Quand il a créé sa petite entreprise il y a une dizaine d'années, Olivier Olbrechts l'avait baptisée PC Genius. Mais avec l'essor des smartphones, l'évolution technologique et les attentes des clients, le business de l'entreprise a évolué. Le nom de l'entreprise aussi puisqu'aujourd'hui, elle s'appelle Mister Genius et depuis sa base et son succès bruxellois, elle se prépare à couvrir l'ensemble du pays avant de se lancer à l'international. Interview avec son fondateur Olivier Olbrechts.
Mister Genius, c'est une trentaine d'employés, 8 magasins à Bruxelles, des ouvertures récentes en Wallonie, des plans pour s'étendre en Flandre mais votre métier, au fond, c'est quoi ?
Olivier Olbrechts : « Répondre à toutes les questions technologiques que se posent les familles, les indépendants et les PME jusqu'à 20 personnes. Je dis souvent que Mister Genius a pour vocation d'harmoniser leur rapport quotidien à la technologie. C'est d'autant plus nécessaire que, ces dernières années, le monde technologique est devenu infiniment plus complexe avec le développement des réseaux, l'essor des smartphones, la mobilité, etc.
Quand j'ai créé la société il y a une dizaine d'années, elle s'appelait alors PC Genius, on s'occupait essentiellement de reconditionnement informatique. Mais on s'est vite aperçu que le marché était bien plus large que ça. Nous avons donc élargi progressivement notre offre de services. La réparation ou le dépannage des PC ou des Mac en font toujours partie mais on y a ajouté la réparation des smartphone, des consoles et des tablettes. Mais surtout, nous avons surtout développé une large palette de services, comme la création de sites Internet clé en mains, la numérisation de cassettes VHS, photos ou diapos, avec aussi toute une série de services destinés plus spécifiquement au monde professionnel (gestion de parc informatique, installation de réseau, installation de VoIP, etc.). »
Et concrètement ça se passe comment ? On a un problème quelconque et hop !, on pousse la porte d'un de vos magasins ?
Olivier Olbrechts : « Oui, c'est tout l'intérêt pour nous d'avoir des magasins dans des quartiers commerçants. Mais nous proposons plus qu'un simple dépannage ou une réparation : nous proposons à nos clients – ils sont plus de 30.000 à l'heure actuelle – un véritable partenariat technologique sur le long terme sous la forme de contrats qui leur permettent d'accéder à nos services de façon illimitée pour un coût fixe mensuel par utilisateur. Dans ce cadre-là, nous proposons au client d'avoir une réponse à toutes ses questions technologiques, à distance (téléphone, mail), dans nos agences ou chez le client si nécessaire (domicile ou bureau). Une approche 'break and fix », c'est cassé on répare, cette approche ne suffit plus aujourd'hui. On ne peut pas se permettre d'attendre que vos données aient été corromppues par un virus, parce qu'alors, c'est foutu. »
Mister Genius compte 8 magasins à Bruxelles, l'expansion est en cours en Wallonie mais elle est au fond assez récente. Qu'est-ce qui vous a incité à mettre le turbo ?
Olivier Olbrechts : « On s'est rendu compte que le concept fonctionnait bien, qu'il répondait à un besoin criant de la clientèle. Et il y a un an environ, on s'est dit aussi que Mister Genius serait plus fort en développant une couverture nationale, ce qui nous permettrait en fait de conclure des parrtenariats avec des partenaires nationaux, des opérateurs télécoms par exemple. Et ensuite, aborder d'autres pays. »
Quel regard portez-vous sur ce processus de croissance que vous avez mis en place ?
Olivier Olbrechts : « Générer cette croissance m'a semblé – me semble – plus difficile que la création de l'entreprise ! C'est en tout cas difficile, dur, complexe, très « challenging » mais aussi très amusant. C'est vrai qu'on aurait très bien pu rester avec 8 magasins à Bruxelles, relax, ça marche bien, j'ai un oeil sur tout... »
... Mais vous avez quitté cette zone de confort. Pourquoi ?
Olivier Olbrechts : « C'est un concours de circonstances lié à une rencontre, en l'occurrence avec le réseau Entreprendre qui était en train de mettre en place un programme de croissance. Cette rencontre m'a conduit à me poser des questions sur ce que j'avais envie de faire avec la société, on a une bonne marque, un bon concept, pourquoi ne pas le faire croître ? A partir de là viennent les questions vraiment compliquées : comment faire croître la société ? Avec quelles structures ? Pas évident à faire seul et c'est là que les contacts avec le réseau Entreprendre ont été très précieux car ils nous ont permis d'entrer dans cette logique de croissance en nous aidant à formaliser un plan de croissance. »
Quelle est la principale difficulté que vous avez rencontrée et que vous rencontrez d'aillleurs peut-être toujours ?
Olivier Olbrechts : « Les ressources humaines. Trouver les bonnes personnes pour lancer le plan de croissance puis le gérer. Il s'agit également de gérer les équipes dans une nouvelle organisation avec de nouveaux niveaux de responsabilité, créer donc une nouvelle dynamique mais sans laisser se développer une hiérarchie foisonnante, donner suffisamment d'autonomie à nos collaborateurs mais pas trop. Cela dit, nous conservons une strutcure hiérarchique très plate puisque je dirige l'entreprise avec deux associés qui ont naturellement pas mal de responsabilités aussi. »
A propos de ce choix de booster la croissance de Mister Genius : avez-vous aujourd'hui le sentiment d'avoir reçu à un moment donné un conseil qui a vraiment changé la donne ?
Olivier Olbrechts : « Nous avons bénéficié d'un accompagnement très professionnel dans le cadre du Réseau Entreprendre, notamment d'ailleurs avec hub.brussels. Mais ce qui m'a sans doute le plus aidé, c'est la dose de stimulants qu'ils m'ont injectée ! En Belgique, on peut assez facilement se contenter de gérer une petite structure prospère et c'est sans doute pour cette raison que les PME belges sont en moyennes plus petites que les PME des pays voisins. Et c'est vrai qu'au Réseau Entreprendre, ils m'ont un peu bousculé : « Allez ! Qu'est-ce que tu attends ? Vas-y ! Vois grand, va de l'avant ».
Plus qu'un conseil stratégique, c'est une motivation que vous en retenez...
Olivier Olbrechts : « Oui, un coup de pied aux f... C'est parfois très utile ! »
Mais vous n'étiez pas obligé de sortir de votre zone de confort...
Olivier Olbrechts : « Non, mais il suffit parfois d'un peu de soutien pour faire émerger l'envie... »
Et si vous deviez donner un conseil à un jeune qui voudrait se lancer comme entrepreneur, que lui diriez-vous ?
Olivier Olbrechts : « Je lui dirais d'abord :« Vas-y, lance-toi, c'est une très bonne idée. Il n'y a rien d'aussi exaltant et bénéfique au plan personnel que de se lancer.
La deuxième chose que je lui dirais, c'est qu'il n'y a pas de profil type de l'entrepreneur et qu'il ne sert à rien de se demander si on a le « bon profil ». Maintenant, personne n'a dit que c'est facile. C'est beaucoup de travail, rien que travail, travail, travail... Etre humble, se remettre en question en permanence, s'instruire, rencontrer des gens. En résumé : créer son entreprise nécessite énormément de persévérance. »