Après avoir travaillé pendant une dizaine d'années dans l'industrie biotech, Matthieu Egloff et Nicolas Vertommen ont créé leur start up OUAT! en octobre 2013. L'ambition des deux compères : unir leurs compétences – Matthieu est bioingénieur de formation tandis que Nicolas a plutôt une formation en marketing et communication – pour apporter une expertise marketing pointue aux sociétés biotech/sciences de la vie. Qu'elles soient petites, moyennes ou grandes.
Est-ce qu'au fond votre valeur ajoutée consiste à apporter aux sociétés biotech les compétences marketing dont elles ne disposent pas ?
Matthieu Egloff : « Je ne dirais pas qu'elles n'ont pas les compétences, c'est un peu plus nuancé que ça. En fait, on se retrouve avec deux cas de figure :
- les grandes entreprises du secteur qui pour la créativité, ont besoin de faire appel à des structures plus agiles, plus souples. Je suis convaincu que les agences marketing comme la nôtre apportent cet air frais dans le marketing des grandes structures.
- A côté des grandes structures, il y a une série de jeunes sociétés, des startups qui se développent et qui, elles, n'ont pas nécessairement les ressources en interne pour développer leur département marketing. Et donc, là, oui, il y a un besoin de sous-traiter certaines actions marketing voire même l’ensemble du département marketing. On a par exemple pu accompagner des sociétés comme MaSTherCell, Univercells ou Ovizio. »
En quoi consistent les actions marketing que vous développez pour ces clients ?
Matthieu Egloff : « Tout dépend évidemment des besoins de chaque client mais on peut scinder nos interventions en deux grands domaines :
- pour certaines sociétés, on va apporter une expertise très pointue dans un domaine particulier. Exemple : pour une grande multinationale on a utilisé les ressources de la réalité virtuelle pour créer une expérience interactive d’usine de thérapie cellulaire. Grâce à cette technologie, nous avons permis l’immersion au sein de la future usine qui n’existe aujourd’hui qu’au stade de concept et de s’y déplacer comme si on y était.
- A côté de ce type de projets très pointus, on va également accompagner les entreprises biotech plus petites dans tout leur déploiement marketing, définir la stratégie et la proposition de valeur qui leur permettra de se positionner sur le marché. Ensuite nous les aidons à mettre en place les outils nécessaires à la commercialisation de leur offre (sites web, vidéo, animation 3D ou 2D, infographies etc.).
Chez OUAT! on se définit d'ailleurs comme « marketing architect ». C’est important pour nous d’accompagner nos clients jusque dans la réalisation des idées imaginées car cela nous pousse à concevoir des plans réalistes. Nous assurons la réalisation des outils en collaborant avec des partenaires spécialisés qui maîtrisent parfaitement le savoir-faire lié par exemple à la création de sites web ou à la vidéo. Cela dit, on s'est vite rendu compte que, sur des technologies très pointues et très neuves comme la réalité virtuelle justement, il nous fallait développer une vraie expertise en interne. »
Mais au fond, est-ce que votre activité ne relève pas au moins autant des technologies digitales que des sciences de la vie ?
Matthieu Egloff : « Nous intégrons effectivement les deux dimensions et du reste, nous sommes affiliés aussi bien au cluster « lifetech » d'Impulse qu'au cluster « software ». Dès le départ en tout cas, il nous a semblé évident qu'il fallait être très fort au plan technologique. En fait, nous souhaitons être le plus ouvert possible quant aux choix technologiques, sans nous limiter au digital. Cela étant, la transformation digitale est une réalité qui touche l’industrie « lifetech » et donc, effectivement, nous l’intégrons. »
Combien de personnes travaillent aujourd'hui pour vous ?
Matthieu Egloff : « Nous sommes 8 salariés sans compter celles et ceux qui viennent ponctuellement apporter leurs expertises sur l’un ou l’autre projet spécifique. Au fond, ce qui fait la force de Bruxelles et nous a sans doute aussi permis en tant que jeune startup de nous développer très rapidement, c'est la présence de cet écosystème où on a pu très rapidement identifier des partenaires potentiels et trouver les gens qualifiés dont nous avions besoin, que ce soit dans les différents métiers du marketing et de la communication ou encore de l’IT. »
Vous avez de toute évidence rencontré énormément de monde avant de lancer votre entreprise mais aussi depuis ce moment. Avez-vous le sentiment d'avoir reçu un jour un conseil dont vous pouvez dire aujourd'hui qu'il a eu un impact majeur sur l'évolution de votre projet entrepreneurial?
Matthieu Egloff : « J'ai un peu de mal à isoler un élément spécifique, j'ai plutôt l'impression que nous avons bénéficié d'un faisceau d'idées et de conseils, issus notamment d'Impulse et surtout de notre précédente expérience professionnelle. Nous avons beaucoup appris en travaillant auprès d’entrepreneurs ambitieux comme Jose Castillo, Hugues Bultot ou encore Philip Mathuis. Je voudrais insister aussi sur le fait que nos clients nous font aussi beaucoup évoluer, de même que les différentes collaborations que nous avons pu avoir, par exemple avec le Microsoft Innovation Center à Bruxelles, ou tous les contacts que nous avons eus avec d'autres startups. Toutes ces personnes nous ont fortement inspirés et nous ont amenés à nous demander où nous allons, comment, et pourquoi. Nous avons aussi toujours été très curieux de savoir ce qui se passe dans d'autres univers professionnels que le nôtre pour voir ce que nous pourrions éventuellement en retirer. »
Et ça, vous en discutez entre vous et avec votre équipe j'imagine ?
Matthieu Egloff : « C'est le moins qu'on puisse dire, oui ! On échange énormément, trop peut-être ! (rires) Et les gens qu'on a recrutés ont aussi cette qualité-là, cette capacité à échanger, accompagnée d’une grosse dose de curiosité et de créativité. »
Si vous deviez donner un conseil à un jeune qui veut lancer sa startup juste après la fin de ses études supérieures, vous lui diriez quoi ?
Matthieu Egloff : « S'il vient de terminer ses études ? Je lui suggérerais de se demander s'il ne serait pas plus judicieux d'aller d'abord travailler dans une entreprise avant de lancer sa propre société. Voir comment ça se passe sur le marché. Moi-même, j'ai commencé dans une startup qui s'est fait racheter par un grand groupe international. Observer tout ça de l'intérieur a été très instructif. Le fait de travailler dans l’industrie biotech pendant une dizaine d'années m'a permis de voir différents environnements de travail et ça, je crois que c'est important pour la suite. Vous y apprenez comment fonctionnent vos clients et le marché. Et puis, après, allez-y ! Lancez votre startup ! »
Et si vous deviez donner un conseil à quelqu'un qui veut lancer sa boîte après avoir travaillé pendant quelques années en entreprise ?
Matthieu Egloff : « Ma réponse à cette question vous semblera peut-être contradictoire avec celle que j'ai donnée à la réponse précédente, mais je dirais que finalement, même après une expérience professionnelle de quelques années, on ne sait pas grand-chose... On a beau avoir exercé différentes fonctions à responsabilités, monter sa propre société, c'est tout à fait autre chose. C'est un nouveau métier. Il faut l'apprendre. Les ressources humaines, par exemple, c'est un point dont j'avais clairement sous-estimé l'importance. La gestion financière, c'est quelque chose qu'on pense connaître et puis, dans la vraie vie d'une startup, on se rend compte que c'est un monde infiniment plus complexe qu'on ne le pensait. Donc, on ne sait pas grand-chose et il va falloir bien s'entourer. »