Il suffit de feuilleter le Baromètre de l’entrepreneuriat au féminin de 2020 pour constater que les femmes sont toujours beaucoup moins nombreuses à lancer leur propre entreprise que les hommes. Trop souvent encore, la porteuse de projet a du mal à franchir le cap. Pourtant, lancer son activité ne s’apparente plus à un saut dans le vide, comme c’était le cas il y a quelques années. Démonstration en trois points !
Il y a peu, si on vous avait demandé de décrire une « licorne », l’image qui vous serait naturellement venue à l’esprit serait celle d’un entrepreneur version rockstar, travaillant dans des technologies de pointe, ayant levé des millions dans la Sillicon Valley. Presque invariablement, cette image serait celle d’un homme.
Pourtant les lignes bougent. De plus en plus souvent, mais pas encore assez, les media nous présentent des portraits de femmes cheffes d’entreprise, des modèles inspirants. Le nombre d’indépendantes augmente d’année en année mais on constate qu’encore beaucoup de femmes ont du mal à franchir la dernière étape. Si c’est votre cas, voici trois raisons pour oser !
Parce que les femmes, quand elles se lancent, connaissent moins l’échec
On l’a constaté, les femmes se lancent moins vite que les hommes dans l’entrepreneuriat. Mais elles font aussi bien moins vite faillite. Parmi toutes les faillites, seules 24% des entreprises sont dirigées par des femmes.
Le succès d’une entreprise ne dépend pas du sexe du dirigeant mais bien de son engagement, de sa ténacité, de sa passion, de son adaptabilité, de sa rigueur… Autant de qualités qu’on peut retrouver aussi bien chez les femmes que chez les hommes.
Parce que la protection sociale des indépendants(es) est bien meilleure qu’autrefois
Quand, il y a 25 ans, jeune diplômée, j’annonçai à mes parents fonctionnaires que j’avais décidé de me lancer comme indépendante, ils firent tout pour essayer de m’en dissuader, me montrant l’exemple de tonton Albert qui galérait chaque fin de mois ou de tel autre indépendant qui avait tout perdu dans l’aventure. Et il faut bien avouer qu’ils n’avaient pas complètement tort, la protection sociale des indépendants à l’époque était vraiment réduite au minimum.
Les choses ont cependant bien changé ces dernières années, et, si la situation sociale d’un indépendant n’est pas encore tout à fait comparable à celle d’un salarié, le statut a connu d’énormes améliorations. En payant ses cotisations sociales (plus faibles que les cotisations payées pour un salarié), l’indépendant(e) ouvre les droits suivants:
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Assurance-santé : depuis 2008, l’indépendant(e) et sa famille bénéficient de la même couverture que les salariés : remboursement des médicaments et visites chez le médecin, à l’hôpital, etc…
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Allocations familiales: depuis 2014, les enfants d’indépendants et de salariés bénéficient des mêmes allocations familiales
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Repos et allocation de maternité et d’adoption: depuis 2017, l’indépendante qui accouche peut bénéficier d’un repos de maternité jusqu’à 12 semaines (contre 8 auparavant) tout en touchant une allocation de maternité. Une allocation de naissance (la même que pour les salariés) lui est également attribuée, ainsi que 105 titres-services. Une proposition de loi pour octroyer également un congé et/ou des titres-services aux jeunes papas a de plus été adopté en février 2019 en commission parlementaire et la mesure devrait donc bientôt voir le jour !
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Incapacité de travail: en cas de pépin conduisant à une incapacité de travail, l’indépendant.e peut bénéficier d’un revenu de remplacement de la part de la mutuelle dès le 15ème jour d’interruption d’activité (mais rien pour les deux premières semaines donc )
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Droit-passerelle: en cas de cessation d’activité dans certaines situations (faillite, cas de force majeure, difficultés financières importantes), l’indépendant(e) qui n’a pas droit au chômage (voir ci-dessous) pourra bénéficier d’une allocation de remplacement pendant douze mois (le droit-passerelle), le temps de rebondir vers une nouvelle opportunité.
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Droit à la pension: en payant ses cotisations sociales, l’indépendant(e) ouvre son droit à la pension. Là aussi la situation s’est énormément améliorée, en 2016, le montant minimum a enfin rejoint celui des salariés. Ce minimum reste cependant bien bas et on ne peut que conseiller de cotiser dès que possible pour une pension complémentaire.
Payer ses cotisations sociales comme indépendant(e) n’ouvre pas le droit au chômage. Cependant, toute personne qui a ouvert ses droits au chômage et qui se lance comme indépendant conserve ses droits durant 15 ans. C’est donc une réelle sécurité quand on décide de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale !
Enfin, dernière avancée notable de ces dernières années, le système même des cotisations sociales a connu des assouplissements, qui permettent par exemple de payer des cotisations plus faibles la première année d’activité ou d’adapter ses cotisations plus facilement aux revenus réels de l’année.
Parce qu’il existe des initiatives qui permettent de diminuer le risque de se lancer
Ces dernières années, parallèlement à l’amélioration générale du statut d’indépendant, on a vu se multiplier les mesures et initiatives qui permettent de se lancer à moindre risque. Sachant que ce facteur de risque est un des freins principaux à l’entrepreneuriat féminin, tous ces dispositifs peuvent vous aider à franchir le pas !
Conserver un revenu pendant mes premiers pas
Si vous bénéficiez d’allocations de remplacement, plusieurs formules (coopératives d’activité, mesure Tremplin, coopératives de type Smart…) vous permettent de faire vos premiers pas comme entrepreneur.e tout en conservant vos allocations, une vraie sécurité donc en début d’activité !
Retrouvez ces solutions dans notre article consacré à ce sujet.
Me former
Entreprendre demande pas mal de compétences, il est absolument indispensable de se former pour maximiser ses chances de réussir. Heureusement, il existe à Bruxelles une offre incroyable de formations accessibles : on pense par exemple aux formations du programme Passeport Réussite, de Google Atelier Digital, de Beci, de Bruxelles Formation, de Credal ou évidemment les programmes plus longs d’Ichec-PME et de Solvay Entrepreneurs.
Il y en a encore bien d’autres, consultez notre agenda !
Pouvoir tester le marché
Le développement du web permet, beaucoup plus facilement qu’auparavant, de tester le marché à une échelle assez importante sans dépenser des sommes folles, et donc de limiter les risques. Simple page « vitrine » pour tester l’intérêt des consommateurs, utilisation des réseaux sociaux, campagnes de crowdfunding, il y a plusieurs moyens d’utiliser le net pour tester l’intérêt du marché.
Découvrez plusieurs outils gratuits qui peuvent vous aider et, de nouveau, n’hésitez pas à vous former !
Réseauter au féminin
Les femmes consacrent moins de temps que les hommes au réseautage. Pourtant, il est crucial pour un.e entrepreneur.e. Et le réseautage au féminin fonctionne extrêmement bien ! En effet, les femmes s’inscrivent plus dans une logique d’échange et de conseil et, de fait, trouvent dans les réseaux féminins plus de solidarité et de partage.
Il existe de plus en plus d’initiatives que vous pourrez retrouver sur la plateforme Women in Business.
Me faire accompagner dans mon projet
Il existe toute une série de structures et d’initiatives qui peuvent vous aider à vous préparer au mieux pour vous aider à vous lancer. Dans les structures, on peut citer les programmes de Credal, Solidarité Savoir, les guichets d’économie locale, Iles, Unizo, Beci, hub.brussels… Vous pouvez retrouver tous ces organismes et les services qu’ils proposent dans notre outil Qui peut m’aider ou sur le site Women in Business pour les initiatives réservées aux femmes.
Il existe aussi des programmes plus ponctuels, d’un week-end ou de quelques semaines qui permettent de booster votre projet et de confronter rapidement votre idée à la réalité (ainsi BeStarter, Greenlab, Startup weekends et bien d’autres).
Conclusion
En conclusion, si entreprendre reste toujours une aventure, c’est une aventure qui peut malgré tout être beaucoup mieux balisée qu’auparavant. Donc si l’envie d’être votre propre patron vous taraude, si vous avez décelé une opportunité de marché, si vous avez une passion à développer, rejoignez-nous !
Plus d'infos
Auteure: Véronique Flammang, 1819