Telle est la devise de ce jeune entrepreneur de 36 ans qui a installé son entreprise spécialisée dans l’impression 3D, un secteur à la pointe de l’innovation, dans un quartier en pleine mutation. Quoi de plus logique?
Expliquez-nous le concept d’Unic 3D Printing
Nicolas Usuwiel : Nous sommes spécialisés dans la vente d’imprimantes 3D premium et parallèlement, nous proposons un service d’impression à la demande, de design et de scanning en 3D. Autrement dit, inutile d’être un spécialiste de la 3D pour s’adresser à nous. Il suffit par exemple de nous confier un croquis pour que nous matérialisions l’idée en petite, moyenne ou (très) grande dimension jusqu’à 2m50. Chacun peut vraiment laisser s’exprimer sa créativité en fonction de son secteur d’activité.
En effet, l’impression 3D est réalisée à base de différents polymères. Nous encourageons nos clients à surtout utiliser le PLA ou acide poly lactique, de l’amidon issu du maïs, matériau biodégradable qui ne dégage aucune fumée toxique et ne polluera pas nos océans. Il existe par ailleurs d’autres types de polymère dérivés du pétrole, un peu moins écoresponsable mais mieux adaptés à certaines utilisations. On peut aussi mélanger les matériaux, élaborer des composites pour imprimer en bois, en métal, en fibre de carbone mélangés avec du PLA ou du nylon. On peut ainsi obtenir des objets très rigides et résistants, d’autres souples et flexibles.
Notre clientèle est constituée à 80% de professionnels en général plus enclins que le grand public à adopter rapidement les nouvelles technologies. Les particuliers manquent encore de formation, d’éducation en la matière… même si l’on estime que d’ici une dizaine d’années environ trois ménages sur cinq posséderont une imprimante 3D à domicile.
C’est pourquoi nous organisons de nombreuses formations. Nos portes ouvertes mensuelles nous permettent, en présentant le fonctionnement de l’impression 3D, les logiciels, les matériaux, les domaines d’application etc, de casser énormément de barrières. Il est clair que la Belgique est un peu en retard par rapport aux Pays-Bas, à l’Allemagne et la France qui ont déjà intégré notre technologie à leurs différents cursus. Nos étudiants ne sont pas assez formés. A l’issue de leurs études, il faut leur expliquer le bienfondé de l’impression 3D. Mais dès qu’ils voient une imprimante 3D fonctionner, qu’ils en découvrent le coût et les logiciels accessibles, ils se rendent compte que c’est simple et sont rapidement convaincus.
Parmi nos clients, nous comptons principalement des architectes pour leurs maquettes d’architecture, des ingénieurs et designers intéressés par l’impression 3D principalement dans un but de prototypage, ou encore le secteur médical et en particulier les dentistes et les chirurgiens. Les premiers ‘exportent’ la mâchoire de leur patient pour améliorer le travail des prothésistes ou impriment des guides ‘biocompatibles’ intégrables dans la bouche tandis que les seconds peuvent se préparer à une intervention sur une impression 3D de l’organe à opérer ou concevoir des outils spécifiques nécessaires à leurs interventions.
Il s’agit d’une technique peu onéreuse malgré que tous les outils soient uniques ou en petite séries développés spécifiquement pour chaque patient. Nous collaborons ainsi avec une startup bruxelloise qui développe des plâtres alvéolés. Nous comptons d’ailleurs beaucoup de startups parmi nos clients. Le secteur de la mode et les artistes ont aussi recours à nos services. Bref, nous sommes vraiment là pour assister et aider les entreprises, quelle que soit leur taille, à intégrer ce type de technologie dans leur processus opérationnel.
Comment est né votre concept ?
N.U. : J’ai étudié le marketing puis entamé une carrière professionnelle dans ce domaine mais je suis assez manuel, j’ai toujours aimé bricoler. Après avoir vainement essayé de construire avec des outils traditionnels une lampe que j’avais conçue, je me suis rendu dans un fablab. C’était il y a un tout petit peu plus de quatre ans. J’y ai utilisé l’impression 3D dont je suis littéralement tombé amoureux. Le potentiel de cette technologie m’a bluffé. Petit à petit, l’idée de me lancer dans ce créneau a germé. J’ai utilisé mes compétences professionnelles pour étudier le concept. Je me suis rendu compte qu’il y avait de la place et surtout qu’il n’y avait encore personne de sérieux à Bruxelles. J’ai donc monté mon projet, je suis devenu opérationnel, je suis passé devant le notaire et j’ai créé l’entreprise en novembre 2015. J’ai enfin ouvert le magasin en mars 2016.
Comment décririez-vous le processus de création d’Unic 3D ?
N.U. : J’avais du mal à concilier mon emploi salarié et le développement de mon concept. J’ai donc démissionné, peut-être un peu hâtivement. En effet, il faut du courage pour tout abandonner quand on jouit d’une situation financière assez confortables, on se pose des questions. Au bout d’environ six mois de travail à domicile, seul, sans accompagnement, j’ai brusquement ressenti une baisse de motivation. Il fallait que je retrouve un environnement de travail. J’ai donc intégré le BetaCowork à Etterbeek, ce qui m’a donné un deuxième élan: parmi tous ces professionnels que je côtoyais, certains, dont des juristes et des designers, m’ont prodigué de précieux conseils.
Autre difficulté: les banques. Il n’est pas facile de trouver un partenaire financier qui vous inspire confiance et vous montre qu’il est là pour vous accompagner et pas uniquement pour attendre le remboursement du prêt qu’il vous a accordé. En plus, je proposais un concept tout à fait nouveau où tout était à inventer, ce qui augmente l’incertitude.
Ensuite, il a fallu trouver un magasin, effectuer les travaux d’aménagement, créer le site Internet véritable vitrine indispensable pour la vente en ligne, et engager mon premier employé qui m’accompagne depuis le début.
Pour être franc, la première année a été extrêmement compliquée parce qu’il faut se faire connaître, construire sa réputation et sa e-réputation. Pendant un an et demi, je ne me suis pas payé. Mais la récompense est au bout du chemin. Après deux ans de tâtonnements, notre positionnement basé sur du matériel premium et un service axé plutôt sur la clientèle professionnelle nous a valu des retours très positifs et surtout des clients fidèles.
Où et comment avez-vous trouvé de l’aide ?
N.U. : Je n’avais jamais créé de plan financier pour moi-même si bien que je me retrouvais confronté à des questions que je ne m’étais jamais posées. Un autre utilisateur du BetaCowork m’a conseillé de consulter hub.brussels et 1819. J’y ai rencontré Rodolphe d’Udekem qui m’a remis sur les rails en m’indiquant ce qui convenait ou pas. Il m’a montré par où il fallait aller. Il m’a expliqué tous les subsides dont on connaît l’existence sans savoir vraiment comment faire et qui ne sont pas toujours si faciles à obtenir. Pour cela, je me suis adressé à chasseurdeprimes.be, une entreprise bruxelloise qui analyse votre dossier et se charge de toutes les démarches moyennant une commission sur les subsides obtenus. C’est vraiment très pratique surtout pour un entrepreneur comme moi qui lance son concept tout seul.
Au moment de soulever un emprunt, parce que les banques se montraient frileuses, 1819 m’a donc conseillé le Fonds Bruxellois de Garantie. Il se porte garant à 80% de l’emprunt que vous demandez à la banque. Mais il faut lui présenter un business plan et un plan financier qui tiennent la route ! Cela a été un nouveau challenge, mais une fois que le Fonds Bruxellois de Garantie a accepté de se porter garant, le discours des banques a complètement changé !
Toutes ces aides étaient vraiment très précieuses.
Comment voyez-vous l’évolution de votre entreprise ?
N.U. : Actuellement, ne vendre que des machines n’est pas rentable. Ne faire que du service d’impression non plus. Les deux combinés, cela l’est. Mais je ne peux pas dire ce qu’il en sera dans dix ans. Toute la question est là: savoir vers où mon concept va se diriger et quelle est la direction à privilégier. Nous sommes dans un secteur qui aujourd’hui encore doit trouver sa voie. Il démarre doucement, est en perpétuelle évolution mais ne descend pas.
Je suis toujours le seul dans mon créneau à Bruxelles. Il existe deux autres boutiques similaires à Gand et à Anvers, une à Namur, et à Hasselt une entreprise qui ne fait que de la vente de matériel sur Internet. Mon objectif est clairement de m’étendre. Dans un premier temps, pour mon expansion en Belgique, je compte engager un(e) assistant(e) polyvalent(e) puis un responsable commercial. Ensuite je voudrais développer le concept en franchise et ouvrir d’autres Unic-3D dans des villes de plus de 100.000 habitants. Je privilégierais les grandes capitales européennes où il y a encore beaucoup de place, Londres où on ne trouve que deux ou trois concepts comme le mien, Paris, Berlin.
Quels conseils donneriez-vous à un aspirant-entrepreneur ?
N.U. : Il faut avant tout bien s’entourer. Si l’on s’associe, ne pas choisir un ami. J’ai eu personnellement une expérience assez négative à cet égard en début de parcours.
Ensuite, il faut chercher de l’aide. On ne se rend pas compte à quel point les possibilités sont nombreuses, particulièrement du côté de la Région. Il faut se bouger, consulter les services de 1819 qui sont là pour donner des informations. Il faut profiter de tout ce qui existe, faute de quoi on perd beaucoup de temps. Intégrer un espace de coworking pour développer les prémices de mon activité fut aussi une des décisions les plus productives. Et puis aujourd’hui, il faut vivre avec son temps, posséder un site Internet attractif, faire de la vente en ligne, utiliser les média sociaux, viser au-delà des frontières: grâce à mon site d’e-commerce, je livre jusqu’aux Amériques, Moyen-Orient et Afrique.
Unic-3D Printing, Rue de Dublin 27, 1050 Ixelles, https://unic-3d.com/fr/