Une fois n’est pas coutume, partons à la rencontre d’une entreprise qui n’est pas née à Bruxelles mais y a ouvert une antenne il y a trois ans déjà. Autre particularité de Passwerk : il s’agit d’une société à dimension sociale qui offre aux personnes porteuses d’autisme l’occasion de trouver leur place sur le marché du travail.
«Nos consultants ne sont pas tous des ‘rainmen’», précise d’entrée de jeu Roxane Résimont, Account Manager de Passwerk. «En matière d’autisme, on parle d’un spectre très, très large. Nos consultants doivent être capables d’assurer leur mission y compris sur site. C’est pourquoi nos coaches et moi-même avons pour mission d’informer les gens sur ce qu’est l’autisme.
Le mot ‘diversité’ est actuellement très en vogue y compris en matière de handicap. Certaines personnes porteuses d’autisme possèdent en effet d’immenses qualités et compétences valorisables notamment dans le secteur de l’IT. Encore fallait-il fournir à ces personnes un cadre professionnel adapté à leurs spécificités et convaincre les clients potentiels de faire confiance à des consultants sortant un peu de l’ordinaire.
Suivre l’exemple néerlandais et danois
Roxane Résimont détaille la genèse de ce projet totalement original et unique en Belgique: «L’idée se base sur des exemples déjà existants aux Pays-Bas et au Danemark où les compétences de personnes avec autisme sont utilisées dans le domaine de l’IT, un secteur qui en général convient bien aux personnes porteuses d’autisme, où il s’établit une véritable concordance entre elles et le job lui-même. Il y a quatorze ans, deux directeurs actifs dans le domaine de l’autisme ont rassemblé quelques personnes après avoir assisté à une conférence à Varsovie, mais ils ne possédaient pas les compétences requises pour établir un business plan qui tienne la route. C’est pourquoi ils se sont tournés vers Nico De Cleen en Dirk Rombaut qui se sont investi dans cette mission.
Une progression impressionnante
L’initiative rencontre immédiatement le succès. «En 2008 Passwerk a commencé avec quatre consultants. Nous en occupons 160 aujourd’hui», résume Roxane Résimont. L’activité initialement centrée sur le testing des logiciels s’est rapidement élargie aux missions de support, le ‘support processes’, et aux tâches liées à la qualité dans le domaine de l’IT puis finalement, depuis 2017, au développement de logiciels qui occupe aujourd’hui une trentaine de développeurs affectés d’autisme. «Quelle que soit la fonction, le diagnostic d’autisme est en effet un prérequis», précise Roxane Résimont, «mais à partir de là, pas besoin de diplômes pour les testeurs de logiciels. N’importe qui ayant des affinités avec l’IT peut se présenter chez nous et nous le formons en testing de logiciels.»
Les atouts de Bruxelles
Dans la foulée, l’entreprise qui a vu le jour à Brasschaat, au nord d’Anvers essaime un peu partout en Flandre. En 2019, l’antenne bruxelloise ouvre ses portes juste à côté de Tour et Taxis. «Cette démarche était tout à fait logique car avant même d’avoir un bureau à Bruxelles, nous y comptions déjà pas mal de clients», détaille Roxane Résimont. «Dans ce cadre, nous sommes entrés en contact entre autres avec hub.brussels et la CIRB avec laquelle nous collaborons et échangeons assez régulièrement. Nous y avons même un consultant et il était récemment question d’organiser à court terme un webinaire. Cette bonne coopération nous a apporté plus de visibilité, car nous n’étions pas encore connus du côté francophone. Nous avons d’ailleurs déjà eu plusieurs retours très positifs.
Peu de répercussions du Covid-19
L’épidémie de Covid-19 est bien sûr venue perturber l’implantation de Passwerk à Bruxelles, mais Roxane Résimont n’y voit pas que de mauvais côtés: «Être consultant et passer d’un client à l’autre s’avère stressant même pour une personne sans autisme et l’est d’autant plus pour les personnes autistes qui éprouvent des difficultés avec le changement et dans la communication avec autrui. C’est pourquoi les candidats passent une série de tests avant la formation. Nous organisons à leur intention des sessions de formation et d’accompagnement, et nous proposons des séances de sensibilisation à l’autisme à nos clients potentiels. D’une certaine manière, cette crise s’est révélée assez positive pour nous: nos consultants, qui sont censés se rendre chez nos clients pour remplir leur mission, sont désormais soumis comme tous les salariés au télétravail, ce qui est très confortable pour la plupart d’entre eux.
Perspectives d’avenir
Le développement de Passwerk peut donc se poursuivre. À Bruxelles et en Flandre bien sûr, mais aussi -pourquoi pas- en Wallonie. « Cela dépendra des opportunités qui se présenteront à nous », commente Roxane Résimont, « notre but étant d’activer un maximum de personnes présentant un profil du spectre de l’autisme sur le marché du travail en Belgique. »