La Belgique est incontestablement le pays du chocolat. Nos spécialistes, du petit atelier à la grande entreprise, excellent à régaler les papilles en émoi grâce à de multiples interprétations des fèves de cacao. La variété y règne en maitresse. À tel point qu’il n’est pas toujours simple, pour les néophytes, de se faire une place au soleil de la production chocolatière belge. À moins, comme Eugène Chocolatier, d’exploiter une niche originale, comme celle de la pâte à tartiner.
Eugénie Gillot est gourmande par atavisme familial. Elle s’est familiarisée avec la culture du cacaoyer lors d’un séjour d’un an en Equateur et a, dans la foulée, décroché un diplôme du CERIA, option chocolaterie-confiserie à l’issue duquel elle avoue : « Je ne voyais pas bien ce que j’aurais pu apporter en matière de pralines. Il y a déjà tant de créations vraiment délicieuses en Belgique ! »
Se faire une place sur un marché choco-saturé
Eugénie se lance dans le développement à petite échelle de nouvelles recettes pour des commanditaires. Seulement voilà : les machines et la production à grande échelle ne laissent pas beaucoup de place à l’imagination. La jeune chocolatière ne dispose pas de toute la liberté de création qu’elle aurait aimé déployer. Tout comme elle se sent bridée dans sa quête de qualité par les contraintes financières imposées par son client.
C'est toutefois à l’occasion d’une de ces missions qu’elle découvre les diverses facettes de la pâte à tartiner, « un produit intrigant, beaucoup plus complexe à mettre au point qu’on l’imagine », détaille-t-elle.
Elle s’essaie donc à la fabrication de pâtes à tartiner artisanale… qui font rapidement le bonheur de ses proches. Tant et si bien qu’elle finit en 2015 par créer Eugène Chocolatier. Une activité qui devient vite une seconde peau pour cette jeune maman de 27 ans à l’époque. Mais qui demande d’être exercée en personne physique, avec toutes les contraintes que cela induit. Car sous ce statut, peu d’aides disponibles. Faute de moyens, la production se déroule donc en soirée et le week-end, dans un atelier sous-loué.
L’exportation comme moyen de subsistance
Lentement mais sûrement, Eugène Chocolatier prend toutefois de l’ampleur, et devient une société en 2020. Marie Mahieu rejoint alors l’aventure, bientôt suivie par Vincent Mertens, le premier salarié de l’entreprise. Les deux associées ne tardent pas à songer à l’exportation. « Le prix de notre produit, très qualitatif, est plus élevé que celui de la plupart des pâtes à tartiner, et donc peu accessible pour certains ménages. Cela nous oblige à sortir du marché belge », détaille Eugénie Gillot. Premier pays cible : le Royaume Uni où les entreprises bruxelloises peuvent compter sur le soutien et le dynamisme du Délégué général de la Région de Bruxelles-Capitale à Londres, Sam Servaes. Et sur un tout nouveau pop-up store lancé en été 2023 grâce aux deniers européens : la Brussels Boutique.
Les produits d’Eugène Chocolatier trouvent une place de choix sur les étagères étincelantes du pop-up store, situé à deux pas de Piccadilly Circus, lors du focus Food and Drinks en juillet 2023. Ils seront également glissés in extremis dans les 'Brussels discovery boxes' proposées aux distributeurs britanniques à la même période.
Autre étape importante pour Eugène Chocolatier, c’est sa participation avec hub.brussels à la Speciality & fine food fair de Londres en septembre 2023. « Sans cette aide, notre présence aurait été inenvisageable pour des raisons de coût. Or cette foire nous donnait l’occasion de rencontrer et livrer deux clients démarchés précédemment », confie Eugénie Gillot.
En parallèle, Eugène Chocolatier intègre l’Export Accelerator de hub.brussels, programme de préparation à l’exportation sur 10 mois. « Un accompagnement qui nous incite à nous poser les bonnes questions en matière d’exportation ». Car le Brexit a considérablement compliqué les procédures d’exportation.
Des lendemains qui chantent… et qui se mangent
Fort de son succès, Eugène Chocolatier a intégré en 2022 des locaux plus appropriés à sa production à Woluwé-Saint-Lambert, où ses pâtes à tartiner côtoient les pâtons de la boulangerie Levain et les microorganismes de la brasserie Smile Kombucha, pour un hub bruxellois résolument gourmand. « Nous évoluons bien, l’entreprise est saine. Nous aimerions grandir pour atteindre le seuil de rentabilité, ce qui n’est pas encore le cas. Mais nous sommes ambitieuses et nous y croyons », conclut Eugénie Gillot dans un sourire.
Le conseil de l’entrepreneuse
« Avoir un réseau est extrêmement important. Cela prend certes du temps mais on peut apprendre tant de choses au détour d’une conversation en apparence anodine. Cela permet aussi de sortir de la solitude de l’entrepreneuriat, qui peut se révéler pesante. Cultivez votre réseau ! »
Eugénie Gillot, fondatrice d’Eugène Chocolatier
Plus d’infos : https://eugenechocolatier.be/fr/