Tout entrepreneur souhaite limiter autant que possible les pertes dues aux impayés ou aux faillites. Toutefois, comment savoir si l'une de vos relations d'affaires se trouve dans une situation financière difficile et n'est peut-être plus en mesure de faire face à ses engagements ? En restant attentif à un certain nombre de signaux d'alarme, vous éviterez de vous retrouver, vous aussi, parmi les perdants...
Il est moins difficile qu'on ne le pense à première vue de prédire quand une entreprise fait face à des vents contraires. En effet, les entreprises qui se dirigent vers la faillite envoient les premiers signaux inquiétants plusieurs années auparavant, même si la valeur des différents signaux n’est pas équivalente. Le bureau d'étude Graydon, qui fournit diverses informations sur la stabilité financière et les opportunités de croissance des entreprises, a soigneusement répertorié un certain nombre d'indicateurs négatifs.
1. Une rentabilité négative deux années consécutives
La rentabilité est importante pour la continuité d'une entreprise. La rentabilité est le rapport entre le bénéfice réalisé et le capital investi. Elle indique par conséquent le bénéfice qu'une entreprise réalise pour chaque euro investi.
Une rentabilité négative chronique signifie que l'entreprise n'est pas en mesure de faire face à l’ensemble de ses charges avec ses revenus. Cette évolution réduit la valeur des fonds propres et porte atteinte à sa capacité à trouver des financements sur le marché et à réaliser des investissements.
Vous pouvez trouver les données de calcul de la rentabilité dans le compte de résultats et dans le bilan d'une société.
2. Le ratio de liquidité est inférieur à 0,5.
La comparaison des encaissements et des décaissements donne une information sur la liquidité d'une entreprise. Si les rentrées de fonds sont insuffisantes pour payer les dettes à court terme et que l'entreprise ne parvient pas à obtenir de crédit supplémentaire, des difficultés de trésorerie apparaissent. La liquidité indique par conséquent si une entreprise est en mesure de satisfaire à ses obligations de paiement à court terme. Vous pouvez calculer le ratio de liquidité de différentes manières. Un ratio de 1,5 est un bon niveau.
Bien que ce ratio soit souvent pris en considération par les banques et les investisseurs, Graydon considère qu'il s’agit de l'un des indicateurs les moins pertinents à court terme.
3. Le taux d'endettement est supérieur à 100 %.
La qualité de crédit d'une entreprise se mesure par sa capacité à faire face à ses engagements par ses propres moyens. Le ratio d'endettement, également appelé « solvabilité », peut être considéré comme le rapport entre les fonds propres ou le total de l'actif et les fonds étrangers. Si le taux d'endettement est supérieur à 100 %, la totalité du fonds de roulement ne suffit plus à payer toutes les dettes. L'entreprise a donc davantage recours à l’endettement qu’à ses propres ressources, ce qui n'est pas tenable à long terme.
Plus le ratio d'endettement est faible, plus la base financière de l'entreprise est saine et plus les banques ou d’autres bailleurs de fonds vous prêteront des fonds facilement. Vous trouverez les éléments nécessaires au calcul du taux d'endettement dans les comptes annuels des sociétés.
4. Les fonds propres sont inférieurs à 50 % du capital.
Les fonds propres (capital libéré, réserves, bénéfice reporté) correspondent à ce que possède une entreprise, moins les dettes. Lorsqu’une entreprise n’est pas en mesure de reporter des réserves ou des bénéfices aux exercices suivants, ce poste baisse. Si, lors de l'établissement de vos comptes annuels, vous constatez que l'actif net de votre société représente moins de la moitié du capital social, vous devez suivre la procédure de la sonnette d’alarme.
5. Les paiements sont effectués lentement ou ne sont pas effectués.
Dans la pratique, des scores de paiement faibles sont révélateurs de sérieux retards au niveau des transactions de paiement et sont plus fréquents dans les entreprises connaissant des difficultés temporaires ou permanentes.
Avez-vous des clients à qui vous devez envoyer régulièrement des rappels ? Dans ce cas, il est particulièrement indiqué de surveiller de près s'ils ne se dirigent pas vers une faillite ou un règlement judiciaire.
6. Le gérant a déjà été impliqué dans une faillite.
Même si les mots « imprudent » et « irresponsable » sont trop souvent utilisés en cas de faillite, les chiffres montrent que la faillite peut avoir un effet boule de neige. 16,95 % des entreprises dont le dirigeant a précédemment été impliqué dans une faillite ont fait faillite en 2017. Une vigilance accrue est donc de mise.
7. Un administrateur provisoire a été nommé.
Lorsqu’une entreprise est en difficulté, le tribunal peut engager la procédure de déchéance préventive et d’administration provisoire. L'administrateur désigné prend alors la direction de l'entreprise et doit immédiatement demander la faillite si nécessaire.
22 % des entreprises à la tête desquelles un administrateur provisoire a été nommé ont fait faillite en 2017.
N.B : depuis la modification du droit des faillites en mai 2018, l'administrateur provisoire s'appelle désormais « praticien de l’insolvabilité ».
8. Les comptes annuels n’ont pas été publiés depuis 2 ans.
Les sociétés soumises à l’obligation de publication doivent déposer les comptes annuels auprès de la Centrale des bilans dans les trente jours suivant leur approbation par l'assemblée générale et au plus tard sept mois après la date de clôture de l'exercice. Ne pas publier les comptes annuels est une ruse courante, mais illégale, pour dissimuler des problèmes financiers.
9. Dettes sociales ou fiscales
Les dettes envers l'administration fiscale ou l'ONSS constituent un signal d'alarme important, car elles montrent que l'entreprise ne respecte pas ses obligations sociales et ne s’acquitte pas de ses charges fiscales et parafiscales. C'est le seul signal pertinent issu directement des comptes annuels.
Vous pouvez obtenir un « bilan fiscal » de vos propres dettes et actifs fiscaux sur https://www.myminfin.
10. L'entreprise est assignée par l’ONSS.
Les employeurs doivent retenir les cotisations personnelles sur le salaire de leurs travailleurs lors de chaque versement de salaire. À cela s'ajoutent les cotisations patronales qu'ils doivent eux-mêmes payer en plus de ce salaire, pour ensuite transférer l'intégralité du montant à l'ONSS. Le paiement des cotisations ONSS est strictement réglementé. Les employeurs qui ne sont pas en ordre de paiement sont assignés en justice.
Les assignations émanant de l’ONSS, du Fonds de sécurité d’existence et de la caisse d'assurance sociale des indépendants sont souvent les signes avant-coureurs de difficultés de paiement supplémentaires.
Ceux qui ne veulent pas s’enfoncer davantage dans les difficultés ont donc intérêt à négocier un plan de paiement avec l’ONSS !
Vous pouvez retrouver certains de ces indicateurs négatifs en analysant les comptes annuels d'une entreprise. Cependant, les chiffres ne disent pas toujours tout ce qu’il faut savoir, et tous les signaux n'ont pas la même importance.
Si vous souhaitez vérifier la qualité de crédit d'un client ou d'un partenaire commercial précis, vous pouvez bien entendu demander un rapport de solvabilité à des institutions professionnelles telles que Graydon, qui collectent et vendent des données financières sur les entreprises. Elles analysent également un certain nombre d’autres « indicateurs » tels que le comportement de paiement ou établissent des scores supplémentaires sur la base de l’historique financier ou de ratios, etc. Vous pouvez donc vous faire une idée très précise de la santé financière de votre futur partenaire.
Quelle est la situation de votre entreprise ?
Ces clignotants sont bien entendu applicables à votre entreprise également. Si vous obtenez de mauvais résultats pour l'un de ces indicateurs, une action s’impose...
Or, de nombreux chefs d’entreprise tardent à agir ou ne disposent même pas d’une vision globale de la situation comptable ou fiscale de leur activité (pas de tableau de bord pour suivre les indicateurs financiers) ! Pourtant, il s’avère que la plupart des difficultés auraient pu être résolues si elles avaient été traitées plus rapidement.
Avez-vous l'impression que les affaires vont mal et que les conséquences peuvent devenir insurmontables ?
Surtout, ne jetez pas d’huile sur un départ d’incendie ! Discutez de vos observations et de vos questions avec un consultant externe ayant un point de vue neutre. Pour ce faire, vous pouvez contacter gratuitement (!) le Centre pour entreprises en difficulté à Bruxelles. L'équipe peut vous conseiller sur tous les aspects qui menacent votre activité tels qu'un accident ou une maladie, des problèmes de personnel, des problèmes financiers, une chute des ventes, des difficultés de remboursement, des amendes sociales....
Un entrepreneur averti en vaut donc deux !
Cet article vous a été proposé en collaboration avec Graydon. Consultez son rapport sur les 13 clignotants.