Vous envisagez de monter votre propre entreprise ou vous l’avez fait récemment? Ou vous êtes dirigeant d’une entreprise existante à la découverte de nouvelles idées, d’expertises ou de marchés? Dans chaque cas, participer au programme « Erasmus for Young Entrepreneurs (EYE) » peut s’avérer un choix judicieux. Entretien avec Nadine Bettens, coordinatrice de EYE pour la Région de Bruxelles-Capitale, et témoignage à la clé…
Tout le monde connaît bien le programme Erasmus pour étudiants. Mais, il existe aussi un tel programme au bénéfice des entrepreneurs ?
Nadine Bettens : « Le concept est semblable, effectivement. La Commission Européenne a lancé cette initiative en 2009 afin de promouvoir l’esprit d’entreprise en Europe et d’augmenter la mobilité des entrepreneurs. Elle a donc mis sur pied ce programme d’échanges transfrontaliers, dénommé Erasmus for Young Entrepreneurs (EYE en abrégé). L’idée est très simple : mettre en relation un nouvel ou jeune entrepreneur avec un entrepreneur d’accueil expérimenté dans l’un des 37 Etats-Membres de l’UE. »
Vous êtes le point de contact pour la région de Bruxelles-Capitale. Mais au fait, en quoi consiste votre aide?
Nadine Bettens : « hub.brussels (ex Agence bruxelloise pour l'Entreprise) est en effet l’une des nombreuses organisations intermédiaires, officiellement désignées par la Commission Européenne pour gérer ce programme. En plus de la promotion et de l’information sur le programme, nous apportons principalement un soutien aux entrepreneurs, veillons à la qualité des échanges et évaluons les résultats.
Concrètement, je recherche des jeunes entrepreneurs bruxellois motivés qui désirent partir à l’étranger pour apprendre concrètement à gérer une société. Ils me transmettent leur candidature avec un CV et un plan d’activité. Je vérifie la qualité de leur profil et si le projet est retenu, nous recherchons ensemble via la base de données du site www.erasmus-entrepreneurs.eu, un entrepreneur d’accueil à l’étranger qui seraient prêts à les accueillir pendant quelques mois. Une fois que les contacts sont noués, les deux entrepreneurs conviennent ensemble des dates, objectifs et activités qui devront être prestés pendant l’échange.
D’autre part, je reçois également des profils d’entrepreneurs bruxellois qui sont prêts à accueillir des jeunes entrepreneurs étrangers qui désirent parfaire leur formation à Bruxelles. Cela permet à l’entrepreneur bruxellois d’acquérir des connaissances sur des marchés étrangers, de nouer des contacts à l’international, d’étendre ses activités dans un autre pays.
Les profils de tous les entrepreneurs (jeunes et expérimentés) sont placés dans une base de données et permet à chacun de rechercher le profil qui l’intéresse, dans le secteur souhaité. Quand il y a un échange possible, je mets les deux parties en relation, je valide la candidature et une convention est ensuite signée entre toutes les parties dans laquelle on détermine les objectifs, le plan d’activité, y compris les tâches et responsabilités, les conditions financières, etc.
Bien entendu, j’accompagne le jeune entrepreneur pendant toute la durée de son séjour. Je l’aide dans ses démarches, le logement et transports et je collecte le rapport final d’activités, exigé par la Commission ».
Et les conclusions des échanges faites jusqu’à présent, sont-elles positives ?
Nadine Bettens : « Ah oui ! ». Cela a pris du temps pour démarrer et la Commission est devenue entretemps un peu plus stricte pour éviter des « touristes » mais jusqu’à présent ce ne sont pas moins de 1600 échanges qui ont été réalisés ces quatre dernières années. Bruxelles est d’ailleurs un bon élève et j’en suis très fière ! J’aime vraiment bien m’occuper de ce projet car je rencontre des gens motivés : d’un côté, le jeune entrepreneur repart généralement plein de nouvelles idées dans la tête, et est devenu plus ouvert aux opportunités de coopération.
De l’autre côté, l’entrepreneur d’accueil profite des talents et de l’énergie du jeune entrepreneur, il découvre d’autres aspects des marchés étrangers et acquiert parfois des solutions plus innovantes pour améliorer ses activités.
Il n’est d’ailleurs pas rare de voir une réelle coopération, tel qu’un accord de partenariat, se développer après l’échange entre les deux parties !
Mais vous feriez mieux de demander cela à une de nos jeunes entrepreneurs, Stefania, qui a passé 4 mois à Bruxelles au sein du BetaGroup Coworking !
Pourquoi avoir participé à ce programme ? Qu’avez-vous appris ?
Stefania Scognamiglio : j’étais fraîchement diplômée en études européennes et je voulais devenir experte en gestion de projet dans le domaine des opportunités de financement de l’UE. Je cherchais donc une opportunité pour partir à l’étranger, de préférence dans une PME active dans un environnement européen dynamique. Et via EYE, je l’ai trouvé à Bruxelles !
Chez Betagroup, j’ai compris la mécanique et les difficultés liées à la gestion d’une petite entreprise et j’ai pu me familiariser avec toutes les pratiques administratives et managériales y afférentes. J’ai contribué aux activités de marketing en ligne, à la diffusion d’informations et à la promotion du BetaGroup Coworking et de ses initiatives. En plus, j’ai pu mener à bien une activité de monitoring sur les opportunités de financement de l’UE et j’ai coordonné la soumission d’une proposition concernant la participation du BetaGroup au 7e Programme-Cadre de Recherche et de Développement de l’UE.
Bref, cela fût pour moi une réelle expérience et j’encourage vivement les nouveaux et futurs entrepreneurs à participer à ce programme! (Lire le billet de Stefania à ce sujet).
Nadine Bettens : Et l’entrepreneur d’accueil, Ramon Suarez de Betagroup, a même décidé d’engager Stefania !
Bruxelles a déjà accueilli 55 entrepreneurs. Quels seraient vos conseils aux futurs entrepreneurs participants ?
Nadine Bettens : « Je suis convaincue que travailler dans un pays étranger est toujours une expérience bénéfique. Erasmus for Young Entrepreneurs permet à un entrepreneur en herbe d'acquérir cette expérience. Il bénéficie de mentorat, de conseils et apprend sur le terrain les méthodes de gestion. On est loin de la théorie, c’est du concret à 100%. On ne peut pas faire mieux comme préparation avant de monter sa propre société, non ? Je leur dirais donc : N’ayez pas peur ! Vous n’avez rien à perdre. Lancez-vous.. Saisissez les opportunités qu’un entrepreneur d’accueil peut vous apporter !
Aux entrepreneurs d’accueil, je dirais qu’il faut bien se rendre compte de l’investissement personnel que le jeune entrepreneur étranger est prêt à réaliser. Ce n’est pas un job d’étudiant, ce n’est pas un stage. L’entrepreneur étranger veut apprendre, réaliser des choses et il faut lui laisser s'approprier des projets et le laisser prendre des responsabilités. Il faut être prêt à lui consacrer quelques heures par semaines pour le guider et lui apprendre les bases, mais aussi lui laisser l’occasion de s’exprimer. Tout le monde y sera gagnant.
Cette aventure vous tente ? Découvrez…
Votre point de contact local à Bruxelles :
Depuis 2018, le coordinateur pour ce programme est devenu Pierre Herfurth
phe@hub.brussels