Quelle organisation se cache derrière l'acronyme SMart ? La société mutuelle pour artistes... Elle a été créée en 1998 avec une vocation claire : aider ou accompagner les personnes qui souhaitent développer leur propre activité, notamment – mais pas exclusivement – dans le secteur des métiers créatifs. Elle compte aujourd'hui 60.000 membres en Belgique, à qui elle apporte des solutions de gestion, d'administration ou de financement.
Quelle est la philosophie qui sous-tend votre activité ?
Sandrino Graceffa : « Mettre à la disposition de chaque porteur de projet les services administratifs dont il a besoin pour lui permettre de se concentrer totalement sur son business. Nous leur fournissons donc des services comme la facturation, l'établissement des fiches de paie, le recouvrement des créances, la gestion de l'assurance professionnelle, une interface informatique hébergée sur un serveur web 2.0 qui leur permet très simplement de savoir en temps réel où ils en sont, etc. »
Est-ce que la palette des services que vous leur proposez va jusqu'à l'hébergement physique de leurs bureaux ou ateliers ?
Sandrino Graceffa : « A l'origine, Smart n'offrait effectivement qu'un service de gestion administrative et un service de conseil, d'accompagnement. Mais à mesure que le nombre de nos membres s'est accru, il nous est apparu que leurs besoins aussi évoluaient, ce qui nous a conduit à développer des services périphériques. Et parmi ces services, oui, il y a désormais des espaces physiques que nous mettons à la disposition d'une petite partie de nos 60.000 membres en Belgique. A Bruxelles, par exemple, nous avons deux espaces : ici, à Saint-Gilles, le Brussels Art Factory dispose de 50 ateliers d'artistes ; et puis, nous venons d'ouvrir un nouvel espace dans une ancienne blanchisserie à Molenbeek, un espace de 6.000 m² qui s'appelle La Vallée et que nous transformons progressivement en espace de coworking, avec aussi une résidence d’artistes et des espaces d’exposition. L'espace est destiné principalement aux métiers créatifs. »
Un mot sur vos 60.000 membres : qui sont-ils ?
Sandrino Graceffa : « Nous avons une population de membres assez hétéroclite mais on peut la diviser en deux grandes catégories. La première catégorie se compose de personnes qui souhaitent développer une activité complémentaire à leur occupation principale. Exemple, un professeur de l'enseignement qui nourrit une passion pour la musique, passion qu'il va chercher à convertir en rémunération, modeste le plus souvent.
L'autre catégorie, qui devient de plus en plus importante en nombre, comprend celles et ceux qui ont fini par développer l'ensemble de leurs activités via Smart. Ces membres parviennent à tirer de leurs activités un revenu suffisant pour vivre correctement. Dans certains cas, on va même plus loin puisque Smart héberge certaines de ces activités sous la forme de mini-entreprises, qui s'épanouissent donc à l'intérieur de la grande entreprise partagée qu'est devenue Smart. Pas besoin donc pour ces porteurs de projets de créer leur petite SPRL, ils s'insèrent dans notre entreprise partagée. »
Ce qui signifie concrètement que vous leur « louez » en quelque sort – par exemple – votre numéro de TVA...
Sandrino Graceffa : « Tout à fait. C'est le principe qu'il n'est pas forcément utile de créer systématiquement l'enveloppe juridique de l'entreprise lorsqu'on veut développer un projet d'entreprise. Smart fonctionne alors comme une coopérative et met à la disposition des porteurs de projet le cadre d'une entreprise. »
Pour offrir tous ces services, il faut évidemment des moyens financiers. D'où proviennent-ils ?
Sandrino Graceffa : « Des moyens financiers, oui, évidemment, puisque nous employons 160 travailleurs à temps plein en Belgique et nous ne touchons que très marginalement des subsides.
Dès lors, pour financer nos activités, nous prélevons un pourcentage sur les factures émises pour nos membres, un pourcentage de 6,5%. Pourquoi un pourcentage fixe ? Eh bien, cette méthode traduit la logique mutualiste de notre projet, sa logique redistributive, puisque ce sont très souvent les porteurs de projet qui réussissent le mieux qui participent le plus au financement des services utilisés par les petits porteurs de projet qui, eux, ne seraient pas en mesure de payer le coût réel des services que nous leur proposons. La subtilité de notre facturation tient cependant à ce que ces 6,5% ne sont pas payés par le porteur de projet mais ajoutés aux factures qu'ils établissent via Smart et donc payés par leurs donneurs d'ordre. L'idée, c'est que nos services bénéficient aussi aux donneurs d'ordre, puisque notre intervention leur garantit que toutes les règles légales seront respectées, qu'il n'y aura pas de contentieux avec leurs fournisseurs de services. Cette sécurité, elle a une valeur évidemment.
Par ailleurs, nous avons également mis en place un Fonds de garantie. Il a notamment pour mission de faire des avances de rémunération. Cela signifie que le membre qui effectue une prestation pour le compte d'un donneur d'ordre ne doit pas attendre le paiement de sa facture à Smart pour être rémunérée. Nous rémunérons tous nos membres 7 jours ouvrables après la date de la prestation. Bien utile évidemment, cela permet aux membres non seulement de se rémunérer mais aussi de payer toutes les charges, en particulier sociales et fiscales, liées à cette rémunération. Par ailleurs, c'est nous qui supportons les risques de défaillance parmi les donneurs d'ordre. »
Interview : Adrien Mintiens
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