Pourquoi ne pas transformer sa passion en profession, y consacrer le meilleur de soi-même et le plus clair de son temps pour en faire une success story qui dépasse largement les limites de Bruxelles ? C’est cette réflexion qui a guidé Thierry Saeys voici 20 ans pour la création de Sajou, sa boutique de jeux de société.
Au début des années 2000, la partie n’était à première vue pas gagnée. Le secteur du jeu de société n’était à cette époque pas très développé dans notre pays : peu de boutiques spécialisées, pas de bar à jeux, personne ou presque dans le secteur de l’édition ou même de la conception. Pas de quoi rebuter en tous cas Thierry Saeys, jeune informaticien passionné de jeux de société depuis l’enfance qui s’ennuyait ferme dans le secteur bancaire où il exerçait. En 2004, il décide de donner une nouvelle tournure à sa vie en ouvrant Sajou, boutique dédiée, d’abord à Ganshoren puis à Jette.
Coup de poker
Quels sont les secrets de cette réussite ? Le goût de beaucoup d’entre nous pour les jeux de société, évidemment. La passion dévorante du maître des lieux, incontestablement. Les proverbiales qualités d’accueil et de conseil en boutique, certainement. Et puis un incroyable coup de poker. Gagnant. Lorsque Thierry Saeys approche Radio Contact pour s’étonner qu’on y parle régulièrement de jeux vidéo et jamais de jeux physiques, et que Nicolas Roisin lui propose une chronique. Par la suite, cela lui ouvrira aussi les portes de Bel RTL et de la RTBF. Dans la foulée, Thierry Saeys se retrouve juré au Festival des Jeux de Cannes, the place to be pour les membres de la communauté, et y rencontre tout le gratin du secteur. La machine est lancée ! Soirées jeux mensuelles, festival annuel, animations dans les écoles : tout est prétexte pour mettre les jeux de société en valeur, bien loin du Monopoly et autre Trivial Pursuit.
Thierry fait également un passage chez hub.brussels, qui le renseigne sur les différentes aides régionales disponibles pour son activité.
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Jeu, set et match
Le jeu en valait-il la chandelle ? Bien qu'il ne s’agit pas d’une réussite classique ou en tout cas financière, je dirais que oui. Même si notre réputation s'est étendue à travers la Belgique, attirant des clients de partout, l'activité n'est pas très lucrative, mais je suis tellement plus heureux qu’avant.
En 20 ans, les choses ont beaucoup changé dans le secteur. « Plus de 1.000 jeux sortent chaque année. Notre secteur est l’un des rares à afficher une progression annuelle à deux chiffres. Les groupes financiers pour qui seuls comptent les chiffres s’y intéressent donc aussi. » Même l’épidémie de Covid ne parviendra pas à entraver cette belle dynamique. Au contraire.
En novembre et décembre 2020, le chiffre d’affaires de Sajou explose de plus de 40 % par rapport à une année normale grâce à un dispositif « click and collect » mis en place pour l’occasion. Cette crise sera aussi l’occasion d’une remise en question et d’un recentrage de l’équipe sur la boutique.
Quant à Thierry Saeys, la cinquantaine bien entamée, il relève un nouveau défi : devenir créateur de jeux notamment avec Yves Hirschfeld, un ténor de la discipline. Deux jeux ont déjà été édités et trois autres sont en préparation. Encore un coup de maître !
Le mot de l’entrepreneur
« Plutôt que de se plaindre de la concurrence d’Internet, je préfère donner envie aux gens de venir chez nous, leur proposer des choses introuvables en ligne, en particulier un bon accueil et du conseil. » Thierry Saeys, créateur de Sajou
Plus d’infos : https://www.sajou.be/