaurant ou un bar qui sera prêt à vous employer ! Profitez-en pour aller vous faire la main dans un établissement qui propose quelque chose d’assez similaire à ce que vous souhaitez vous-même proposer. Une bonne manière d’être engagé.e rapidement dans le secteur est de faire appel à Actiris, qui pourra vous mettre en contact avec un l’employeur idéal, après analyse de vos desideratas. Le statut de flexi-jobber ou d’extra peut également être intéressant pour vous et/ou l’employeur.
Canopée nous a prêté sa cuisine afin qu’on puisse d’abord s’assurer de trouver un écho sur le marché avant de s’installer. Il ne faut vraiment pas hésiter à toquer aux portes ; il y a une grande solidarité dans l’HoReCa — Pauline et Guillaume, Kitsune Burge
N’hésitez vraiment pas à discuter avec des gérant·e·s d’établissements pour connaitre leurs défis, challenges et contraintes. La force du réseau est très importante dans l’HoReCa.
2. Se faire accompagner et se former
Il existe à Bruxelles de nombreuses structures d’accompagnement et centres de formation qui vous permettront d’être préparé.e au mieux pour lancer votre projet. Et c’est encore plus vrai pour l’HoReCa ! Si vous voulez vous lancer dans le secteur, de nombreuses solutions d’accompagnement et de formation gratuites ou peu onéreuses s’offrent à vous.
Citons en premier lieu les Guichets d’économie locale (il y en a 6 en tout sur le territoire bruxellois), qui pourront vous soutenir dans la préparation de votre projet que ce soit au niveau de l’étude de marché, du Business Plan, du choix de la forme juridique,… etc. Last but not least : ils pourront vous aider dans la recherche de financement, en vous aidant notamment à optimiser votre dossier de demande de crédit. L’avantage de ces structures c’est qu’ils peuvent accompagner tous les profils : salariés, chercheurs, d’emploi, allocataires du CPAS, indépendants, etc. La seule condition c’est d’avoir un projet sur le sol bruxellois !
Il existe également des structures d’accompagnement dédiées aux chercheurs d’emploi bruxellois. L’une d’elles, Refresh, accompagne gratuitement les chercheurs d’emploi qui ont un projet dans l’alimentation durable. N’hésitez donc pas à faire appel à eux si vous rentrez dans les conditions ! A noter que si vous êtes chercheur d’emploi inoccupé inscrit chez Actiris et que vous êtes accompagné.e par l’une de ces structures d’accompagnement, vous pouvez bénéficier de la prime indépendant, qui s’élève à 4000 €.
Pour ce qui est des formations, plusieurs possibilités s’offrent à vous. Un incontournable est Horeca Forma Be Pro, centre de formation situé à Anderlecht et dédié au secteur. Certaines de leurs formations s’adressent aux chercheurs d’emploi et d’autres aux (futurs) chefs d’entreprise. N’hésitez pas à aller jeter un coup d’œil à leur catalogue de formations, qui est très riche et qualitatif !
Et si vous souhaitez améliorer vos compétences en gestion, la Formation Accélérée en Gestion (FAG) de l’EFP (d’une durée d’environ 4 mois) vous sera certainement très utile. Si vous préférez des sessions courtes, Passeport Réussite propose des modules de 3 heures sur une multitude de thématiques liées à l’entrepreneuriat, à un prix très démocratique.
Il peut également être intéressant de s’affilier à la Fédération Horeca Bruxelles, qui représente et défend les acteurs du secteur. La Fédération propose à ses membres une assistance juridique, des formations, des workshops, du réseautage, etc.
3. Connaitre sa clientèle-cible et choisir le lieu en conséquence
Quand on se lance dans l’HoReCa, le choix du lieu d’activité est primordial, encore plus que dans d’autres secteurs. Avant que vous partiez à la recherche de la surface commerciale idéale, il est donc essentiel de bien déterminer votre public-cible. En fonction du public visé, vous pourrez alors cerner un ou plusieurs quartier(s) qui vous permettront d’attirer cette clientèle.
Un outil gratuit développé par hub.brussels, analytics.brussels, permet d’obtenir des statistiques sur les différents quartiers commerçants de la capitale, et notamment le nombre de restaurants déjà existants dans tel ou tel quartier. Une véritable mine d’or, quand on hésite par exemple entre plusieurs quartiers commerçants pour installer son futur établissement !
Les coaches de l’équipe Retail de hub, forts de leurs connaissances des différents quartiers commerçants du territoire bruxellois et du soutien de l’outil Analytics, pourront vous aider à choisir l’emplacement idéal pour votre projet.
Par ailleurs, l’outil Inventimmo de Citydev, qui fonctionne à la manière d’Immoweb, vous permet de consulter les annonces de surfaces commerciales à louer et à vendre, qui correspondent à vos critères de recherche. Si vous êtes curieux.se de voir quels sont les prix demandés pour une location commerciale, faites-y déjà un tour !
4. Vérifier l’affectation du lieu
Une fois que vous avez trouvé un lieu pour y installer votre bar, restaurant,… nous vous conseillons d’aller sans tarder à la commune dans laquelle se trouve le lieu, pour en vérifier la situation de droit. Vous pourrez ainsi voir si la destination et/ou l’utilisation du lieu correspond bien à votre activité ou encore si la cheminée professionnelle, la couleur de la façade, la couverture de la cour,… ont bien été approuvées par un permis d’urbanisme. Il existe en effet de nombreux actes et travaux soumis à permis d’urbanisme.
Si ce n’est pas le cas, vous devrez alors introduire un permis d’urbanisme, par exemple, pour changer l’utilisation du bien. Cette procédure peut prendre plusieurs mois…et il y a toujours un risque de refus !
En théorie, tant que vous n’avez pas obtenu le permis, vous n’êtes pas autorisé.e à exercer votre activité. L’idéal est donc d’installer votre activité dans un lieu qui correspond à votre projet HoReCa.
L‘équipe Urbanisme & Environnement de hub.brussels peut vous accompagner dans vos démarches de demande de permis d’urbanisme et/ou d’environnement. Utilisez aussi le module « mes permis » pour challenger votre projet.
Une autre solution est de reprendre une entreprise existante, que ce soit sous la forme de fonds de commerce ou de parts de société. N’hésitez pas à consulter les sites affairesasuivre.be et plateformedetransmission.be, qui proposent des annonces d’entreprises à reprendre en Région bruxelloise, notamment dans le secteur HoReCa. Il existe également le site cessiondecommerce.be, qui est spécialement dédié aux établissements HoReCa à céder et aux locations de surfaces commerciales HoReCa.
Si vous envisagez de reprendre un fonds de commerce (ou une société) pour vous lancer, Reload Yourself vous propose un accompagnement pour vous assurer de faire le bon achat : analyse de l’opportunité et de l’adéquation avec votre projet, prix d’achat, montage financier, documents juridiques pour encadrer l’achat… Last but not least : au-delà des aspects purement liés à la reprise, Reload Yourself vous conseillera sur l’ensemble de votre projet ! La seule condition, c’est d’avoir un projet sur le sol bruxellois ou d’être domicilié à Bruxelles.
5. Bien fixer ses prix
Si on tient compte de tous les coûts fixes et variables, les marges bénéficiaires dans l’HoReCa sont généralement assez faibles, si bien que certains exploitant.e.s de restaurants ou cafés bruxellois ont bien du mal à dégager des bénéfices malgré le fait que leur établissement soit complet tous les soirs! Il est donc essentiel de bien travailler sur son « food cost », qui correspond au coût de la préparation des plats au menu de votre établissement. Les structures d’accompagnement citées ci-dessus (guichets d’économie locale et Refresh notamment) pourront vous aider à optimiser votre « food cost ».
Un des éléments influençant le « food cost » est le choix des fournisseurs. Les clients étant de plus en plus exigeants en termes de qualité des aliments proposés, il est clairement conseillé de vous fournir autant que possible en produits frais, bio et locaux, et de communiquer à ce sujet auprès de vos clients. Ceux-ci seront souvent disposés à payer leur plat un peu plus cher s’il s’agit de produits répondant à ces critères.
Le Bottin Good Food développé par Bruxelles Environnement met en exergue une liste de fournisseurs bruxellois qui proposent des produits de qualité, que ce soit au niveau des fruits, légumes de saison, viandes, poissons, etc. Il serait dommage de s’en priver !
6. Engager du personnel compétent
Il est devenu très difficile de trouver du personnel dans l’HoReCa. Cela est d’autant plus vrai depuis la crise Covid, période durant laquelle de nombreux travailleurs du secteur, longtemps au chômage technique pour cause de confinement forcé, se sont tournés vers d’autres professions. Difficile également de juger du nombre de personnes à engager, les moments d’affluence étant parfois fluctuants.
Il s’agira donc d’aller observer ce qui se fait ailleurs en matière de personnel et de trouver des personnes n’ayant pas peur de se retrousser les manches. Le défi est de pouvoir entrer en relation avec eux et de les motiver à travailler avec vous.
Il est aussi possible d’utiliser d’autres canaux pour trouver les perles rares. Parmi les solutions à votre disposition, il y a le service Employeurs d’Actiris, qui vous aidera gratuitement dans la recherche de personnel répondant à vos critères, vous informera sur les aides à l’emploi (stage First, plan Activa, FPI,…) et dans vos démarches de recrutement. N’hésitez pas à déjà aller jeter un œil à la page dédiée à ce service !
“Actiris a organisé une rencontre en mode speed dating pour restauration urbaine. C’était super intéressant car tu trouves direct les bons profils.” — Pauline et Guillaume, Kitsune Burger
“J’ai pris des petits jeunes qui n’en touchaient pas une et je les ai formés. C’est ça l’avenir : miser sur celles et ceux qui en veulent.” — Sébastien, Brasserie Le Central
7. Bien penser sa communication
Il ne faut pas se le cacher : il y a une grande offre en matière d’HoReCa à Bruxelles, avec des établissements installés depuis très longtemps et à la clientèle solide et fidèle.
Il est donc indispensable de communiquer efficacement, déjà des semaines avant l’ouverture de votre enseigne, avec une présence forte sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, TikTok, etc.). Il est important également d’être bien référencé sur les moteurs de recherche. Cela vaut souvent la peine de « payer » Google pour être situé en tête liste quand vos clients potentiels tapent des mots-clés liés à ce que vous proposez.
Veillez aussi à vous montrer créatif.ve pour attirer les gens dans votre établissement : organisation d’événements spéciaux, carte de fidélité, concours, lunchs à prix réduits, etc. La communication offline n’est pas à négliger : intégration locale, à l’échelle du quartier, rencontrer les autres commerçants, les associations de commerçants ou autres acteurs impliqués dans les quartiers.
Si vous ne vous sentez pas prêt.e à vous occuper vous-mêmes de votre communication, n’hésitez pas à faire appel à une agence de com’ qui pourra vous aider à mieux vous faire connaitre auprès de votre public-cible. Vous pourrez en plus être remboursé.e en partie de ces dépenses en bénéficiant des subsides de Bruxelles Economie et Emploi, que ce soit en tant que candidat-entrepreneur.e ou en tant qu’entreprise existante.
N’hésitez pas non plus à faire appel à l’Agence digitale solidaire, qui grâce au soutien financier du gouvernement bruxellois, propose gratuitement ses services en marketing digital.
Kokotte, l’incubateur HoReCa
En plus de tout ce qui a été mentionné dans cet article, sachez que vous pouvez tester votre projet Horeca pendant 4 mois grâce à Kokotte, l’incubateur Horeca de hub.brussels. Toute une série de services vous sont proposés dans le cadre de cet incubateur : mise à disposition d’un espace restaurant clé en main – avec une cuisine professionnelle – pour un loyer modéré, accès à des formations collectives gratuites, accompagnement dans l’élaboration et le suivi de votre plan financier ainsi que des coachings individuels en marketing digital, retail design, hygiène et sécurité alimentaire, gestion des ressources humaines et mise en place et suivi d’une stratégie Good Food. Une excellente manière de mesurer tout le potentiel de votre nouveau concept!
“On est passés par Kokotte il y a deux ans. Cela nous a permis de valider plein d’hypothèses (menu, pricing, ...), de sortir de notre cuisine et de travailler notre relation client. Ça nous a confortés dans notre idée et permis d’avoir un resto clé en main sans investissements et sans prise de risques.”
Pauline et Guillaume, Kitsune Burger