Une société, active dans la petite industrie artisanale, a besoin de nouvelles ressources financières pour poursuivre l’exploitation. Du fait de la frilosité des banques, l’idée de la chef d’entreprise est de faire appel à la famille. Mais est-ce conseillé de mêler business et famille ? Comment éviter que cela ne devienne un cocktail dangereux ?
Situation
La société est dans la joaillerie de luxe. Elle occupe 6 personnes. La situation n’est pas brillante mais les commandes se maintiennent raisonnablement. Mais de nouveaux moyens financiers sont nécessaires pour poursuivre l’exploitation. Sachant qu’il est difficile d’obtenir encore un prêt à la banque, la chef d’entreprise a l’idée de faire appel à la famille. Elle sollicité le Centre pour Entreprises en difficulté (CEd) pour lui apporter quelques conseils en matière d’argumentaires quant aux objections pressenties.
Conseil donné
La situation est analysée quant à la survie future de l’entreprise. Le diagnostic se confirme : l’exploitation est bonne mais effectivement la structure financière se doit d’être renforcée. Et le banquier risque de ne pas suivre dans les conditions actuelles.
Faire appel à la famille est donc l’alternative suivie. L’avance sollicitée peut être convenue à court ou long terme et être alors repris dans la catégorie des dettes à plus d’un an.
Mais, pour éviter tout souci et sauvegarder la bonne entente familiale quelques principes se doivent d’être respectés. Un dossier a ainsi été élaboré avec le même sérieux que si la demande était réalisée auprès d’un partenaire financier :
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un argumentaire franc et honnête a été réalisé pour expliquer la situation et les perspectives.
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la capacité de remboursement a été démontrée
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le plan stratégique a été justifié avec des éléments probants.
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une rémunération de l’effort a été prévue; le taux de crédit proposé se situe non loin d’une formule classique.
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et, un plan « B » a été imaginé en cas de retards de paiement ou d’imprévu.
Résultat
L’entrepreneur a ensuite rendu visite aux deux membres de la famille visés avec le dossier sous le bras et l’avis du CEd quant au réalisme de la demande. La rencontre a été organisée en toute confidentialité et s’est soldée positivement. Selon l’adage « mieux vaut prévenir que guérir », l’accord a été consigné par écrit. La chef d’entreprise dispose de 36 mois pour honorer l’engagement.
Conclusions
N’impliquez vos proches qu’après avoir contrôlé avec un conseiller externe le bien- fondé de la démarche. Car mêler entreprise et famille reste dangereux, surtout en situation de crise.
Stimulez votre interlocuteur en lui proposant d’emblée un return financier. N’oubliez pas que, même si cela ne vous coûte pas moins cher qu’un crédit classique, vous aurez un avantage au niveau des garanties demandées. Celles-ci seront inférieures à celles demandées par un banquier.
Enfin, respectez scrupuleusement vos engagements ; le caractère amical ou familial de vos relations ne peut rien justifier.
Et, distinguez toujours précisément la sphère professionnelle et privée. Interdisez-vous de « parler professionnel » lors des rencontres familiales !
Article réalisé par le Centre pour Entreprises en difficulté, en partenariat avec le journal l’ECHO