Il fallait y penser : une solution web qui permet au public d'interagir avec un professeur ou un conférencier en direct, au travers d'un smartphone, une tablette ou un ordinateur portable. L'appli s'appelle Wooclap et ses premiers utilisateurs ont été recrutés début 2015. Aujourd'hui, Wooclap a des clients dans une petite centaine de pays. Interview avec un des fondateurs de la startup, Sébastien Lebbe.
Pourriez-vous donner une définition simple de cette application que vous avez développée ?
Sébastien Lebbe : «Wooclap est une solution web qui permet de visualiser et de mesurer en temps réel la compréhension d'une audience. Avec cette application, le professeur ou le conférencier peuvent poser des questions à leur public qui, de son côté, a la possibilité de réagir avec son smartphone, sa tablette ou son PC. Le résultat de ces interactions s'intègre directement dans la présentation Powerpoint du professeur ou du conférencier. »
Est-ce que cet application est destinée pour l'essentiel à l'enseignement ?
Sébastien Lebbe : « Notre appli est beaucoup utilisée dans l'enseignement universitaire, c'est vrai, mais elle intéresse aussi énormément les entreprises, pour leurs formations internes, les réunions business, les conférences qu'elles accueillent. Parmi nos clients, nous comptons par exemple de grandes banques (KBC, CBC, Belfius, BNP Paribas) mais aussi des sociétés comme Deloitte, KPMG, MAPFRE, Microsoft ou encore Bridgestone. »
Dans quel contexte vous est venue l'idée de créer cette application web ?
Sébastien Lebbe : « Après mes études d'ingénieur civil à l'ULB, j'ai participé au programme StartLab de la Solvay Brussels School of Management and Economics. Le principe était simple : créer une appli en moins de trois mois. Il se fait que j'avais envie de créer quelque-chose dans le domaine de l'enseignement.
Je me rappelais très clairement que, pour les étudiants, il n'était pas facile de dire aux professeurs qu'on ne comprenait pas tel ou tel aspect de la matière. De ce constat est née l'idée de créer cette appli, que j'ai développée avec mon associé Johnatan Alzetta. On a assez vite perçu qu'avec cette appli, on pouvait aussi proposer aux professeurs/conférenciers de créer des questions à choix multiple, des sondages, des questions ouvertes. On s'est également rendu compte que le concept intéressait beaucoup les professeurs et, aussi, les grandes entreprises. Et donc, fin 2014, nous avons créé la société Wooclap. »
Cela signifie-t-il que le développement de l'appli a été très rapide ?
Sébastien Lebbe : « Effectivement. Nous avons très rapidement créé un prototype – assez basique – qui a été mis en oeuvre par les premiers utilisateurs début 2015. Mais depuis ce lancement, nous améliorons notre solution tous les jours. Ce qui est important à dire aussi, c'est que nous avons bénéficié de l'encadrement de Solvay Entrepreneurs et qu'un des premiers conseils que nous avons reçus, c'était de très rapidement commercialiser notre solution, pour voir comment le marché réagissait. Nous avons donc vendu très vite les premières licences... à Solvay Entrepreneurs d'ailleurs... Puis, notre deuxième client important a été la Fédération royale du Notariat belge. Ce qui est amusant, c'est qu'au moment de créer notre société chez notre notaire, il nous a suggéré de prendre contact avec sa fédération professionnelle. C'était une excellente suggestion ! »
Vous avez créé Wooclap il y a près de deux ans maintenant, est-ce qu'au cours de cette période, il y a eu des moment-clés que vous considérez aujourd'hui comment absolument essentiels ?
Sébastien Lebbe : « Oui, bien sûr, et le premier élément-clé, c'était de vérifier que Wooclap avait une réelle valeur pour les utilisateurs. Et pour le savoir, il fallait vérifier que le taux d'utilisation de notre appli pouvait être très élevé quand un professeur ou un conférencier en était équipé. Les premières utilisations ont montré que c'était très clairement le cas, ce qui nous a confortés dans notre projet. Deuxième élément-clé : la décision de vendre nos licences en ligne pour pouvoir exporter notre appli. Ça a été un gros travail pour refaire l'interface et le design de l'appli pour que tout se passe automatiquement ligne, sans que les utilisateurs potentiels ne doivent nous contacter.
Est-ce que pendant toute cette période, vous avez reçu des conseils qui vous ont particulièrement aidé ?
Sébastien Lebbe : « Les premiers conseils qui nous ont permis d'avancer sont venus en fait de notre associé Olivier Verdin. A la différence de Johnatan et de moi-même, il a une grande expérience de l'entrepreneuriat (NDLR : comme Business Angel, il est impliqué dans plusieurs start-ups techno-web, il possède également une forte expertise en RH est d'ailleurs coach chez Solvay Entrepreneurs).
Premier conseil : créer une solution très simple à utiliser. Pas de clics inutiles, par de barrières inutiles à l'entrée. Après, des conseils, on en a reçu tout le temps parce qu'il faut bien le dire, les grands managers que j'ai eu la chance de rencontrer ont toujours été très ouverts, très accessibles, et peu avares en conseils. Je dois citer aussi le réseau Entreprendre, très utile ! Une fois qu'on est accepté au sein de ce réseau, on participe aux activités qui sont organisées tous les mois, on bénéficie des conseils d'un coach. Là, c'était plus orienté sur développement de la startup et les relations entre associés, mais ce sont des points sur lesquels on a besoin de conseils. »
Mais est-ce qu'au bout du compte, ça ne fait pas trop de conseils ?
Sébastien Lebbe : « Tous les conseils sont bons à entendre mais, c'est vrai, après, il faut faire un peu le tri, en fonction de la stratégie de la société, de son degré de développement et, aussi, de ses moyens. Il ne faut pas oublier que, dans une startup, les moyens financiers et humains sont limités et donc, certains conseils très pertinents peuvent tout simplement arriver trop tôt pour être réellement suivis. On doit fonctionner par priorités pour avancer. »
Et justement : si vous deviez donner un conseil à un jeune qui souhaite lancer sa startup, que lui diriez-vous d'abord ?
Sébastien Lebbe : « Bon, j'ai horreur de donner des conseils, je trouve que je n'ai pas suffisamment d'expérience pour ça. Mais si je devais en donner un quand même, je lui dirais d'aller chercher des vrais conseils auprès d'entrepreneurs qui ont déjà développé des entreprises, auprès de managers confirmés. Souvent on pense que c'est difficile d'accéder à eux alors qu'en fait, ils sont beaucoup plus disponibles que ce qu'on pense. Il faut en tout cas accepter d'être challengé, accepter qu'en sortant de l'université, non, on ne sait pas tout et, oui, c'est difficile de créer sa startup. Il faut donc être capable de s'entourer. »
Interview : Adrien Mintiens