En créant Bambaw, Max et Augustin de Hemptinne, arrivés dans l’entrepreneuriat au cours de leurs études, ont réussi à faire converger leurs convictions environnementales, leur sens du commerce et leur intérêt pour les relations internationales.
Si vous êtes sensible au « zéro déchet », si vous fréquentez régulièrement les grandes et moins grandes enseignes de la filière bio ou si le commerce en ligne n’a pas de secret pour vous, vous ne pouvez pas ne jamais avoir rencontré d’articles réutilisables, pailles, gourdes ou brosses à dents par exemple, issus du catalogue de Bambaw. Et pourtant, la Belgique n’est pas le marché principal de la jeune entreprise bruxelloise. Voilà qui en dit long sur les performances de la pépite créée par les jumeaux Max et Augustin de Hemptinne en 2016, avant même la fin de leurs études.
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Etudier et entreprendre
« Nous étions alors à la fin de notre master d’ingénieur commercial à l’ICHEC, précise Augustin. Au départ, il s’agissait surtout pour nous de nous faire un peu d’argent de poche et les produits que nous proposions n’étaient pas spécialement durables. Mais de fil en aiguille, il nous a semblé évident que, quitte à nous lancer dans le commerce, autant le faire avec des articles qui correspondent à nos valeurs, qui aient du sens, comme les produits plus durables. » Pour élaborer leur premier catalogue, les deux frères se basent alors sur les listes établies par les ONG qui recensent les produits le plus souvent trouvés sur les plages, c’est-à-dire qui échappent régulièrement au système de recyclage et se retrouvent dans l’environnement. Pour chacun d’entre eux, ils recherchent une alternative réutilisable. Depuis, la gamme s’est évidemment élargie grâce aux retours de la clientèle, aux informations de la communauté, aux discussions avec l’équipe qui s’est progressivement constituée autour d’eux, et aux recherches sur Internet.
Ode à la persévérance
Dès 2017, l’interdiction des plastiques à usage unique conforte les jeunes entrepreneurs dans leur choix et donne une nouvelle impulsion à leur entreprise naissante. Paradoxalement, ce boum sur les produits réutilisables coïncide aussi pour eux avec les premières interrogations, les premières inquiétudes. Augustin estime qu’elles n’ont pas été très nombreuses. Il détaille la principale d’entre elles : « Nous étions confrontés à un véritable dilemme. Devions-nous poursuivre dans la voie de l’entrepreneuriat ou chercher un emploi plus traditionnel ? Grâce à notre formation, nous possédions certes le bagage académique adéquat. Mais la réalité ne correspond pas toujours à ce qui est décrit dans les livres. Heureusement, nous avons persévéré. Nous étions convaincus que nous allions réussir et la suite nous a donné raison ! » Pour autant, le jeune entrepreneur ne nie pas les difficultés rencontrées : « Au début, les rentrées d’argent sont assez faibles alors qu’il faut quand même payer son loyer. Sans compter toutes les petites contrariétés qui s’accumulent au quotidien, énumère-t-il. Il vaut alors mieux bien s’entendre. Ce qui est notre cas, même si Max et moi avons parfois des discussions "d'associés" plus que de frères. Il nous est même arrivé de nous demander si cela valait la peine de continuer. »
Les affres du Brexit
Le Brexit a ainsi été un tournant délicat à négocier pour Bambaw. D’emblée, les deux frères s’étaient tournés vers l’exportation avec une préférence pour le Royaume-Uni, un marché bien plus large que la Belgique, unilingue et surtout très en avance sur notre pays en matière de conscience environnementale. « Quand on se lance, on a envie de foncer et on ne songe pas nécessairement aux implications d’un événement comme le Brexit, constate Augustin. Il est vrai qu’on aurait dû en tenir compte. Avant le Brexit, le Royaume-Uni était notre plus gros marché. Après, les ventes ont été divisées par deux ou trois. La livraison des magasins était particulièrement compliquée. Petit à petit, nos chiffres remontent mais n’ont toujours atteint le niveau d’avant le Brexit. » Et comme si cela ne suffisait pas, l’épidémie de covid s’est juxtaposée au Brexit. Augustin relativise : « Pendant la crise sanitaire proprement dite, la préoccupation écologique était toujours bien présente, mais la période post-covid a été plus compliquée. Du coup, notre courbe de progression s’est un peu aplatie mais nous sommes tout de même satisfaits. Nous avons réuni autour de nous une équipe d’une quinzaine de personnes très motivées, et nous avons ouvert un petit bureau à Barcelone. »
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Soutien à l’exportation
Pour ce déploiement à l’international, les patrons de Bambaw ont pu compter sur l’efficace soutien de hub.brussels qui leur a permis de participer à des missions à l’étranger et a accueilli l’entreprise sur les stands groupés organisés dans différents salons Bio. « C’est ainsi que nous avons pu être présents en Espagne, en Pologne, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en France, précise Augustin de Hemptinne. Nous avons eu l’occasion d’y présenter nos produits, de nous faire connaître, de trouver des partenaires, des distributeurs. L’organisation est excellente, le montant de la participation raisonnable et le soutien appréciable. » Une bonne surprise pour les deux frères qui n’avaient guère cherché d’aide au début de leur aventure entrepreneuriale. « Peut-être est-ce dû à l’expérience que nous avons accumulée, mais j’ai l’impression qu’il est plus facile aujourd’hui de trouver du soutien qu’à nos débuts, constate Augustin. Lorsqu’on se lance, tout est tellement nouveau qu’il est parfois compliqué de savoir vers qui se tourner pour trouver l’information adéquate. À l’époque de la création de Bambaw, les structures d’assistance pour ceux et celles qui voulaient entreprendre tout en continuant à étudier étaient encore balbutiantes. Nous nous sommes contentés de demander des conseils à nos professeur.e.s, surtout en matière de comptabilité. Une structure comme le 1819 où toutes les informations sont regroupées constitue une excellente boîte à outils pour celles et ceux qui veulent se lancer. »
Demain
Loin de se reposer sur leurs lauriers, Max et Augustin de Hemptinne préparent activement l’avenir de Bambaw. En point de vente comme à l’international. « Les magasins physiques rencontrent un problème de rotation avec les produits réutilisables qui par définition n’entraînent pas le même réflexe d’achat répété que leur équivalent à usage unique, explique Augustin. Du coup, certains magasins, qui pourtant apprécient le concept, hésitent à intégrer notre gamme parce qu’elle concurrence des segments très rentables de leur assortiment. Nous voudrions que cela change, mais c’est une tendance difficile à modifier car il faut tenir compte de la logique économique du commerce. » les deux frères ont donc décidé de développer « Arista », une nouvelle marque qui propose des produits consommables tels que les shampooings solides, histoire de respecter leur objectif zéro déchet tout en limitant l’usage des bouteilles en plastique et le transport d’eau. « Et tout en créant une récurrence qui devrait satisfaire les magasins qui commandent chez nous », sourit Augustin qui n’oublie pas un autre objectif prioritaire de Bambaw : les USA. « épargnés par certaines des crises qui frappent actuellement l’Europe, précise-t-il. Et pour ne rien gâcher, le marché du renouvelable qui jusqu’ici paraissait assez calme, y est aujourd’hui en pleine croissance. Nous y avons eu nos premiers contacts — prudents – en 2018. Nous les avons développés avec circonspection. Mais nous croyons beaucoup dans l’avenir de ce marché. »
Conclusion
On le voit, les frères de Hemptinne ont parfaitement trouvé leur place dans le monde de l’entrepreneuriat. Rien d’étonnant donc à ce qu’Augustin affirme, non sans malice : « Si c’était à refaire, nous le referions certainement ! Mais pas de la même manière. Dans le cas contraire, cela signifierait que nous n’avons rien appris ! » Et à propos d’apprendre, il a un petit message pour les aspirants entrepreneurs : « Je leur dirais qu’il y a un moment où il faut se lancer, se jeter à l’eau. Et se fixer des termes et des objectifs. Pour se donner le temps et la liberté de se consacrer à fond à son projet pendant une période donnée avant de tirer les conclusions qui s’imposent. Pour éviter de se disperser ou de baisser les bras trop vite. Le risque serait de rester à mi-chemin de son projet, de ne pas être à fond dedans. »
Plus d'infos sur https://www.bambaw.com/